En novembre dernier, le président du CRIF Francis Kalifat exprimait dans une interview son désir de voir l’antisionisme condamné par la loi au même titre que l’antisémitisme. Une exigence aberrante qui confirme encore davantage la soumission de l’État aux intérêts communautaires et le caractère liberticide d’une gouvernance qui chaque jour réduit un peu plus la liberté d’expression et d’opinion.
Une telle exigence de la part d’un lobby comme le CRIF ne doit cependant pas nous surprendre puisqu’elle s’inscrit dans la droite ligne de la volonté exprimée d’abord par Manuel Valls en 2016, puis récemment par Emmanuel Macron lors de la commémoration du Vel’ d’Hiv’ ; affirmant que la rafle fut une initiative française–ce qui est un mensonge éhonté–le chef de « l’état » français ajouta que l’antisionisme constitue une forme « réinventée » d’antisémitisme.
Nous ne reviendrons pas sur la distinction entre le sionisme qui constitue une idéologie politique rassemblant aussi bien des juifs que des chrétiens (notamment aux États-Unis) ou des athées1, et le judaïsme qui est une religion. Il est difficile en effet de trouver un point commun entre l’œuvre de Jacques Attali et celle d’Isaac Louria… consciemment ou non le CRIF, en assimilant sionisme et judaïsme nie à ce dernier sa dimension spirituelle et prend en otage ceux des juifs qui n’ont aucun lien avec le lobbying ou le communautarisme.
Par ailleurs affirmer que le sionisme et le judaïsme sont liés revient à considérer les juifs comme un ensemble monolithique œuvrant à un même projet politique ce qui précisément est le postulat de base des véritables antisémites… Car en effet, affirmer qu’être antisioniste c’est aussi être antisémite, c’est en définitive déclarer qu’être juif revient de facto à être sioniste. Nous comprenons que ce soit là le désir des promoteurs du sionisme, qui bien évidemment souhaitent que tout juif soit un soldat de leur cause, mais ce n’est pas là (a priori) une réalité.
Pour mémoire cette proximité idéologique entre les intérêts sionistes et antisémites ne date pas d’hier ; il existe une période de l’histoire du nazisme qui semble avoir été volontairement oubliée, celle de l’accord haavara.
Conclu en 1933 entre le troisième Reich d’un côté, les représentants sionistes d’Allemagne et la banque Leumi–institution financière créée en 1902 par Théodore Herzl, le père du sionisme, et toujours active aujourd’hui–de l’autre, cet accord visait à favoriser l’émigration des juifs hors d’Allemagne vers la Palestine. Un accord favorable aux projets des deux parties qui effectivement envisageaient la communauté juive comme un bloc monolithique, l’Allemagne souhaitant solutionner la « question juive » en créant un foyer loin de l’Europe et les sionistes accomplissant ainsi le rêve d’une alyah générale.
Il semble qu’aujourd’hui comme hier le sionisme ait du mal à masquer ses dérives totalitaires et sa vision « essentialiste » des communautés. Les dirigeants sionistes passés et présents ont de plus un autre point commun fondamental, celui de n’avoir jamais été au bout de leur propre logique en ne retournant pas vers « la terre promise ». Ainsi donc les lobbyistes du CRIF tel que Kalifat ou les députés binationaux tels que Meyer Habib préfèrent nettement conserver une situation bien confortable en France tout en servant des intérêts étrangers…
Note
- 1 Le sionisme est en définitive foncièrement anti spirituel