Alors que les policiers manifestent quotidiennement depuis trois jours, le député PS de l’Essonne Malek Boutih a prôné jeudi une « vraie offensive anti-racaille dans les banlieues ». « Il faut arriver à isoler les voyous aujourd’hui du reste de la population et de la jeunesse », a estimé l’ancien président de SOS Racisme, sur RTL, défendant les forces de l’ordre : « c’est normal que les mecs aient les boules, qu’ils aient peur, on doit les protéger », a plaidé ce soutien de Manuel Valls. Ce n’est pas la première fois que le député utilise un terme plus souvent employé par la droite que par la gauche.
« Ce qui a changé, c’est le niveau de violence, le terrorisme, et cette frange de population qui veut tuer un policier ». Membre de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, Boutih dénonce « un nouveau gangstérisme né de la prohibition de la drogue, de l’abandon des territoires, d’une décentralisation qui fait qu’on a des élus locaux parfois, soit qui parlementent avec les voyous, soit les laissent faire, soit qui disent Il me faut de l’argent ». « Qu’on arrête de donner des chèques à des élus, des associations. (…) La politique du chèque est une politique d’échec. C’est une histoire qui est née il y a 30 ans », a-t-il reproché.
Le député de l’Essonne a cependant rendu hommage à Bernard Cazeneuve, « un ministre de l’Intérieur dévoué à sa tâche » et « qui n’en fait pas une carrière politique », a-t-il lancé. Une demi heure plus tard, sur Europe 1, Nicolas Sarkozy évoquait, lui, « ce qui nous sert de ministre de l’Intérieur » pour parler de Cazeneuve.
« Les policiers sont épuisé, ils arrêtent toujours les mêmes personnes sans que celles-ci n’aillent en prison. On les met sur le même plan que les délinquants. Je n’ai jamais vu notre pays dans un tel climat de perte d’autorité générale », a asséné l’ancien président de la République depuis la Corse, où il est en déplacement, affirmant que « 50% des crimes et délits sont le fait de 5% des délinquants ».
Fustigeant la politique laxiste menée par le gouvernement – « quatre ans ministre de l’Intérieur, cinq ans président de la République, je n’ai pas le souvenir d’avoir couvert un collectif qui s’appelle Urgence, notre police assassine » – le candidat à la primaire à droite a redonné ses propositions : « je veux qu’à chaque fois qu’on touche à un policer, un gendarme, un gardien de prison, un pompier, ce soit une peine de prison ferme automatique et immédiate. Et je veux associer à cela les enseignants », a-t-il précisé en évoquant la récente série d’agressions contre des professeurs, « le rétablissement des peines plancher pour ceux qui agressent les fonctionnaires de police », supprimer « l’excuse de minorité » pour les 16-18 ans et des tribunaux correctionnels pour enfants.
« Est-ce que Cazeneuve a écouté de vrais policiers ? Je ne parle pas des syndicats ou des autorités », a interrogé, sur RMC et BFM TV, Nicolas Dupont-Aignan. Le président de Debout la France assure être allé voir les manifestants. « Je suis horrifié par ce que m’ont raconté les policiers. Ils ont peur, croyez-moi. (…) Nous sommes le seul pays au monde où l’on peut tabasser un policier sans risque. Il y a un manque de moyens, un mépris de la justice et de la hiérarchie », a-t-il jugé. Candidat à la présidentielle, Dupont-Aignan propose de « recruter 40 000 policiers et créer des places en prison ».
Le Parisien