Cette nouvelle version des université d’été du FN à Fréjus ont été l’occasion d’afficher l’unité du parti à la veille des scrutins de l’année prochaine. David Rachline a ainsi été officiellement nommé directeur de la campagne présidentielle qui s’annonce.
De notre envoyé spécial à Fréjus
«Ces deux jours marquent le début de la campagne présidentielle», a lancé ce dimanche Marine Le Pen à l’occasion de son discours de clôture du rassemblement de Fréjus. Les «Estivales de Marine Le Pen», organisées ce week-end dans le Var, ont pris la forme d’une démonstration de force à la gloire de la candidate du Front national. Galvanisés par de bons sondages, nombre des participants considèrent la victoire comme étant jouable. Largement expurgée des symboles du parti et de la marque FN, cette version revisitée des universités d’été visait surtout à montrer un parti en ordre de marche à la veille de la présidentielle et une candidate émancipée des contingences partisanes, soucieuse de s’adresser au plus grand nombre. Marine Le Pen était bien sûr à l’honneur: la présidente du FN a également souhaité faire passer l’idée qu’elle était prête à gouverner et qu’elle était entourée.
» Le live des ces deux jours
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L’une des informations principales de ces deux jours reste la nomination de David Rachline en tant que directeur de campagne pour la présidentielle. Le maire de Fréjus, puissance accueillante du rassemblement, a été présenté comme un exemple de «la méritocratie» de la réussite des maires FN. Au-delà de l’affichage, il incarne la jonction entre les tendances divergentes du parti, incarnées par Florian Philippot et Marion-Maréchal Le Pen. Les trois n’ont d’ailleurs pas manqué de s’afficher côte à côte en salle de presse pour marquer leur union. Plus de traces par ailleurs cette année de l’héritage de Jean-Marie Le Pen. Les nostalgiques de sa ligne plus radicale ont été priés de se faire discrets. Le fondateur du parti, qui observe à distance les débats, a confié au Figaro son amertume de n’avoir pas été invité. Sur place, ses derniers proches encore actifs au parti, comme Bruno Gollnisch et Christophe Boudot, ont rencontré un bon accueil.
Les débats sur l’économie passionnent moins que ceux sur l’immigration
Dans un climat «apaisé et convivial» de l’avis de nombreux militants, ces deux jours ont été l’occasion de mesurer le chemin accompli depuis l’élection présidentielle de 2012. Le Front national a mis l’accent sur les travaux de ses collectifs thématiques, qui permettent au parti de sortir de son créneau habituel en traitant de santé, d’écologie ou encore d’éducation. Les questions économiques ont également été au coeur des débats, une manière pour le parti fondé par Jean-Marie Le Pen d’affirmer une crédibilité qui lui était régulièrement contestée jusqu’alors. En région, le secrétaire national aux fédérations Jean-Lin Lacapelle a travaillé à faire émerger de nouvelles têtes en amont des «Estivales», plus compatibles avec le FN de Marine Le Pen. Certains seront candidats aux élections législatives de 2017, sous le commandement du secrétaire général du parti, Nicolas Bay.
Marine Le Pen a également tenu à montrer qu’elle n’était pas seule, et que des intellectuels sont désormais prêts à soutenir son projet. Ainsi les Horaces, un groupe de quelques dizaines de «conseillers d’élite» formés de hauts fonctionnaires et de cadres supérieurs sont sortis au grand jour, par l’intermédiaire de leur porte parole Jean Messiah. À ce titre on retiendra également les interventions de l’essayiste et enseignant Jean-Paul Brigheli ou l’économiste Jacques Sapir. Il s’agissait également pour Marine Le Pen de faire la preuve de sa capacité à prendre un peu de hauteur sur les débats qui parcourent l’actualité en affichant une «constance sereine» face à «la course à l’échalote» menée selon elle, par les cadres des Républicains, Nicolas Sarkozy en tête. Parfois trop techniques, certains débats – sur les questions économiques notamment – ont peiné à captiver le militant de base, plus concerné par les thèmes de prédilection: frontières, immigration, islamisme, identité, rejet du «mondialisme» et de l’Union européenne…
Dans son discours de conclusion Marine Le Pen a souhaité s’ériger en bouclier de la liberté française, au-dessus de la mêlée: «Ce qui nous a fait grandir depuis des années, ce n’est pas un parti, ce n’est pas un mandat, mais c’est le souci de la France». «La France n’est plus une nation souveraine», a regretté l’eurodéputée. «Sur notre sol sont présents des ennemis qui entendent imposer des mœurs de l’extérieur», a prévenu Marine Le Pen en référence aux islamistes radicaux. «Les Français sont dépouillés du droit d’être eux-mêmes sur leur territoire», a-t-elle déploré, accusant le gouvernement de se soumettre aux puissances étrangères: «Bruxelles, Washington ou Berlin!»
Pour parachever son entrée en campagne, reste à la présidente du FN de connaître ses adversaires. Encore dans l’incertitude en pleine campagne pour la primaire de la droite, les frontistes ont principalement ciblé Nicolas Sarkozy tout au long du week-end. Si Marine Le Pen a placé la défense de la souveraineté française au cœur des travaux de ces «Estivales», il faudra attendre une convention prévue au mois de février prochain pour connaître le détail de son programme. D’ici là, le mot d’ordre frontiste, qui a tout d’un slogan de campagne, est déjà trouvé: «Au nom du peuple!»
Le Figaro