Voxnr – Emprise

Présidentielle 2017 : après le «tout-libéral», la droite ouvre un volet «social»

François Fillon promet 10 milliards de mesures pour les ménages. De plus en plus de voix s’élèvent à droite pour mettre en garde contre le « tout-libéral ».

« Au secours, la droite revient ! » ­Difficile de dire que les candidats à la primaire de la droite n’ont pas senti le piège de cette antienne entonnée par la gauche face à leurs projets économiques pour 2017. Qui plus est au moment où la réforme du Code du travail échauffe les esprits. Et quand la ­critique du « tout-libéral » devient un argument de campagne entre les écuries de droite elles-mêmes.

Aussi François Fillon, candidat à la primaire qui revendique le projet le plus radical – « irréaliste » raillent ses adversaires – a tenu à mettre en avant, lors d’un meeting mardi soir dans les Hauts-de-Seine puis sur le plateau du 20 heures de TF1, un volet « social ». Il a plaidé pour une « France libre et solidaire, une France qui gagne et ne laisse tomber personne ». S’il dément toute inflexion – il conserve 110 milliards de baisse des dépenses, une hausse de 3 points de TVA pour financer ses mesures « compétitivité » -, François Fillon a annoncé qu’il prévoyait désormais 10 milliards de mesures pour les ménages. Une tentative pour atténuer l’aspect « du sang et des larmes » de son projet, redouté jusque chez ses soutiens.

Il envisage notamment de revenir à l’universalité des allocations familiales, de porter le plafond du quotient familial à 3.000 euros et – mesure qui toucherait des catégories plus larges – de supprimer, pour le pouvoir d’achat, les cotisations salariales assurance-maladie (soit près de 6 milliards à compenser par des économies). Et puis il propose aussi un plan pluriannuel « grande pauvreté ».
« Tactique politicienne »

Ce week-end, Laurent Wauquiez, soutien de Nicolas Sarkozy, avait déclaré au « JDD » se « méfier de la course à « plus libéral que moi tu meurs » […] Si le libéralisme est un capitalisme sans racines et sans identité, ça ne m’intéresse pas », avait-il ajouté. Bruno Le Maire prend lui aussi soin de mettre en garde contre toute « purge ». De même, candidat à la candidature, le conseiller régional Geoffroy Didier veut préempter le créneau de « l’alternative à l’austérité ». « Une tactique politicienne », a commenté Virginie Calmels dans l’équipe d’Alain Juppé, mardi, sur France Inter. Et s’il n’est pas question d’inflexion chez Alain Juppé sur son projet économique, ses soutiens, à l’instar de Virginie Calmels et de Jean-Pierre Raffarin, soulignent plutôt son « bon sens », son objectif – « mon ennemi, c’est le chômage, pas la finance » – ou l’ « équilibre » du « candidat le plus tempéré », (« fermeté à la Juppé et humanité » », dixit Jean-Pierre Raffarin).

Nicolas Sarkozy, de son côté, est en quête d’un électorat plus populaire pour la primaire. Le président des Républicains n’a désormais de cesse, comme il doit le faire ce mercredi en meeting dans le Nord, de vouloir s’adresser « pas à une catégorie des Français mais à tous les Français », comme il l’avait martelé dernièrement lors d’une convention du parti sur la protection sociale. « Quand la vie vous fait un coup dur, en France, on ne vous laisse pas tomber. Il n’est pas question de remettre en cause cette solidarité », avait-il lâché. Mardi,

François Fillon a même assuré vouloir parler pour « les sans-grade, les sans-carnet d’adresses, les exclus du système ». Il a terminé son discours sur la « France, fière de son identité ». Après la séquence économie, c’est un thème que les rivaux d’Alain Juppé, défenseur d’une « identité heureuse », veulent faire monter pour tenter de le fragiliser.

Isabelle Ficek

Les Echos