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Primaire à droite : Notoriété, ministère, vengeance… Que peuvent gagner les outsiders?

Une grande partie des candidatures à la primaire à droite et du centre ne semblent avoir aucune chance de renverser Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, grands favoris de cette élection interne…

La primaire de la droite des 20 et 27 novembre désignera le ou la championne pour la présidentielle de 2017. A côté du duo préféré des enquêtes d’opinion, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, les autres prétendants à la primaire ont peu d’espoir de gagner à moins d’un retournement de situation spectaculaire. Quant aux gaullistes  Henri Guaino et Michèle Alliot-Marie, ils ont tout deux annoncé vouloir se présenter à la présidentielle sans passer par une primaire. Quel est l’intérêt, voire le bénéfice, de ces candidats promis à la défaite ? 20 Minutes compte les bonus.

Une candidature de « résurrection », voire de vengeance

La primaire à droite a vu revenir certaines personnalités des limbes, prêtes à en découdre. Jean-François Copé, forcé à la démission de la présidence de l’UMP en 2014 après la révélation du scandale Bygmalion, s’est replongé dans la bataille après avoir échappé à une mise en examen dans l’affaire des fausses factures durant la présidentielle 2012. « C’est une candidature de résurrection, mais le motif de la vengeance est à mon avis tout aussi fort, souligne Arnaud Mercier, professeur de communication politique à l’Institut français de presse.

« La candidature de Jean-François Copé vise à se venger de Nicolas Sarkozy, à ne pas laisser place nette à François Fillon, son ancien adversaire à la présidence de l’UMP en 2014, ou encore des autres candidats qui ont été ministres de Nicolas Sarkozy et qu’il surnomme la « bande des quatre » », ajoute le chercheur à l’Université Panthéon-Assas.

Pour le politologue Thomas Guénolé, la candidature de l’ancien Premier ministre François Fillon pourrait, dans une certaine mesure, être elle aussi motivée par une hostilité envers Nicolas Sarkozy. « Il est son ancien Premier ministre et a eu le temps de nourrir sa colère. Par ailleurs, François Fillon sait qu’il est le troisième homme de cette élection. Il attaque Nicolas Sarkozy frontalement et tape fort sur les affaires judiciaires pour faire s’écrouler l’ancien président. »

Gagner un maroquin et « incarner la relève »

Recueillant 5,63 % à la primaire socialiste de 2011 avant de se rallier à François Hollande, Manuel Valls est devenu cinq ans plus tard Premier ministre. Un destin qui donne des idées à certains impétrants. Les candidats Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Geoffroy Didier (non qualifié à la primaire) pourraient espérer un ministère en cas de victoire de la droite en 2017. « Chacun prend date pour le tour suivant, à savoir la présidentielle de 2022, souligne Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof. « Tous savent que Nicolas Sarkozy ne repartira pas pour deux mandats, et Alain Juppé affirme qu’il ne fera qu’un mandat en cas de victoire à la présidentielle. Ils veulent donc incarner la relève », ajoute l’enseignant à Sciences-Po Paris.

La « candidature-sanction »

Incapables de réunir les parrainages obligatoires à la primaire à droite, Henri Guaino et Michèle Alliot-Marie eux ont décidé de tenter leur chance, chacun de leur côté, à la présidentielle. L’un comme l’autre ont décidé de passer outre la primaire, qualifiée « d’escroquerie démocratique » par l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Fidèles au gaullisme, les deux estiment qu’une présidentielle se fait par « la rencontre d’un homme et d’un peuple ». « C’est une « candidature-sanction » de Nicolas Sarkozy, qui rappelle celles de Marie-France Garaud et de Michel Debré en 1981, relève Arnaud Mercier. « Ils souhaitaient torpiller Jacques Chirac à la présidentielle, car ils estimaient qu’il n’était pas digne de la fonction », ajoute le chercheur.

Une candidature pour se faire de la publicité

Cette primaire à droite bénéficie d’une attention particulière des médias. Ce qui ravit certains, convaincus de prendre la lumière pendant quelques mois… « La primaire est l’occasion d’exister pour un certain nombre de troisièmes, voire de quatrièmes couteaux », tranche le politologue Thomas Guénolé. Il évoque Nadine Morano, mise à l’écart par les sarkozystes après ses propos polémiques sur la France, «pays de race blanche ». Avant de cibler Frédéric Lefebvre, qui souhaiterait être qualifié à la primaire du fait de son statut de président de son microparti « Nouveaux horizons ». « Les candidatures de Jean-Frédéric Poissson, président du Parti Chrétien-Démocrate, et Hervé Mariton, sont des candidatures de témoignage », complète Bruno Cautrès, qui conclut : « Ils n’ont pas de prétention ministérielle et ne sont pas motivés par la vengeance. Avec la primaire, ils veulent faire vivre leurs idées conservatrices qui restent minoritaires. »

20 minutes

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