Avec surprise la France – plus dans l’Affliction doloriste que la réaction – a découvert que face aux provocations (sic) orchestrées par certains, la « colère des masses » comme disait Mao, pouvait (aussi) être une réponse. Question : Sisco sera-t-il un épisode isolé ou le signe que quelque-chose vient de changer vis-à-vis de ce qui relève de ces frappes asymétriques (qu’elles soient légères n’y change rien) dont le terrorisme intérieur d’inspiration takfirî a le secret ?
| Q. Comme d’habitude, un petite question pour nous mettre en bouche ! Que pensez-vous du débat, aux États-Unis, sur la question des libérations accordées par Obama ?
Jacques Borde. Celles de terroristes takfirî récemment élargis de GITMO[1], vous voulez dire ? Oh, c’est assez simple :
Parmi ces 15 terroristes relâchés par l’Administration Obama, on compte :
1- le garde du corps de feu le fondateur d’Al-Jabhah al-Islamiyah al-Alamiyah li-Qital al-Yahud wal-Salibiyyin[2], Oussāma Bin-Mohammed Bin-Awad Bin-Lāden,
2- Un expert en Engins Explosifs Improvisés (EEI/IED). Soit une des armes qui fait le plus de dégâts parmi les personnels militaires étasuniens déployés en Irak et en Syrie.
3- Un combattant de pointe de la guerre asymétrique djihâdiste.
Les familles des victimes du 11 Septembre et des Vétérans concernés apprécieront…
| Q. Autre sujet : doit-on s’attendre à des choses positives entre Ankara et Moscou, suite à la rencontre Erdoğan-Poutine ?
Jacques Borde. Oui. À noter que, d’ores et déjà, une délégation russe en visite à Ankara a demandé aux Turcs de fermer la frontière de la Turquie avec la Syrie, a révélé Izvestia citant des sources parlementaires russes.
« Naturellement nous avons soulevé la question de la fermeture de la frontière turco-syrienne pour faire cesser le flux des terroristes et des armements », a indiqué le président de la Commission de la Défense de la Douma, Viktor Vodolaski. En échange, a-t-il poursuivi, Moscou se dit « prêt à fournir » aux Turcs les photos satellitaires qui montrent les passages de trafic d’armes et de miliciens vers la Syrie.
Toujours, selon Izvestia, Ankara serait plutôt enclin à dépasser les questions en litige sur la Syrie et à accepter la suggestion russe.
Nous verrons bien ce qu’il en est.
| Q. Quelle doit être notre position vis-à-vis des purges en Turquie ?
Jacques Borde. Ne pas nous en mêler, pardi ! Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Cette affaire qui oppose d’un côté les Gülenistes et de l’autre l’administration Erdoğan, ne nous regarde en rien. Alors cessons de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas…
| Q. Et, ça ne risque pas d’avoir de retombées chez nous ?
Jacques Borde. Non, il y a peu de chances. Les Gülenistes ne sont pas particulièrement implantés en France. En revanche, le courant soufi de la Naqshbandiyya[3] auquel Erdoğan n’est pas étranger est implanté aussi bien en France[4] qu’au Levant. En bonne intelligence ce sont eux et pas le courant sectaire des Gülenistes qu’il s’agit de ménager…
| Q. Erdoğan ne vous fait plus bondir ?
Jacques Borde. Il se trouve que Reccep Tayyip Erdoğan préside aux destinées de la Turquie. Je ne suis pas Turc, et n’ai, à aucun moment, pris part à cette ascension. Vous savez d’où je viens : mes affinités et mes contacts personnels ont toujours plus été du côté du Milliyetçi Hareket Partisi (MHP)[5] que de l’AKP[6].
Si je suis très critique vis-à-vis des choix géostratégiques de l’administration Erdoğan, cela ne signifie pas qu’il faille pour autant concourir à déstabiliser ce pays, comme nous l’avons fait en Libye[7] et Syrie. Les Turcs on fait leur choix, il convient de le respecter. Ou de faire avec si vous préférez ! Surtout que nous avons besoin de ce pays.
| Q. Les migrants, vous voulez dire ?
Jacques Borde. Oui et non. Et, pas au sens où vous l’entendez. Il se trouve que, techniquement, l’administration Erdoğan mène de main de maître sa remise à plat du phénomène sectaire güleniste. Alors que nous sommes nous-mêmes confrontés à des ennemis de l’intérieur – terroristes faussement altermondialistes, officines opérant pour le compte de puissances étrangères, lobbies fréristes[8] (voir l’Affaire de Sisco et des burkinis) cellules dormantes takfirî, etc. –.
Sans doute serait-il plus intelligent de cesser de hurler avec les louveteaux d’une bien-pensance médiatique instrumentalisée et de voir ce que les Turcs peuvent nous apporter…
| Q. Que faire ?
Jacques Borde. Agissons comme le président russe, Vladimir V. Poutine : profitons de ce qui se passe outre-Bosphore pour poser les bases d’une nouvelle relation avec Ankara. Semble-t-il, Reccep Tayyip Erdoğan est encore là pour un bout de temps. Alors apprenons à faire avec. Mais de manière intelligente. Pas comme les Munichois en poste à Bruxelles et Berlin qui se font littéralement pipi dessus à l’idée d’avoir à tenir tête au président de la Turquie.
| Q. Erdoğan n’est pas un peu radical ?
Jacques Borde. Oui, mais dans son registre. Et après ? Il est, issu du soufisme Naqshbandi, pas du wahhabisme ou du takfirîsme. Ne confondons pas tout. Intellectuellement, c’est comme si vous mettiez sur le même plan Richelieu et un spadassin de l’époque. Ou le titulaire de la Sublime porte et un de ses janissaires de base, si vous préférez.
| Q. Revenons en France : que pensez-vous du fait que des groupuscules d’extrême-gauche se positionnent en faveur du port du burkini ?
Jacques Borde. Bof. Rien de bien nouveau sous le soleil, en fait. Certes la campagne initiée par le NPA[9], sous le slogan Non à l’interdiction des burkinis !, surprendra les néophytes en matière de Renseignements et d’antiterrorisme. Mais dès la Guerre froide, des groupuscules radicaux ont pris positions contre les États de droit (ou non), s’alliant, le cas échéant, avec tout et n’importe qui. Là, certains d’entre eux prennent fait et cause pour ces côtés obscurs de la force nous venant du Levant. C’est leur choix. Il faut bien exister médiatiquement…
| Q. Et, vous pensez à une instrumentalisation ?
Jacques Borde. Cela s’est vu. Et se vendre à des SR étrangers, ou des intérêts étrangers, ne serait pas une franche nouveauté de la part de cette mouvance politique. En 1968, quelques groupuscules d’extrême-gauche étaient déjà sur les pays rolls de la CIA. Sans parler de syndicats comme Force ouvrière (FO). Quant aux SR étasuniens, après un certain Klaus Barbie de sinistre mémoire, ils ont, ont eu, ou auront encore partie liée avec Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)[10], ou Jabhat an-Nusrah li-Ahl ach-Chām[11]. Alors quelques groupes extrêmes sur le sol français, pourquoi pas ? Sans parler d’autres commanditaires.
| Q. Vous n’avez pas l’air inquiet ?
Jacques Borde. Pas vraiment. Pour l’instant (sauf dans les ZAD et dans le Calaisis) il ne se passe pas grand-chose. Et, là, bien sûr je parle à l’échelle d’une menace globale : l’incompétence de pouvoirs publics (locaux) ça se corrige. Et puis, vous savez en cas de vrais dérapages, l’intelligence avec une puissance étrangère (qui, beaucoup l’oublie, n’a pas à être un ennemi déclaré de la France) ça se plaide. Et peut se payer très cher…
| Q. Mais que penser de l’Affaire des burkinis ?
Jacques Borde. Oh, à près ce que nous en dit le Premier ministre Manuel Valls que « Le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode. C’est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme »[12]. Ajoutons que ce « projet politique » a nécessairement un chef d’orchestre quelque part : quelques travaux pratiques pour nos SR en perspective ?
Le problème c’est qu’après ces propos, et même si comme il le souligne ce vêtement n’est « pas compatible avec les valeurs de la France et de la République », Valls pose là son paquetage de chef de guerre et refuse de légiférer. C’est bien dommage. Mais le pire n’est peut-être pas encore atteint…
| Q. Que voulez-vous dire ?
Jacques Borde. Attendons la décision du Conseil d’État et nous verrons bien ! À propos du terme de vêtement (sic) : je vous citerai le cas de cette universitaire musulmane et arabophone qui, sur la Toile, a parlé plus crûment de déguisement…
Le débat est ouvert.
[à suivre]
Notes
[1] Ou Naval Station Guantanamo Bay (NSGB), aussi désigné par le code GTMO (se prononce Gitmo). [2] Front islamique mondial pour le combat contre les juifs & les croisés. [3] Une des 4 principales confréries soufies. Elle tire son nom de Khwaja Shâh Bahâ’uddîn Naqshband, qui est considéré comme son maître, bien qu’il ne l’aie pas fondée. Abû Ya’qûb Yûsuf al-Hamadânî, né en 1140, et ‘Abd al-Khâliq al-Ghujdawânî, né en 1179, sont les fondateurs des principes de cette voie soufie. Dans le soufisme, il est dénombré 41 branches initiales de confréries soufies dont 40 tirent leurs secrets spirituels de Ali Ibn-Abi Talib, le gendre du prophète de l’islam Mahomet. Les Soufi expliquent ce fait par cette tradition prophétique rapportée par Tirmidhi où Mahomet dit : « Je suis la cité de la science et Ali en est la porte ». L’initiation de Ali a été faite par le dhikr Lâ ilâha illa-llâh : « Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité autre que Dieu » (tawhid). La Naqshbandiyya tire sa chaîne initiatique (silsila) la reliant à Mahomet de Abou Bakr Siddiq. Mahomet a dit au sujet d’Abu Bakr dans une tradition rapportée par l’Imam Suyuti in al-Hawi li-l-Fatawa : « Tout ce que Dieu a mis dans ma poitrine je l’ai mis dans le cœur d’Abou Bakr ». Selon les maîtres Soufi Naqshbandi, cet héritage spirituel a été transmis à Abu Bakr de cœur à cœur lors que les deux amis étaient cachés dans la grotte durant l’Hégire. Dans cette grotte, indique le Coran (Sourate 9. verset 40), descendit sur eux la Sakîna. L’initiation (bay’a) de Abu Bakr s’est faite par la récitation par 3 fois de Allahou Allahou Allahou Haqq (Dieu est Vérité). [4] Des gens d’une très haute culture et passionnants à connaître. [5] Parti d’action nationale, droite nationale identitaire pan-touranienne. [6] Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP, Parti de la justice & du développement). [7] Sous la conduite particulièrement imbécile et inappropriée de Sarkozy. [8] Ici clairement l’Association de la Confrérie des musulmans, autrement dit les Frères musulmans (FM). [9] Lié en Bretagne au groupuscule Breizhistance de Gaël Roblin, condamné en 2003 pour « association de malfaiteurs à visée terroriste ». [10] Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant. [11] Ou Front pour la victoire du peuple du Levant, ou de manière abrégée Front al-Nosra. [12] La Provence (17 août 2016).- L’Émeute – Un Roman sur le 6 Février 1934 - 03/06/2019
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