Céline et le Camp des Saints
Bien avant notre Jean Raspail, Louis-Ferdinand Céline avait génialement décrit ce qui allait nous tomber dessus. Et cela donne :
« Ils sont encore des millions d’autres, et puis encore des millions d’autres, et puis encore des millions, d’absolument pareils aux mêmes, et vous les oubliez toujours, dans vos lyrismes avariés, vos confuseries pérotantes, là-bas tassés qui se consument… des rats frémissants, peladés, pestilents, chassieux, réprouvés, persécutés, nécrophages, martyrs démocrates, qui se rongent de mille envies dans les tréfonds bessarabiens, indoustagènes, kirgizaniques. Pensez !… Pensez toujours à eux ! Ils pensent toujours, toujours à vous ! Toutes les vallées ouraliennes, budipestiques, tartariotes, verminent, regorgent littéralement de ces foisons d’opprimés ! Et que ça demande qu’à foncer, déferler irrésistibles, à torrents furieux, renverser les digues, les mots, les prévenances, votre fol bocage ! et vous l’oiseau cuicuiteur ! noyer tout ! Tous les souks, tous les brousbirs, tous les khans, toutes les kasbahs, tous les sanhédrins, tous les caravansérails, tous les Comitern de tous les deltas empuants de toutes les véroleries du monde déverseront d’un seul coup toute leur ravagerie truande, toute l’avalanche démocratique de leurs mécréants en famines depuis 50 siècles sur vos os ! »
Mais Céline avait aussi vu et décrit les innombrables volontaires de cette grande invasion humanitaire. Et cela donne :
« Je connais le plus honnête homme de France. Il se donne un mal ! Il se dépense ! Il est maître d’école à Surcy, à Surcy-sur-Loing. Il est heureux qu’au sacrifice, inépuisable en charité. C’est un saint laïque on peut le dire, même pour sa famille il regarde, pourvu que l’étranger soit secouru, les victimes des oppressions, les persécutés politiques, les martyrs de la Lumière. Il se donne un mal ! Il se dépense ! Pour les paysans qui l’entourent c’est un modèle d’abnégation, d’effort sans cesse vers le bien, vers le mieux de la communauté. »
Face à ces bonnes volontés propres au pays des Droits de l’Homme, il n’y a rien à faire ! Et le grand auteur de notre Voyage de déposer une splendide cerise sur le gâteau humanitaire :
« C’est l’abnégation en personne… Excellent tout dévoué papa, pourtant il prive presque ses enfants pour jamais refuser aux collectes… Secours de ci… au Secours de là… que ça n’en finit vraiment pas… À chaque collecte on le tape… Il est bonnard à tous les coups… Tout son petit argent de poche y passe… Il fume plus depuis quinze ans… Il attend pas que les autres se fendent… Ah ! pardon ! pas lui !… Au sacrifice toujours premier !… C’est pour les héros de la mer Jaune… pour les bridés du Kamtchatka… les bouleversés de la Louisiane… les encampés de la Calédonie… les mutins mormons d’Hanoï… les arménites radicaux de Smyrne… les empalés coptes de Boston… les Polichinels caves d’Ostende… n’importe où pourvu que ça souffre ! »
Lire Céline c’est éclater de rire au milieu du désastre.