Accueil ACTU Société Nuit de cristal sexuelle à Cologne [1]

Nuit de cristal sexuelle à Cologne [1]

Que s’est-il vraiment passé à Cologne ? Ou plutôt quelle a été l’ampleur des événements ? Les digues mises en place pour tenter de faire disparaître le sujet des Unes auront fait montre de la durée de vie d’un papillon face aux réactions du plus grand nombre. Les réflexions de Jacques Borde sur ce qui s’annonce comme un des événements clés de l’année 2016.

« Toutes celles qui ont mis la priorité sur la dénonciation du racisme avant la protection des femmes ont fait exactement la même erreur que la maire de Cologne. Et j’en suis d’autant plus surprise que le féminisme, depuis une dizaine d’années, a pour principal objet, pour leitmotiv même, la lutte contre les violences faites aux femmes, ici, en France. Ce que cette affaire de Cologne a démontré, c’est que quand ce sont des étrangers qui sont en cause alors les priorités changent. Franchement, quand on prétend diriger un mouvement féministe, ou incarner le nouveau féminisme, être à ce point silencieux, comme première réaction, sur les violences dont ont été victimes ces femmes… c’est stupéfiant » !

Élisabeth Badinter, in Marianne (21 janvier 2015).

Emprise: Comment jugez-vous ce qui s’est passé à Cologne ?

Jacques Borde: À Cologne, mais pas seulement à Cologne, faut-il avoir l’honnêteté de dire. C’est toute l’Europe qui a été frappé par ce qui a de fortes chances d’être un des volets de la terreur nazislamiste. Je me demande, si au-delà des drames qui ont frappé la France, Cologne ne va pas être le déclencheur d’une certaine prise de conscience, puis, de réaction (au sens métapolitique du terme) dans ce vieux monde que moquent nos amis Nord-Américains.

Emprise: Certains ne tentent-ils pas d’exploiter l’affaire ?

Jacques Borde: Bien évidemment, c’est la nature humaine qui veut ça ! Sont-ils, pour autant plus condamnables que ceux qui ont tout fait pour l’étouffer ou minimiser la portée des événements.

Sans parler de ce qu’il faut bien appeler la défausse ou ce qu’un site (très) à droite appelle le « mutisme des féministes professionnelles devant ces violences faites aux femmes ». Comportements dénoncés à juste titre par Élisabeth Badinter.

Emprise: Que voulez-vous dire ?

Jacques Borde: Oh, c’est assez simple ! Je pense qu’on est en droit de s’interroger quant à ce silence. Et au-delà sur le boycott médiatique vis-à-vis de celles des organisations féministes ayant pris position pour la défense de ces femmes ainsi agressées. À relever également la logorrhée de Caroline De Haas affirmant que « Ceux qui disent que les agressions sexuelles en Allemagne sont dues à l’arrivée des migrants : allez déverser votre merde raciste ailleurs ».

D’une « merde », l’autre, serait-on tenté de lui répondre…

Emprise: Pourquoi une telle indifférence, selon vous ?

Jacques Borde: Je n’en ai aucune idée. Le mieux serait d’aller poser la questions aux intéressé(e)s.

Sinon, je vais vous citer la réaction d’un ami sur Facebook qui a, fort justement, cerné cet aspect du dossier. Que dit-il ?Que « L’absence de réactions significatives des féministes aux viols en séries à Cologne, Zurich, Helsinki et ailleurs par des migrants, elles d’ordinaire si promptes à réagir à la moindre allusion sexuelle ou même à une publicité suggestive, ne parlons même pas d’une agression de ce type, est symptomatique de la soumission des sociétés occidentales à une culture rétrograde, médiévale, liberticide et oppressive qui considère la femme comme un objet ou comme du bétail qu’on peut utiliser à sa guise, et est donc très inquiétante. Ces féministes de pacotilles n’avaient, semble-t-il, pour ennemis que les hommes, blancs de préférence, venant de leurs sociétés uniquement, et sont maintenant prêtes à accepter tous les diktats d’adolescents frustrés, bourrés de testostérone, qui se réclament d’une culture archaïque. L’absence aussi de réactions des soi-disant intellectuels de gauche et des « progressistes » en général est tout aussi perturbante ».

Là aussi, le débat est ouvert : en quoi les victimes de certaines agressions sexuelles seraient-elles moins défendables que d’autres ? Où est le curseur ?

De toute évidence, cette Affaire de Cologne, a eu plus que sa part dans une vive controverse opposant le commissaire européen à l’Économie & à la Société numérique, l’Allemand Günther Oettinger, au ministre de la Justice polonais, Zbigniew Ziobro. Le second faisant remarquer au premier que « Ces événements, qui font craindre y compris pour la sécurité des Polonais1 séjournant en Allemagne, ont été tenus secrets pendant plusieurs jours par les media allemands. L’ancien ministre de l’Intérieur allemand, Hans-Peter Friedrich, a même appelé cela un  »cartel du silence » ».

Ambiance, ambiance ! En tout cas, ce qui s’est passé est d’une extrême gravité

Emprise: Pourquoi donc ?

Jacques Borde: Pour trois raisons principalement :

1- L’ampleur des faits : dans toute l’Europe du Nord, ce ne sont pas quelques dizaines d’agressions sexuelles, mais plusieurs centaines le même jour, voire beaucoup plus nous n’en sommes qu’au début des investigations – comme par hasard, un jour de fête chrétienne – et ce de manière planifiée et concertée. Au 24 janvier 2016, plus de 1.000 plaintes ont été déposées, dont environ 40% pour des faits d’agression sexuelle. Le gouvernement de NordRhein-Westfalen (NRW)2 a même publié la liste des agressions et des 1.045 victimes répertoriées à ce jour. La nature des infractions va du vol à la tire au viol en réunion, d’insultes à attouchements, d’agressions sexuelles à violences en public. Selon cette version, ô combien officielle, des faits, seulement Cologne, Dusseldorf, Dortmund et Bielefeld seraient concernées.

De son côté, le ministre für Inneres und Kommunales3 de NordRhein-Westfalen, le SPD Ralf Jäger, a reconnu que la police n’a été capable d’identifier que 30 suspects. Dix-neuf personnes sont, pour l’instant, considérées comme suspectes, a reconnu dans un premier temps la police de Cologne. Et selon certaines autres sources proches de la police, ce ne serait là que la partie immergée de l’iceberg.

2- La nature même de ce qui s’est passé ! Ça n’est pas moi qui le dit, mais le très SPD4 ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, aux yeux de qui les agressions de Cologne étaient… préméditées. Il s’est agi d’une attaque « coordonnée ou préméditée », a soutenu Heiko Maas dans l’édition dominicale du magazine Bild, soulignant que « quand une telle horde se réunit pour commettre des délits, cela semble d’une manière ou d’une autre prévu. Personne ne pourra me raconter que ça n’était pas coordonné ou prémédité ».

3- L’effrayante atonie, pour ne pas dire complaisance, des pouvoirs publics allemands qui, dans une premier temps, ont : a) laissé faire5, b) tenté de nier, c) puis de minimiser les faits.

Emprise: Planifiés ! Mais planifiés par qui ?

Jacques Borde: Je crains fort que Maas ait raison : un événement isolé, c’est (ou cela peut être) le geste d’un loup solitaire ou d’un copycat6. À une aussi vaste échelle, on peut légitimement chercher un chef d’orchestre. D’autres villes européennes – car cette nuit de cristal7 nazislamiste visant les femmes a touché toute l’Europe – ont été le théâtre de faits similaires, Maas n’exclut pas des liens entre les différentes villes. « Toutes les connexions doivent être vérifiées consciencieusement. Il est naturel de soupçonner qu’une date précise a été choisie par des groupes de gens attendus. Cela aurait encore une autre dimension ».

Là, c’est le comment.

Le par qui me semble sauter aux yeux, et devrait, du moins je l’espère interpeller les enquêteurs et les politiques qui leur donnent leurs ordres : Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (Daech)8 avait clairement indiqué, il y a quelques mois déjà, que les vagues de migrants arrivant en Europe seraient mises à contribution pour faire entrer des combattants irréguliers du Takfir sur le sol européen pour épauler les 5èmes colonnes déjà présentes sur nos sols. Sans parler de ces migrants chrétiens plus simplement jetés par dessus bord par leurs homologues radicalisés, comme on dit désormais !

À ce moment-là, une nuée de spécialistes et hommes honorables9 – souvent, d’ailleurs, sur les pay rolls de ces monarchies pétrogolfiques connues pour leur tropisme envers le nazislamisme, encore un hasard, évidemment – ont fait chorus pour nous affirmer que les assertions des responsables de Daech étaient soit anecdotiques, soit un bluff de leur part. Comment ne pas noter combien les derniers événements leur donnent tort.

Emprise: De là à parler de nuit de cristal ?

Jacques Borde: Parce que, méthodologiquement, c’est exactement le même processus de terreur et d’exactions – nos nazislamistes d’aujourd’hui reproduisant les process totalitaires des hitlériens d’hier – à savoir :

1- Instrumentalisation et mise à contribution (utilisons un terme marxiste, si vous le voulez bien) d’un Lumpenproletariat10. Ici des migrants déracinés ; dans les année 30, la masse des indigents gagnés au Nazisme et encadrés par les miliciens (généralement eux aussi d’origine prolétaire) issus de la Sturmabteilung (SA), SA tellement bas du plafond qu’il a fallu au IIIe Reich une deuxième nuit, dite des Longs couteaux, pour les réduire au silence ;

2- Cibles faciles et fragilisées : hier de petits commerçants allemands de confession mosaïque, ciblés parce que juifs et seulement cela ; aujourd’hui des femmes impudiques11, ciblées parce que femmes et seulement cela ;

3- Atonie, justement, des forces de l’ordre. Rappelons que la Nuit de cristal fut mise en place par les structures du parti nazi, Joseph Goebbels aux commandes, et non par l’État allemand motu proprio, les organes de sûreté ne faisant que suivre le mouvement ou détourner la tête.

4- Permanence et usage d’un système de terreur – hier, pogroms, aujourd’hui viols et agressions sexuelles – à l’échelle, non pas d’un pays, mais d’un ennemi global : l’Occident judéo-chrétien.

D’une manière générale, soulever collectivement des groupes d’individus et les pousser à l’émeute ou autre est récurent dans l’Histoire. À titre d’exemple (et seulement à titre d’exemple), c’est ainsi que les SR étasuniens et britanniques instrumentalisèrent le bazar iranien contre Mossadegh. On connaît la suite ! Je trouve assez étonnant que beaucoup s’étonnent que Daech ait la maîtrise de ce genre de Psy-Ops.

Emprise: Vous pouvez préciser ?

Jacques Borde: Pour se débarrasser de Mohammad Mossadegh, Londres et Washington mirent en œuvre l’Opération Ajax12 (été 1953) visant à remettre le Chah sur le trône par un coup d’État. Des émeutes furent provoquées et renforcées par la participation d’agents provocateurs financés par la CIA, ayant infiltré les rangs du parti Tudeh13.

En 2000, le US Secretary of State, Madeleine K. Albright, a reconnu officiellement le rôle des États-Unis dans l’organisation et le soutien financier du coup d’État de 1953. Et en 2013, la CIA a rendu publics des documents classifiés attestant à leur tour de l’implication américaine dans ce coup d’État.

[à suivre]

Notes

1. Aurait pu écrire Polonaises, mais bon…

2.  Rhénanie-du-Nord–Westphalie.

3.  Ministre de l’Intérieur.

4.  Gauche socialiste allemande, pas vraiment une figure populiste ou proche des droites radicales.

5.  Il n’échappera a personne que l’un de rôles dévolus à la police est de protéger les personnes…

6.  Criminel copiant et reproduisant à l’identique un comportement mis en exergue par des media.

7.  En allemand Reichskristallnach). Le pogrom qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit. Présenté par les responsables nazis comme une réaction spontanée de la population suite à l’assassinat, le 7 novembre 1938, de Ernst vom Rath, de l’ambassade allemande à Paris, par un jeune Juif polonais d’origine allemande, Herschel Grynszpan. En réalité organisée par Joseph Goebbels, et commis par la Sturmabteilung (SA), la Schutzstaffel (SS) et soutenus par le Sicherheitsdienst (SD), la Gestapo et les forces de police locales.

8.  Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.

9.  Comme disait Marc-Antoine à propos des assassins de César.

10.  Prolétariat en haillons, de Lumpen = loque, chiffon, haillon & Proletariat. Le terme a été créé par Karl Marx et Friedrich Engels dans l‘Idéologie allemande (1845) et développé par la suite dans d’autres travaux de Marx.

11.  Selon, très exactement, les critères vestimentaires et comportementaux en vigueur dans l’État islamique. Ce qu’à priori, aucun media généraliste n’a voulu signaler.

12.  Très précisément, l’Opération TP-Ajax.

13.  Hezb-é Tudeh-yé Iran, ou Parti des Masses d’Iran, parti communiste iranien fondé en 1941.

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