Plus j’y pense & plus le mythe de la Ghouta m’apparaît comme le nouveau médiamensonge de l’Occident. La version 2018 des couveuses de Koweït-City & des ADM de Saddam ! C’est bien connu : seuls les Occidentaux font la guerre avec tact & modération. & lorsqu’ils commettent, non pas des crimes de guerre (c’est bon pour les Russes & les Syriens), mais des dommages collatéraux, c’est par inattention & à regrets. Combien de temps encore de tels errements bobards vont-ils être défendus ? 1ère Partie.
| Q. Donc, vous persistez dans vos critiques visant l’Islam radical ?
Jacques Borde. Tout d’abord, la vérité, un peu laissée de côté par beaucoup, m’oblige à un triple rappel malheureusement indispensable :
Primo, selon les termes mêmes de la Résolution 2401, les factions armées terroristes Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)1, Al-Qaïda et Hayat Tahrir al-Chām sont exclus du cessez-le-feu, de même que, à la demande de la Russie, « d’autres individus, groupes, entités, associés » avec ces organisations ainsi que « d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité ».
Secundo, de ce fait, les opérations militaires conduites contre les factions armées terroristes mentionnées ci-dessus peuvent parfaitement se poursuivre selon les modi operandi (y compris les frappes aéroportées) choisis par l’Al-Jayš al-’Arabī as-Sūrī (AAS)2 et ses alliés et partenaires.
Tertio, la seule trêve qui vaille – et j’y reviendrai dans un prochain entretien – est celle consentie par Moscou qui accorde un répit de quelques heures par jour aux assiégés de la Ghouta. Et certainement pas celle mise à bas au forceps diplomatique par le machin (sic) onusien et le cloaque occidentalocentré qui, bien évidemment, ont été infoutus d’obtenir l’arrêt des combats de la part de leurs proxies takfirî. Pour que, d’ailleurs, que cette idée ait pu leur traverser les méninges.
Quant à l’Islam radical, je ne sais pas ce que ce terme veut dire.
Ce que je connais, critique et condamne, c’est la doctrine du Takfir qui pose problème là où elle se propage et là ou elle est tolérée par tout ou partie de la direction politique (sic) de ceux qui se posent comme représentants de telles ou telles parties de la communauté musulmane.
Sans parler de ceux qui, musulmans et/ou non musulmans, voient les terroristes assiégés dans la Goutha orientale avec les yeux de Chimène.
| Q. Parleriez-vous, pour autant, d’une menace takfirî en France ?
Jacques Borde. « 25% des musulmans de PACA fréquentent une mosquée salafiste ». Et, ça n’est pas moi qui le dit, mais Mario Stasi de la LICRA ! Là, je prends pour acquis que par salafiste, Mario Stasi entend ce que, moi, je classe dans la catégorie takfirî.
Passionnant lorsqu’on réalise qu’au Levant, les adeptes du Takfir sont, en fait, ultra-minoritaires. Probablement pas plus de 5% de la population. Et encore…
| Q. À propos du Levant, quid de cette trêve (éphémère) dans la Goutha Orientale que réclamait Paris ?
Jacques Borde. (Soupir) Paris et Berlin, en fait. À peu près aussi intelligent (sic) que si nous voulions lever le pied dans nos OPEX au Sahel. Désolé, la guerre contre la terreur takfirî ne se saucissonne pas.
À synthétiser ce qui a été dit sur le plateau de C-dans-l’air3 (notamment excellemment par Jean-Dominique Merchet4, bien seul à avoir la tête sur les épaules ce jour-là), on peut diviser les combattants armés, pour reprendre l’expression US visant (notamment) les terroristes détenus à juste raison à Guantanamo, on a, en fait, trois catégories distinctes, mais pas nécessairement étanches entre elles, qui sévissent dans la Ghouta orientale et sa périphérie :
1- une première faction liée à Riyad.
2- une deuxième liée au Qatar.
3- la dernière affiliée à Al-Qaïda.
Autrement dit tous les sponsors historiques de la terreur takfirî ! Ou, grands dieux, voyez-vous de gentils démocrates là-dedans ?
Mais, bon, Moscou et Damas ont voulu faire preuve de bonne volonté…
| Q. Alors, comment synthétiseriez-vous la position de la France ?
Jacques Borde. Verbatim Jean-Dominique Merchet : « La France s’est complètement plantée en Syrie ». Plus brutalement encore, la position de l’administration Macron sur ce dossier est indéfendable.
La Goutha orientale est un fief nazislamiste. Elle doit donc, de gré ou de force, revenir à sa mère-patrie syrienne comme Mossoul est revenu à sa mère-patrie irakienne. Un point, c’est tout. Sinon, pourquoi la France, elle aussi, ne négocierait-elle pas avec Boko Haram et les autres représentants de la terreur takfirî ? Et ce « dans les meilleurs délais », comme le demande Emmanuel Macron…
Et puisque nous parlons de la Ghouta, lisez donc ce tweet :
« Les #victimes civiles d’hier à #Damas sont nombreuses. Aujourd’hui, déjà deux #missiles sur le quartier #chretien Bab Touma . #Ghouta.Si depuis 5ans des terroristes installés à quelques km bombardaient #Paris et tuaient régulièrement des civils,que ferions nous??
« Rien dans nos médias sur ces civils tués à Damas par les bombardements provenant de ces enclaves terroristes #Syrie twitter.com/soscdorient/st… ».
| Q. Et ça ne vous choque pas de dire ça alors que nous venons de perdre deux de nos soldats au Sahel ?
Jacques Borde. Parce que vous croyez que l’Al-Jayš al-’Arabī as-Sūrī (AAS) et ses alliés ne perdent pas de soldats face aux terroristes takfirî ?
Cet argument, désolé, ne tient pas debout. Syriens, Irakiens et Libanais perdent des hommes tous les jours. Et beaucoup plus que nous. Une raison supplémentaire d’en finir avec les terroristes armés de la Ghouta orientale. Cette poche doit être liquidée une fois pour toute.
| Q. Diriez-vous que nous sommes isolés sur ce dossier ?
Jacques Borde. Oui et non.
Non, parce que lorsqu’il s’agit d’agiter la bannière du droit-de-l’hommisme béat, nous avons toujours un succès d’estime. Voir la déclaration conjointe – pleine de pathos et de bons sentiments, mais la géopolitique ne se fait pas avec des bons sentiments, tout au contraire – de la Bundeskanzlerin5 Angela D. Merkel, et du président français, Emmanuel Macron, Mais au-delà ?
Oui, dans la praxis. Notez ainsi que, contrairement à sa Bundeskanzlerin, le patron du Bundesnachrichtendienst (BND), Bruno Guntram Wilhelm Kahl, a insisté sur la nécessité « d’entamer un dialogue » avec les autorités syriennes et avec le président syrien, le Dr. Bachar el-Assad, « dans la lutte contre le terrorisme ».
Kahl a ajouté que son SR « essaye d’établir des contacts avec la Syrie pour éviter des dommages », justifiant cela par « la nécessité d’obtenir des informations sur Al-Qaïda, DA’ECH et autres organisations terroristes ».
| Q. Pour faire quoi au juste ?
Jacques Borde. Il est un peu tôt pour le dire. Mais, de son côté, Der Spiegel a évoqué « l’invitation des Renseignement allemand à ouvrir un dialogue avec Damas ». Sachant que, « cette invitation a reçu le soutien » de la Christlich Demokratische Union Deutschlands (CDU) de Merkel, du SPD6, des Libéraux, d’Alternative für Deutschland (AfD)7, etc.
Ô surprise, se sont opposés à cette invitation les Grünen, et des formations de gauche. Apparemment, en Allemagne comme en France, les groupies du nazislamisme ont la même couleur politique.
| Q. Mais les propos de Merkel et Macron, alors ?
Jacques Borde. C’est du discours, du brassage d’air. Et rien d’autre.
| Q. La Ghouta est-elle encore défendable ?
Jacques Borde. Militairement ? De moins en moins. Moralement ? Désolé de le dire. Pas du tout. Tout ce que l’on entend, c’est du discours, de la méthode Coué. Voire, pour certains, du propaganda staffel ad usum takfirî.
| Q. Et vous ne trouvez pas le modus operandi de Damas un peu lourd ?
Jacques Borde. Parce que nous ne sommes pas Syriens. Réfléchissez un instant ! Qui tolérerait que du 93 (ou le 9-3 comme disent d’aucuns), des centaines et centaines de Merah et de Coulibaly pilonnent au mortier lourd ou au Grad le Quartier Latin ?
Gober et avaliser cette fable indigeste, c’est exactement, ce que font nos Je Suis Partout et Gringoire8 de la presse (sic) perfusés à l’or golfique. Plus généralement comme l’a dit Merchet, chacun voit midi à sa porte. En s’absolvant, par ailleurs de ses propres actes…
| Q. Comment ça ?
Jacques Borde. Concernant la guerre qui est conduite globalement, et à contrecœur pour certains, contre la terreur takfirî et ses métastases, on rappellera que :
Primo, 2 à 3.000 civils ont bien été tués à Raqqa (196.529 habitants en 2009), délivrée de Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH), par nos propres proxies kurdes et conseillers militaires (sic) occidentaux.
Secundo, 5 à 6.000 autres civils voire 9 à 11.000, selon les sources, tous aussi innocents que beaucoup de ceux qui meurent dans la Ghouta orientale (autour de 400.000), ont trouvé la mort dans la libération, encore plus violente, de Mossoul (2.721.096 habitants en 2008).
Et encore s’agit-il là d’estimations plutôt basses. Il faut probablement doubler, voire tripler, ce que nous appelons chez les autres des crimes inexpiables et chez nous des dommages collatéraux.
Alors, de grâce, arrêtons cet onanisme partisan, la « retenue de frappe » occidentale, comme nous le dit Merchet, c’est de la foutaise.
| Q. Et le cataclysme humanitaire ?
Jacques Borde. Deux choses :
Primo, Russes et Syriens ont proposé, à plusieurs reprises, une cessation négociée des combats. Ce sont les terroristes takfirî qui les ont toutes, et je dis bien absolument toutes, refusé. Comme ce sont eux qui, la trêve à peine acquise, ont repris leurs tirs à l’arme lourde.
Secundo, quid du cataclysme humanitaire dont, nous Occidentaux, nous nous sommes complaisamment accommodés à Raqqa et Mossoul ?
Sauf à considérer qu’à Raqqa, Mossoul et ailleurs, les dizaines et dizaines de milliers de civils passés de vie à trépas ont dû tous mourir de gastro ou de grippe espagnole. Vu que les gentils pilotes occidentaux ne tuent pas de civils. Sauf quelques dommages collatéraux. Mais, promis juré : eux font pas exprès !…
| Q. Et lorsque Macron et Merkel, jugent « essentielle » un trêve pour mettre en œuvre les prochaines étapes de la reconstruction ?
Jacques Borde. Plusieurs choses :
1- c’est au gouvernement et aux autorités militaire syriennes en charge de la conduite des opérations d’apprécier la nature, la durée et l’opportunité d’une trêve de cette nature.
2- une éventuelle trêve de longue durée ne pourra se mettre en place que si les terroristes takfirî assiégés acceptent de s’y plier. Ce qui, jusqu’à présent, n’a pas été le cas.
3- je ne vois pas en quoi l’instauration de cette trêve est du ressort des administrations Macron et Merkel.
| Q. Je ne vous y sens pas très favorable ?
Jacques Borde. Pas du tout, vous voulez dire. On a vu combien de temps, elle a duré !
On sait à quoi ont servi la plupart de celles imposées à Damas : à réarmer et ravitailler, ou parfois évacuer, les factions armées terroristes. Le seul arrêt des hostilités envisageable est celui qui actera la reddition et le départ des combattants armés takfirî actuellement assiégés. Le mieux est donc de laisser le gouvernement syrien et ses alliés d’en choisir l’heure et le moment.
Sinon, à l’aune naïvement envisagée par le président français, Emmanuel Macron, et son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, pourquoi n’associe-t-on pas les terroristes survivants des attaques du Bataclan et de l’Hyper-Casher à l’avenir politique de la France ?
Après tout ce sont tout autant des bouchers et des assassins que les combattants armés de la Ghouta orientale. Et c’est très exactement ce que nous demandons à Damas de faire…
[à suivre]Notes
1 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
2 Armée arabe syrienne.
3 Du 22 février 2018.
4 Pacha du Blog Secret Défense depuis 2007, Jean-Dominique Merchet s’occupe des questions militaires et stratégiques depuis un quart de siècle. Une passion dans laquelle il est tombé tout petit… Né en 1959, franc-comtois et versaillais, ancien de Libération, il est également auditeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Il est le correspondant Défense et diplomatie de l’Opinion.
5 Chancelière fédérale.
6 Ou Sozialdemokratische Partei Deutschlands, Parti social-démocrate d’Allemagne en français.
7 Alternative pour l’Allemagne en français.
8 Titres phare de la presse collaborationniste sous l’Occupation.