Voxnr – Les Lansquenets

Paris, Nice, etc., Qui est l'ennemi intérieur ?

Depuis Nice, de Damas à Moscou en passant par Washington, messages de soutiens & critiques (verbatim Trump) ont fait florès. Qu’allons-nous en faire ? En tout cas, la remise à plat de nos alliances & amitiés est encore une fois reportée aux calendes grecques. Ce pour de simples amendements & autres nouveaux jouets juridiques.

« Corruptissima re publica, leges plurimae », disait-on à Rome*…

*« C’est lorsque la République est la plus corrompue que les lois se multiplient le plus ». Tacite, Annales, 3, 27.

| Q. Vous m’avez dit ne pas toujours bien comprendre le discours de Jean-Yves Camus ?

Jacques Borde. Oui, en effet. Lui et d’autres. Je note que Camus se situe clairement à gauche, même si c’est raisonnablement – Cf. « Au-delà de mon positionnement politique clairement à gauche, je suis avant tout Français »–.

Ce qui en passant est son droit. Sauf que (je ne parle pas de Camus) la gauche systémique française, elle, est la plus bête, la plus inculte, la plus dogmatique, la moins ouverte au dialogue (j’ai rencontré des communistes italiens, grecs et portugais fort aimables et prompts à la dispute[1]) au monde ! Du coup, son analyse, bien que comportant des éléments fondamentaux, reflète bien cette incapacité consubstantielle de la gauche à vouloir clairement identifier et nommer l’ennemi.

Or, lorsque Jean-Yves Camus, déclare que « Même s’il y a une composante spécifiquement anti-juive dans le discours de l’islam radical, dès l’époque d’Al-Qaïda, on était face à une organisation se réclamant du ”front mondial contre les croisés” » ; quoi qu’il en dise, il noie bien volens nolens le poisson et réduit ostensiblement le fait antisémite de l’objet du débat. Soit un élément fondateur du discours takfirî.

Rappelons que le nom exact de l’entité fondée par feu Oussāma Bin-Mohammed Bin-Awad Bin-Lāden, est Al-Jabhah al-Islamiyah al-Alamiyah li-Qital al-Yahud wal-Salibiyyin[2]. Soit Front islamique mondial pour le combat contre les juifs & les croisés. Pourquoi donc Camus nous évacue-t-il aussi prestement le « combat contre les juifs », qui est pourtant placé avant celui contre les Croisés ? Pourquoi cette occultation sémantique du Qital al-Yahud et la mise en avant du seul Qital al-Salibiyyin ?

Camus serait-il atteint par ce Padamalgan (sic), ce mal obscur qui tétanise les gauches à l’idée de nous confronter pour de bon au nazislamisme takfirî. Qui, vient de nous le rappeler le Premier ministre Manuel Valls, a des droits…

| Q. Et que pensez-vous des accusations qui se répandent sur la Toile, faisant des djihâdistes des consommateurs assidus de pornographie ?

Jacques Borde. J’ai vu passer ça. Pourquoi pas ? Cela ne me surprendrait pas outre mesure, mais je pense qu’une certaine prudence s’impose. Même si, sur le fond, c’est une excellente chose que cette vérité, si elle est pleinement et statistiquement confirmée, fasse son chemin sur la place publique..

| Q. Pourquoi se méfier, alors ?

Jacques Borde. Parce qu’alourdir la barque de ses ennemis d’accusations d’ordre sexuel est un modus operandi vieux comme le Renseignement, pardi.

Rappelez-vous l’invasion du Panama par les États-Unis[3], du 20 décembre 1989 au 31 janvier 1990, sous l’administration de George H. W. Bush. L’affaire fut agrémentée d’accusations de ce genre visant le général Manuel Antonio Noriega. Il est toujours difficile de vérifier de genre de choses après coup.

Ceci posé, concernant l’engeance nazislamiste ça n’est pas la première fois que le problème des mœurs sexuelles hétérodoxes de ces gens se pose : viols en réunion, commerce et consommation d’adolescentes pré-pubères, pédophilie, zoophilie, nécrophilie, etc., la liste est malheureusement longue comme le bras…

| Q. Il y a du nouveau sur le sujet ?

Jacques Borde. Oui et non. En fait, dans ses Mémoires, le lieutenant-général Michael T. Flynn[4], ancien patron de l’Agence du Renseignement militaire (DIA)[5], écrit que « Nous faisions face à un ennemi méprisable, qui violait et pillait femmes et enfants, garçons et filles, décapitait pour s’amuser, le tout en regardant du porno sur leurs ordinateurs portables (…). De fait, à un moment, nous avons déterminé que 80% des données récupérées sur les ordinateurs portables que nous avions capturées étaient de la pornographie ».

L’hypothèse levée par le général Flynn, qui jouit d’une solide réputation de probité[6] au sein de l’establishment militaire, est par ailleurs confirmée par d’anciens agents du contre-terrorisme qui, interrogés par ABC News, confirment qu’on trouvait fréquemment du porno sur les ordinateurs des combattants takfirî. « Il y en avait qui était atroce, et c’était de tous genres. Parfois avec des enfants, des animaux », a indiqué l’un d’entre eux.

Personnellement, la pratique d’achat de filles pubères par des sponsors wahhabî venus se ravitailler (sic), lors la 1ère Guerre d’Afghanistan, m’a été confirmée de vive voix et directement par d’anciens Moudjahiddin de retour du front. Idem pour l’us des jeunes adolescents pré-pubères, consommés travestis en filles. Une tradition (sic) locale parait-il.

Sinon, il vous reste les tarifs affichés à l’entrée des souks de Raqqa et de Mossoul, où les produits (sic) les plus recherchés (et les plus chers) sont les fillettes de moins de huit ans vendues comme objets sexuels.

| Q. Assez écœurant…

Jacques Borde. Oui. Ce d’autant que sont concernés par ces pratiques, nombre de nos alliés en Syrie et en Irak. Pour plagier un slogan des années 70 : « L’argent, n’a pas d’odeur, la Contra modérée, oui ». Et ça ne sent pas la rose. Je pense très sérieusement que, dès les origines, l’Ouest s’est trompé d’ennemi en Afghanistan. Mea culpa, maxima culpa.

| Q. Que pensez-vous du fait que ce soit Flynn qui porte ses accusations ?

Jacques Borde. C’est plutôt intéressant. Notons, en effet, que Flynn, directeur de la DIA entre 2012 et 2014, s’était montré favorable à une coopération avec Moscou en matière de sécurité internationale, notamment sur le volet syrien de la guerre contre Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)[7]. Flynn avait brusquement été mis à la retraite (sic) en août 2014, un an avant l’expiration officielle de son mandat.

Il est donc rassurant de voir l’homme être à nouveau repris par les media. Sans être, pour autant cloué au pilori..

| Q. Et pourquoi ?

Jacques Borde. Parce qu’on peut espérer que les choses finissent par bouger. Vous aurez noté qu’une forme de rapprochement semble se dessiner entre la Turquie nationale-religieuse de Reccep Tayyip Erdoğan et la Russie de Vladimir V. Poutine. Sur le dos de DA’ECH de toute évidence. Une excellente chose, vu les appareils militaires respectifs des deux.

| Q. Vous n’y voyez pas un signe de faiblesse, chez l’un ou l’autre, ou les deux à la fois ?

Jacques Borde. Non, pas du tout : un signe de sagesse plutôt. Comme le dit, confucéen en diable, le personnage de l’Inspecteur Harry, dans Magmum Force[8] : « l’homme sage est celui qui connaît ses limites ». Poutine et Erdoğan[9] préfèrent le dialogue à la via factis entre eux et leurs hommes liges. Tant mieux. Les meilleures guerres sont celles qui se gagnent sans combattre nous a appris Sun Zu. Moscou et Ankara seront les grands gagnants assurément de leur non-confrontation. Prions que la rencontre à venir entre Poutine et Erdoğan soit un succès.

Si de plus en plus d’Américains pouvaient, eux aussi, comprendre qui est le véritable ennemi au Levant, ce serait toujours ça de gagné.

Et, là, de toute évidence les Mémoires du général Flynn vont dans la bonne direction : la désignation de DA’ECH comme ennemi du genre humain. Médiatiquement, verra-t-on les Je Suis Partout vénéneusement inspirés par l’or golfique passer dans le camp du bien. Qui sait, un jour peut-être ?

En attendant une bonne reductio ad hitlerum des Kamiz brunes de DA’ECH ne nous ferait pas de mal.

| Q. Vous prônez pas mal de solutions radicales, mais sont-elles applicables ? Voire, tout simplement réalistes ?

Jacques Borde. Oui, je le crois. Je pense que rien ne doit nous arrêter dans la guerre implacables que nous devrons – car nous ne la menons absolument pas aujourd’hui – mener contre la terreur takfirî. Et, à ce jeu de guerre-là, tous les coups devraient être permis.

Dans ce registre, je crois qu’il importe :

1- d’appliquer les lois faisant déjà partie de notre corpus. « Corruptissima re publica, leges plurimae », disait-on à Rome[10]. À commencer par celle condamnant l’intelligence avec l’ennemi. En fait, des ennemis.

-2 de s’inspirer de ce qui marche chez les autres. Et le transposer chez nous.

| Q. Vous pensez à quelque-chose de particulier ?

Jacques Borde. Oui, notamment au Sikul memukad en usage en Israël.

| Q. Qui est ?

Jacques Borde. En hébreu : prévention ciblée. La plupart du temps traduit par éliminations ciblées, en fait la praxis de frappe préventive en usage au sein de Tsahal en cas :

1- d’intention manifeste de mettre à exécution un acte spécifique de violence dans un avenir très proche.

2- de lien indirect avec plusieurs actes de violence (organisation, planification, recherche de moyens de destruction, etc.).

Le (ou la, je ne suis pas hébraïsant) Sikul memukad se fonde sur la possibilité que l’élimination physique de la cible préviendra contre des actes similaires.

Le Bagats (Cour suprême) a jugé, le 14 décembre 2006, que cette praxis était admissible sous certaines conditions. Franchement, je pense que ces conditions sont réunies dans notre pays depuis quelques temps.

| Q. Et ça ne pose pas de problème juridique avec le droit, le droit européen notamment ?

Jacques Borde. Oui tout à fait. En fait, à ce stade, trois solutions sont à envisager :

1- s’asseoir sur leur avis en la matière. Possible, mais hasardeux : les roquets de Bruxelles étant capables de nous mettre des bâtons dans les roues.

2- négocier et faire plier les apparatchiks et petit marquis de la Commission européenne.

3- faire comme les Britanniques et quitter le machin européen. Tant il est vrai qu’un des freins à la guerre contre le terrorisme et le nazislamisme est bien l‘Union, ses lois et ses fonctionnaires tragiquement incompétents et non élus.

| Q. Mais vos solutions sont-elles réalistes, vous ne m’avez pas répondu ?

Jacques Borde. Écoutez, tout est souvent plus réaliste ou plus réalisable qu’on l’appréhende. Tenez, prenez l’état d’urgence. Vaste concept ? Ficelé de bric et de broc, comme chez nous en France, ça ne ressemble à rien et ça ne marche pas.

En revanche, en Turquie, mis en place par des gens résolus, l’administration Erdoğan, ça a l’air d’une redoutable efficacité. Comme quoi : quand on veut, on peut !

| Q. Vous voulez dire…

Jacques Borde. Non, je ne dis pas qu’il faut dupliquer à 100% ce que fait le régime national-religieux en place à Ankara. Cela même s’il doit bien y avoir un truc ou deux à repiquer. Ce que je vous dis, ce qu‘a contrario du prurit idéologique de nos droit-de-l’hommistes germanopratins qui rejettent tout en disant : « impossible, mon bon Monsieur ! » – la palette des solutions réalistes et applicables est immense. Et, là, bien sûr, je vous parle de technicité pas de principes.

| Q. Et, concrètement ?

Jacques Borde. Bon, un exemple. Media, vrais et faux spécialistes, politiciens, etc. s’étripent sémantiquement sur le sort à réserves à nos radicalisés, Fichés S et FSPRT[11] : que faire de tous ces gens ?

Il est vrai que cela fait du monde : rien que le FSPRT,modifié en novembre 2015, contiendrait 11.400 noms. Impossible à neutraliser ? Ah, bon et combien la Turquie vient-elle, d’arrêter, d’assigner, d’embastiller et de renvoyer[12] d’ennemis de l’État des différents corps de la République ? Largement plus. Alors – et encore une fois, je parle de technicité – disons la vérité : disons que nous ne voulons pas prendre les mesures qui s’imposent, pas que celles-ci n’existent pas et ne sont pas à notre portée…

| Q. Tout ceci a, tout de même, un petit air d’épuration?

Jacques Borde. Oui, et alors ! Qu’a fait le général de Gaulle en 1945 ? Et, là encore, parlons de ce qui est parfaitement réalisable. Lorsqu’il a fallu s’arrêter, les ordres sont passés. Donc je ne me fais aucun souci sur ce point…

Notes

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[1] Au sens de disputatio, évidemment : l’échange d’arguments contradictoires sur un sujet donné. « Dans la scolastique médiévale », nous rappelle Wikipédia, « la disputatio était, avec la lectio, une des méthodes essentielles et omniprésentes d’enseignement et de recherche, ainsi qu’une technique d’examen dans les universités à partir du début du XIIIe siècle. Le terme désignera progressivement ensuite les débats sur les sujets de théologie, d’abord entre juifs et chrétiens, puis à l’époque de la Réforme ». [2] Front islamique mondial pour le combat contre les juifs & les croisés. [3] Nom de code : Operation Just Cause. [4] Conseille par ailleurs Donald J. Trump sur les questions relatives à la politique étrangère. [5] Plus précisément directeur de la DIA entre 2012 et 2014, favorable à une coopération avec Moscou en matière de sécurité internationale, brusquement mis à la retraite (sic) en août 2014, un an avant l’expiration officielle de son mandat. [6] J’ai tendance à me méfier des assertions des anciennes pointures militaires US se lançant dans l’écriture mais la réputation de Flynn permet qu’on lui accorde un crédit certain. [7] Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant. [8] Réalisé par Ted Post, sorti en 1973. C’est le deuxième épisode de la saga L’Inspecteur Harry, avec Clint Eastwood dans le rôle de l’inspecteur Harry Callahan. [9] Ainsi que le président iranien, le Dr. Hassan Feridon Rohani, et le Rahbar-é-Enqelâb (guide de la révolution), l’Ayatollah Sayyed Ali Hossaini Khâmeneî, qui ont apporté leur soutien à la reprise en main d’Erdoğan à Anakara. [10] « C’est lorsque la République est la plus corrompue que les lois se multiplient le plus ». Tacite, Annales, 3, 27. [11] Fichier des Signalés pour la Prévention & la Radicalisation à caractère Terroriste. [12] Pas moins de 149 généraux et amiraux au dernier pointage…
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