Le vice-président du Front national se désolidarise des propos tenus par Robert Ménard et juge que «la France ce n’est pas une couleur de peau».
«Je laisse à Ménard la responsabilité de ses propos. Il n’est pas au FN, il est maire de Béziers», tranche ce mardi matin Louis Aliot, invité d’iTélé. Le vice-président du FN était appelé à réagir aux propos tenus par Robert Ménard la veille sur LCI. Affirmant que l’une des classes de sa ville était composée en cette rentrée à «91% de musulmans», l’ancien journaliste a jugé «qu’être Français c’est aussi, comme le disait le général de Gaulle, être européen, blanc et catholique, bien sûr». Une vision qui n’est visiblement pas partagée par tous au sein du parti de Marine Le Pen.
«Il est maire de Béziers. Je l’ai écouté et il a cité une autre phrase, du général de Gaulle. Moi je suis un peu en opposition avec ces phrases-là parce que la France ce n’est pas que ça», indique le vice-président du FN. «Lui qui est un enfant de l’empire, il devrait quand même, au-delà de la phrase raciste ou dans tous les cas racialiste du général de Gaulle, y ajouter ce que nous sommes. C’est-à-dire un pays avec des DOM-TOM, tout l’outre-mer qui est avec nous, les harkis… Tous ces gens-là font partie de la communauté nationale», poursuit Louis Aliot. Et le compagnon de Marine Le Pen de livrer sa propre vision de la France: «La France ce n’est pas une couleur de peau, c’est à la fois un état d’esprit, l’amour de son pays, et aussi la conscience que l’on est prêt à mourir pour elle. Je préfère, moi, des gens, même de couleur, et qui sont tombés pour la France ou qui tomberont si malheureusement il y avait une guerre, que des gens blancs qui n’ont que de la haine pour leur pays».
Des propos du général rapportés 25 ans après sa mort
La phrase citée par Robert Ménard déclenche des polémiques régulières depuis que Nadine Morano l’a exhumée en septembre 2015, sur le plateau de l’émission On n’est pas couché. C’est en réalité un propos rapporté par Alain Peyrefitte dans son livre C’était de Gaulle et paru en 1994. L’ancien ministre écrit que ces propos auraient été tenus le 5 mars 1959, en pleine guerre d’Algérie. des propos rapportés dans leur intégralité par Les Inrocks : «C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne (…) Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!»
Une citation donc «racialiste» aux yeux de Louis Aliot, dont la mère est une rapatriée pied-noir d’Algérie et qui ne porte pas le général de Gaulle dans son cœur. «Si vous avez lu les livres de Peyrefitte et les propos du général sur les gens de couleur, les musulmans et “Colombey les deux mosquées”, sur les Français de race blanche ; laissez-moi vous dire que c’est quand même très hard par rapport à ce que l’on peut entendre aujourd’hui», juge-t-il sur iTélé. Un avis qui n’a pas toujours été partagé par tous au sein du parti. En 2009, le Front national de la jeunesse (FNJ) avait lancé une campagne sur les thèmes identitaires. Sur leurs affiches figurait alors une partie de la fameuse citation prêtée à Charles de Gaulle, comme on peut le constater dans cette vidéo, où il figure aux côtés de Marion Maréchal-Le Pen.
Le Figaro