Allex, Saint-Denis-de Cabanne, Saint Brévin… Un peu partout dans le pays, des habitants protestent contre la répartition des migrants de Calais dans leurs communes et demandent à être consultés. Samedi, la justice a jugé «illégal» le référendum local proposé par le maire d’Allex dans la Drôme.
Manifestations, demandes de référendum et parfois passage à l’acte violent: la répartition programmée des migrants de Calais dans le pays suscite de vives réactions, et la grogne monte contre un plan jugé arbitraire et imposé sans le consentement des habitants.
Samedi, le maire d‘Allex, un village de 2500 habitants de la Drôme, a dû annuler le référendum local qu’il comptait mettre en œuvre au sujet de l’accueil des migrants dans sa commune. Le tribunal administratif de Grenoble, saisi par les représentants de l’État, a en effet jugé cette consultation «illégale». Motif? L’hébergement d’urgence n’est pas une prérogative de la commune mais de l’État, et la mairie ne peut donc s’arroger le droit d’une consultation populaire sur ce sujet. Pourtant, depuis la rentrée, les habitants du village grondent contre l’accueil prochain de 50 personnes venues de Calais qui seraient installées dans un centre d’accueil et d’orientation (CAO) implanté dans le château Pergaud, situé à l’écart du village.
A l’image d’Allex, de plus en plus de villages s’opposent à la répartition imposée des migrants de Calais.
Samedi, 250 personnes ont manifesté à l’appel du FN devant l’église de Saint-Denis-de-Cabanne, un petit village de 1284 âmes situé dans la Loire. En novembre prochain, le village de vacances EDF accueillera plusieurs dizaines de migrants venus du bidonville calaisien. Présent, le secrétaire général du Front national Nicolas Bay, a dénoncé «ces accueils forcés au frais du contribuable».
A Louveciennes, élus et opposants marcheront dimanche contre le projet d’installation d’un centre d’accueil de migrants. L’État envisage depuis plusieurs mois d’établir un campement dans cette ville cossue de l’Ouest parisien, sur le site de Villevert, un terrain de 22 hectares – soit la surface du camp de Calais – mais seulement pour «une centaine de migrants», insiste la préfecture des Yvelines pour rassurer la population. Samedi dernier, une manifestation avait rassemblé plus d’un millier de personnes. Le site qui doit accueillir le centre d’accueil a été visé par un incendie criminel dans la nuit de mardi à mercredi. Début septembre, un futur centre d’accueil avait aussi été incendié à Forges-les-Bains dans l’Essonne. Une partie des habitants de cette commune de 3800 âmes sont opposés à l’arrivée de 91 migrants dans leur ville. Selon un sondage commandé par la municipalité, 61% des habitants sont contre cet accueil. 150 habitants ont manifesté mercredi dernier.
Au FN, une charte «ma commune sans migrants»
A Champtercier, dans les Alpes-du-Sud, les habitants demandent également un référendum. Dès la mi-octobre la commune de 820 habitants devra elle aussi héberger un CAO qui prendra en charge une centaine de migrants. Ils devront rester six mois au maximum. Autre exemple à Saint-Honoré-les-Bains, où, le 21 septembre dernier, une poignée d’habitants ont organisé une journée «village à vendre» pour protester contre la création d’un CAO qui pourrait selon eux avoir un impact sur le tourisme de cette petite ville curiste. A Arès, petite ville de 6000 habitants du bassin d’Arcachon, la municipalité a voté vendredi contre l’accueil d’une cinquantaine de migrants venus de Calais décidé par la préfecture. Ici aussi, c’est dans un centre de vacances EDF qu‘ils devraient être hébergés. Malgré le vote municipal, et l’hostilité des habitants, c’est le préfet qui a le dernier mot. Le 17 septembre, c’est à Saint-Brévin, non loin de Nantes, que partisans et opposants à l’accueil de 70 migrants se sont affrontés à coups de slogans contraires “Nous sommes tous des migrants” ou “On est chez nous”.
Les exemples sont légion, et la fronde grandit de jour en jour. Le gouvernement, qui a promis le démantèlement du camp de la Landes (dit la «jungle») où s’entassent plus de 10.000 migrants, a prévu la création de 12.000 places d’hébergement partout en France, sauf en Ile-de-France, déjà surchargée, et en Corse, en raison du contexte. Depuis plusieurs semaines, l’opposition s’indigne de la création de «petits Calais».
Le Figaro