Russes et Américains, qui soutiennent des camps adverses dans la guerre en Syrie, sont convenus d’un plan visant à instaurer une trêve dans ce pays déchiré par cinq ans de guerre, qui pourrait déboucher sur une coopération militaire dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et les autres groupes djihadistes.
Au terme d’une journée marathon de négociations à Genève vendredi 9 septembre, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ont fixé le début de la trêve à lundi 12 septembre au matin. Elle coïncidera avec le début de la fête musulmane de l’Aïd el-Adha.
M. Lavrov a précisé que les deux camps avaient mis au point cinq documents permettant une coordination du combat contre le terrorisme et une reprise de la trêve abandonnée, sous une forme améliorée. Une « cessation des hostilités » avait été mise en place par Moscou et Washington, le 27 février, dans tout l’ouest de la Syrie. « Cela crée les conditions nécessaires pour la reprise du processus politique qui est à l’arrêt depuis longtemps », a ajouté M. Lavrov.
Volet militaire
Un volet militaire est également compris dans l’accord. Si la trêve dure « une semaine », les forces américaines accepteront de collaborer en Syrie avec l’armée russe, a expliqué M. Kerry, une coopération réclamée de longue date par Moscou et sur laquelle les deux pays travaillent depuis des mois. Et d’assurer :
« Les Etats-Unis acceptent de faire un pas supplémentaire, car nous pensons que la Russie et mon collègue ont la capacité de faire pression sur le régime Assad pour mettre fin à ce conflit et venir à la table des négociations »
M. Lavrov a toutefois reconnu qu’il n’était pas en mesure de garantir « à 100 % » la réussite de ce nouveau plan.
« Centre conjoint »
La coopération passera en particulier, si la trêve tient, par un partage d’informations pour des frappes aériennes, ce à quoi Washington s’était jusqu’à présent refusé. M. Lavrov a annoncé la création d’un « centre conjoint » russo-américain destiné à coordonner ces frappes, « dans lequel des militaires et des représentants des services secrets russes et américains s’occuperont des questions pratiques : distinguer les terroristes de l’opposition modérée ».
Mais, dans un communiqué, le Pentagone a souligné que les engagements inscrits dans l’accord « doivent être totalement respectés avant toute coopération militaire potentielle ».
L’accord scellé sur les bords du lac Léman prouve que Russes et Américains ont pu trouver un terrain d’entente malgré de profonds différends dans leur approche du conflit. Moscou est un allié du régime du président syrien Bachar Al-Assad, Washington soutient les rebelles modérés.
Les deux puissances cherchent à relancer un plan de paix adopté fin 2015 par la communauté internationale. Ce plan comprend un cessez-le-feu durable, de l’aide humanitaire conséquente et un processus de transition politique entre le régime syrien et l’opposition modérée.
S’il a salué l’accord, Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU), a dit « attendre de toutes les parties qu’elles facilitent les efforts des Nations unies visant à livrer de l’aide humanitaire aux populations qui en ont besoin, y compris celles qui vivent dans les zones assiégées ».
Le Monde