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Trump ou le faiseur de paix ?

Les États-Unis auront eu Barack H. Drone Obama, ils pourraient voir lui succéder la faiseuse de guerre Hillary R. Clinton. À moins que l’iconoclaste Donald J. Trump ne l’emporte. Un homme, semble-t-il, plus ouvert & attiré par paix que par les lauriers de chef de guerre. Plutôt une bonne nouvelle, non ?

En raison de l’autisme géopolitique crasse de nos spécialistes (sic), une nouvelle de première importance est quasiment passée inaperçue ces derniers jours.

En effet, exceptée la sagace curiosité de quelques confères (comme ceux de Sputnik) qui ont pris le temps de nous citer ce papier du site DPRK Today1 affichant un intérêt, inattendu pour le plus grand nombre, pour Donald J. Trump, le qualifiant de « sage » et « clairvoyant » et allant même jusqu’à espérer que l’élection du milliardaire américain pourrait « unifier la Péninsule coréenne ».

Rappelons qu’en mai 2016, Trump a fait part de son intention de retirer les troupes étasuniennes de Corée du Sud jusqu’à ce que Séoul paie davantage pour ce service de protection.

Côté nord-coréen, les réactions des media officiels n’ont pas tardé et méritent qu’on s’y attarde.

Or que nous a dit de beau DPRK Today ?

Qu’« Il s’avère que Trump n’est pas ce candidat au parler brutal, cinglé et ignorant qu’on dit qu’il est, mais qu’il est un politicien sage et un candidat présidentiel visionnaire ».

Car, « Donald Trump a dit qu’il ne participerait pas à une guerre entre la Corée du Nord et du Sud – n’est-ce pas une chance d’un point de vue nord-coréen ? », s’est interrogé le journal d’État nord-coréen.

Même son de cloche au plus officiel Rodong Sinmun, pour qui « ...le gouvernement sud-coréen est incapable de masquer son angoisse lorsqu’il scrute la position du candidat présidentiel américain Donald Trump sur la politique coréenne. Il s’avère que Trump n’est pas le candidat au parler brutal, cinglé et ignorant qu’on dit qu’il est, mais qu’il est en fait un sage politicien et un candidat présidentiel visionnaire ».

Au passage, Hillary R. Clinton, elle, se fait habiller pour plusieurs saisons froides, étant décrite comme une femme « terne », « obtuse » et « ennuyeuse », qui préférait « utiliser le modèle iranien pour résoudre les problèmes nucléaires sur la Péninsule coréenne », ce, souligne DPRK Today, qui n’est évidemment pas un « scénario avantageux » pour Pyongyang.

En quoi, Trump serait-il plus « sage » et « clairvoyant » et son arrivée à la Maison-Blanche   plus porteuse de perspectives encourageantes que celle de sa rivale ?

Primo, avec le pragmatisme qui est un peu sa marque de fabrique, Donald J. Trump a d’ores et déjà affirmé qu’il était disposé à rencontrer directement le dirigeant de la Chosŏn Minjujuŭi Inmin Konghwaguk, ou République populaire démocratique de Corée (RPDC),  Kim Jong-eun2.

À noter, alors que la plupart des chancelleries du monde – qui, il faut le dire, accompagnent, chaque lever et coucher de soleil, la RPDC et son chef de noms d’oiseaux divers – s’interrogent depuis des lustres sur la manière de s’entremettre avec le primus inter pares de la Corée du Nord3, sorte d’ogre mangeant les petits enfants, viennent de voir comment, d’une phrase et d’une seule, Donald J. Trump a trouvé la solution à ce casse-tête diplomatique vieux de 63 ans : se dire prêt à un tête-à tête avec Kim Jong-eun, qui, en tant que Premier secrétaire du Chosŏn Rodongdang (Parti du travail de Corée) est à la tête du pays.

Simple comme bonjour, encore fallait-il le oser !

La chose ayant été énoncé sans invective, qualificatif désagréable, ni le moindre petit préalable, Kim Jong-eun s’est, aussitôt dit, tout aussi aimablement, prêt à rencontrer Trump, dès que cela serait possible. Et, là aussi, sans aucun anathème ni aucun mot plus haut que l’autre !

Tiens donc : le dialogue direct entre Pyongyang et Washington ne serait donc pas cet alpha & oméga inaccessible, ce champ de mines impraticable que nous dépeignent force cénacles otaniens et autres, mais quelque-chose à portée de la main ? Si ça, ça n’est pas une percée diplomatique et un pas de géant dans la bonne direction, je veux bien être changé en courgette avariée !

Grande trouvaille pour les dirigeants de ce monde : la Corée populaire est parfaitement disposée au dialogue pourvue qu’on cesse de l’insulter, de la menacer quotidiennement. Et, surtout, de camper à ses portes avec 300.000 hommes4.

Merci Donald J. Trump. Qui sait avez-vous trouvé le moyen de clore un dossier empoisonnant la communauté internationale depuis le 27 juillet 1953. À préciser toutefois que si les combats entre les parties sont officiellement terminés et que, par la force des choses, la guerre l’est également de facto depuis cette même date entre le Nord et le Sud, aucun armistice n’a jamais signé cet et les deux parties sont ainsi toujours techniquement de jure en guerre, aucun traité de paix n’ayant été pas davantage été ratifié ou même signé.

Mais, il y a mieux. L’un des plus vieux dossiers géostratégiques du monde, irrésolu jusqu’à ce jour, est celui la réunification de la Péninsule coréenne. Et lorsque DPRK Today, écrit que l’élection de Donald J. Trump pourrait « unifier la Péninsule coréenne », nous touchons là à l’un des plus vieux rêves hantant les Coréens.

Dans leur immense majorité ceux de Corée du Nord, dans des proportions assez élevées la diaspora coréenne (et tout particulièrement celle du Japon), moins en Corée du Sud et, fort peu dans les cercles dirigeants sud-coréens.

À préciser que ça n’est pas tant le principe même de la réunification qui refroidit plus d’un du côté de Séoul mais la crainte de son coût économique et ses perspectives politiques. Mais, passées ces craintes, il n’est pas un homme politique et un décideur du Sud qui n’ait au plus profond de son cœur la nostalgie d’une Corée unie.

Et, bien sûr, la réunification de la Péninsule coréenne est un des agendas majeurs, si ce n’est le premier, de la RPDC5 et se ses dirigeants.

Alors, Donald J. Trump « visionnaire » ? Nul ne peut le dire. Mais, Trump en quelques mots – et comment ne pas penser au Vive le Québec Libre ! du général – a montré qu’il était d’une autre trempe qu’Hillary R. Clinton empêtrée dans une weltsicht6 à la fois ancienne, dépassée et inquiétante.

Quant à Donald J. Trump et Kim Jong-eun, seront-ils les De Gaulle et Adenauer de l’Asie-Pacifique ? Et si on leur disait chiche ? À eux deux et à cette idée folle d’une Péninsule coréenne pacifiée ? Le monde s’en porterait tellement mieux.

Notes

1.  Journal nord-coréen.

2.  Orthographe qui correspond à sa prononciation et que nous privilégions à celle de Kim Jong-un.

3.  Ou Puk Chosŏn.

4.  Les effectifs US stationnés en Corée du Sud.

5.  Assez semblable à ce qui fut notre nostalgie pour l’Alsace-Lorraine.

6.  Vue sur le m vue sur le monde ou vue du monde.

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