« Les États-Unis auront eu B. Hussein Drone Obama, ils pourraient voir lui succéder la faiseuse de guerre Hillary R. Clinton. À moins que Donald J. Trump ne l’emporte. Un homme, semble-t-il, plus ouvert & attiré par paix que par les lauriers de chef de guerre. Plutôt une bonne nouvelle, non ? », écrivais-je en amont des présidentielles US. J’y expliquais que Trump l’iconoclaste, Trump le pragmatique, Trump l’homme de la Déception1, avait tout pour devenir non le faiseur de la énième guerre étasunienne, mais le faiseur de paix entre Pyongyang & Séoul. Aujourd’hui, les faits commencent à me donner raison. Une fois de plus…
La Convention démocrate aura été d’une pauvreté intellectuelle rarement atteinte. À quoi avons-nous eu droit :
1- au battage d’estrade convenu de B. Hussein Obaman, le bonimenteur de sa propre incompétence ;
2- au ralliement, contraint et forcé de Bernie Sanders, mais qui – depuis ou juste avant – aurait quitté [en fait, non, NdlR] le Parti Démocrate.
3- aux allégations et aux insultes de celles que beaucoup de ses concitoyens n’appellent plus que HiLIARy (Hillary-la-menteuse) ou, pire KILLiary (Hillary-la-tueuse).
Sur le fond, la géostratégie (la seule chose qui vaille) n’a quasiment pas varié depuis Clinton-en-pantalons : les deux administrations Obama n’étant que le passage de relais (contraint) à des seconds couteaux clintoniens, en attendant l’arrivée aux affaires (dans tous les sens du mot) de la Clinton-en-jupons et d’autres clintoniens. Le grand gourou dans l’ombre devant être William J. Clinton (à son idée, évidemment).
Il est donc clair que la géopolitique étasunienne, Hillary regnante, sera un succédané de la géopolitique d’Obama, elle-même dans les pas de celle de William J. Clinton. Toutes marquées par des échecs majeurs :
1- Accords d’Oslo ;
2- Scandale Whitewater ;
3- Scandale Travelgate ;
4- Scandale Filegate ;
5- Scandale sur le financement de sa campagne présidentielle ;
6- Scandale Bimbogate ;
7- Affaire Gennifer Flowers ;
8- Affaire Paula Jones ;
9- Affaire Kathleen Willey ;
10- Affaire Monica Lewinsky ;
11- Attentats contre les ambassades US au Kenya et en Tanzanie (1998).
Pour faire court le seul vrai-faux succès international à porter au crédit d’Obama est l’accord sur le nucléaire iranien. Mais il est tellement mal ficelé (comme les Accords d’Oslo, en fait) qu’il sera revu de fonds en combles que ce soit par Mme. Clinton ou Donald J. Trump.
Sinon, la Guerre des drones d’Obama a été d’une relative efficacité. Mais ses effets positifs ont été balayés par l’action au Levant du couple B. Hussein Obama/John F. Kerry, refusant une vraie entrée en guerre contre Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (ISIS/DA’ECH)2. Et ne parlons pas des autres nazislamistes takfirî repeints au ripolin médiatique de la modération.
Question subsidiaire & légitime à la fois : que pourrait donner Donald J. Trump à l’international ?
En raison de l’autisme géopolitique de nos spécialistes (sic), une nouvelle de première importance est quasiment passée inaperçue en cette année de Primaires US. Car, bien évidemment, elle n’a pas suscité de la part des chroniqueurs spécialisés (re-sic) tout l’intérêt qu’elle méritait.
D’abord, notons qu’aux lendemains de sa victoire écrasante3 – et je pèse mes mots – à la Convention de Clevelant, Donald Trump représentera bien les Républicains dans la course à la Maison-Blanche. Après deux jours de palabres et de flonflons, le Parti républicain en a fait, mardi 19 juillet 2016, son seul et unique candidat .
Je dis victoire écrasante, parce qu’en termes de voix de délégués, Trump a cartonné. Il lui fallait 1.237 délégués, il en a eu 1.725, déjouant ainsi l’onanisme médiatique qui a entouré cette convention historique. Le fait qu’une litanie d’aigris et de grognons aient tenté (et largement réussi) d’accaparer l’attention de media à 97% pro-démocrates dans la grande République qui a tant passionné Tocqueville n’y aura rien changé. Ni le fait que le camp des fauteurs de guerre bushlériens ne le suive pas. Ce qui, en passant, lui ramènera nettement plus de voix que si l’inverse avait eu lieu et, en cas de victoire devrait permette au Jacksonien Trump de se draper davantage de la cape du faiseur de paix que de guerre…
Ceci posé, revenons à ce que je vous disais sur cette nouvelle pas assez traitée par nos media mainstream.
En effet, exceptée la sagace curiosité de quelques confrères (comme ceux de Sputnik) qui ont pris le temps de nous citer ce papier du site DPRK Today4 affichant un intérêt, inattendu pour le plus grand nombre, pour Donald J. Trump, l’a qualifié de « sage » et « clairvoyant » et allant même jusqu’à espérer que l’élection du milliardaire américain pourrait « unifier la Péninsule coréenne ».
Rappelons qu’en mai 20165, Trump a fait part de son intention de retirer les troupes US de Corée du Sud jusqu’à ce que Séoul paie davantage pour ce service de protection.
D’ordinaire, si l’auteur de cette proposition géostratégique originale n’avait pas été le vilain grand Trump, une ribambelle de chercheurs eut glosé sur l’intérêt à faire baisser la tension dans la Péninsule coréenne. Mais, les ans passant l’intelligentsia germanopratine étant désormais plus otanienne qu’indépendante, plus munichoise que gaullienne, plus kollabo que France libre, la perspective de voir la thalassocratie étasunienne se montrer moins hégémonique que par le passé a semblé insupportable à toute cette coterie.
Exceptés quelques postes émérites octroyés dans des cénacles et universités nord-américaines, comprenez pourquoi…
Côté nord-coréen, les réactions des media officiels méritent qu’on s’y attarde. Or que nous a dit de beau DPRK Today ?
Qu’« Il s’avère que Trump n’est pas ce candidat au parler brutal, cinglé et ignorant qu’on dit qu’il est, mais qu’il est un politicien sage et un candidat présidentiel visionnaire ». Car, « Donald Trump a dit qu’il ne participerait pas à une guerre entre la Corée du Nord et du Sud – n’est-ce pas une chance d’un point de vue nord-coréen ? », s’est interrogé le journal nord-coréen.
Même son de cloche au plus officiel Rodong Sinmun, pour qui « …le gouvernement sud-coréen est incapable de masquer son angoisse lorsqu’il scrute la position du candidat présidentiel américain Donald Trump sur la politique coréenne. Il s’avère que Trump n’est pas le candidat au parler brutal, cinglé et ignorant qu’on dit qu’il est, mais qu’il est en fait un sage politicien et un candidat présidentiel visionnaire ».
Ce qui veut dire, lisons entre les lignes, que c’est bien Washington (Trump une fois installé dans l’Oval room) et non Séoul qui est à l’origine du déblocage que nous venons de connaître…
Au passage, Hillary R. Clinton, elle, se faisait habiller pour plusieurs saisons froides, étant décrite comme une femme « terne », « obtuse » et « ennuyeuse », qui préférait « utiliser le modèle iranien6 pour résoudre les problèmes nucléaires sur la Péninsule coréenne », ce, souligne DPRK Today, qui n’est évidemment pas un « scénario avantageux »7 pour Pyongyang.
Bonne question en effet : En quoi, Trump serait-il plus « sage » et « clairvoyant » ? Et son arrivée à la Maison-Blanche plus porteuse de perspectives encourageantes que celle de sa rivale ?
Primo, avec le pragmatisme qui est un peu sa marque de fabrique, Donald J. Trump a d’ores et déjà affirmé qu’il était disposé à rencontrer directement le dirigeant de la Chosŏn Minjujuŭi Inmin Konghwaguk, ou République populaire démocratique de Corée (RPDC), le camarade Kim Jong-un. La surprise que manifestent aujourd’hui nos liseurs de prompteurs8 est bien la preuve de leur abyssale analphabétisme géopolitique.
À noter, alors que la plupart des chancelleries du monde (qui, il faut le dire, accompagnent, de chaque lever et à chaque coucher de soleil, la RPDC et son chef de noms d’oiseaux divers) s’interrogent depuis des lustres sur la manière de s’entremettre avec le primus inter pares de la Corée du Nord9, sorte d’ogre mangeant les petits enfants, viennent de voir comment, d’une phrase et d’une seule, Donald J. Trump a trouvé la solution à ce casse-tête diplomatique vieux de 63 ans : se dire prêt à un tête-à tête avec Kim Jong-un, qui, en tant que Premier secrétaire du Chosŏn Rodongdang (Parti du travail de Corée) est à la tête du pays.
De fait, les récents échanges Trump/Kim n’étaient probablement que :
1- de l’écume propre à polariser l’attention des imbéciles (nos liseurs de prompteurs en premier lieu).
2- destinés à provoquer la sidération des concurrents géopolitiques que sont Moscou et Pékin.
3- une habile opération de Déception, selon la technique tirée des Renseignements que le National Security Adviser, le lieutenant-général Herbert Raymond McMaster, et le US Secretary of Defense, le général (Ret) James Mad Dog Mattis, connaissent, maîtrisent et pratiquent (comme les Israéliens ou les Égyptiens) depuis des lustres…
Simple comme bonjour, encore fallait-il y penser et oser ! Au passage, on félicitera les entourages de nos hiérarques européens qui n’ont, apparemment, toujours rien compris au film…
La chose ayant été énoncé sans invective, qualificatif désagréable, ni le moindre petit préalable, Kim Jong-un s’est, aussitôt dit, tout aussi aimablement, prêt à rencontrer Trump, dès que cela serait possible. Et, là aussi, sans aucun anathème ni aucun mot plus haut que l’autre ! Le fait qu’il accepte aujourd’hui est donc tout sauf une surprise !
Tiens donc : le dialogue direct entre Pyongyang et Washington ne serait donc pas cet alpha & oméga inaccessible, ce champ de mines impraticable que nous dépeignent force cénacles otano-(ex)otasiens et autres, mais quelque-chose à portée de la main ? Si ça, ça n’est pas une percée diplomatique et un pas de géant dans la bonne direction, je veux bien être changé en courgette avariée !
Grande trouvaille pour les dirigeants de ce monde : la Corée populaire est parfaitement disposée au dialogue pourvu qu’on cesse de l’insulter, de la menacer quotidiennement. Et, surtout, de camper à ses portes avec 300.000 hommes10.
Merci Donald J. Trump. Qui sait : avez-vous trouvé le moyen de clore un dossier empoisonnant la communauté internationale depuis le 27 juillet 1953 ? À préciser toutefois que si les combats entre les parties sont officiellement terminés et que, par la force des choses, la guerre l’est également de facto depuis cette même date entre le Nord et le Sud, seul un armistice11 a été signé12 et les deux parties sont ainsi toujours techniquement de jure en guerre, aucun traité de paix n’ayant été ratifié ou même signé.
À noter que, contrairement au propaganda staffel de certains, la RPDC ne peut pas être considérée comme le perdant de cette guerre :
Primo, ladite guerre étant de jure non finie.
Secundo, la RPDC n’ayant pas capitulé.
Mais, il y a mieux. L’un des plus vieux dossiers géostratégiques du monde, irrésolu jusqu’à ce jour, est celui la réunification de la Péninsule coréenne. Et lorsque DPRK Today, écrit que l’élection de Donald J. Trump pourrait « unifier la Péninsule coréenne », nous touchons là à l’un des plus vieux rêves hantant les Coréens.
Dans leur immense majorité ceux de Corée du Nord, dans des proportions assez élevées la diaspora coréenne (et tout particulièrement celle du Japon), moins en Corée du Sud et, fort peu dans les cercles dirigeants sud-coréens.
À préciser que ça n’est pas tant le principe même de la réunification qui refroidit plus d’un du côté de Séoul mais la crainte de son coût économique et ses perspectives politiques. Mais, passées ces craintes, il n’est pas un homme politique et un décideur du Sud qui n’ait au plus profond de son cœur la nostalgie d’une Corée unie.
Et, bien sûr, la réunification de la Péninsule coréenne est un des agendas majeurs, si ce n’est le premier, de la RPDC13 et se ses dirigeants.
Dernière initiative sur ce sujet, Pyongyang a proposé à Séoul d’organiser une conférence intercoréenne consacrée à la question de la réunification. L’initiative a été annoncée dans un discours adressé à tous les Coréens et prononcé à l’occasion du 71ème anniversaire de la libération de la Corée du Nord de l’occupation japonaise.
En fait, rien qui ne soit déjà contenu dans la Déclaration, du 15 juin 2000 signée par Kim Jong-il et Kim Dae-jung, qui stipulait que « Le Nord et le Sud, reconnaissant que la fédération minimale proposée par le Nord et le système de Commonwealth proposé par le Sud pour la réunification du pays sont similaires, se sont accordés à œuvrer ensemble pour la réunification dans cette direction à l’avenir ».
Du point de vue du Nord, la nouvelle proposition « est inspirée par une forte volonté d’améliorer les relations intercoréennes et d’accomplir la tâche de réunification nationale à l’aide des efforts conjoints de tous les Coréens », rapporte l’agence sud-coréenne Yonhap.
Alors, Donald J. Trump visionnaire ? Nul ne peut le dire. Mais, Trump en quelques mots – et comment ne pas penser au Vive le Québec Libre ! du général – a montré qu’il était d’une autre trempe qu’Hillary R. Clinton empêtrée dans une weltsicht14 à la fois ancienne, dépassée et inquiétante.
Quant à Donald J. Trump et Kim Jong-un, seront-ils les De Gaulle et Adenauer de l’Asie-Pacifique ? Et si on leur disait : chiche ? À eux deux et à cette idée folle d’une Péninsule coréenne unie et pacifiée ? Le monde s’en porterait tellement mieux.
Notes
1 Pas celle que vous croyez. Une technique des Renseignements, en fait, qui est une forme de manipulation. Jacques Baud, nous donne cette définition du travail de Déception : « Contrairement au camouflage, qui cherche à cacher une activité (mesures passives), la déception consiste à simuler une activité (mesures actives). En matière militaire, la déception se résume souvent à faire passer des activités anormales pour des activités normales. On crée ainsi une « normalité » fictive, qui masquera les activités anormales réelles (par exemple préparatifs d’attaque. L’un des procédés les plus courants est d’effectuer à plusieurs reprises des exercices ou des manœuvres dans des conditions proches de la réalité afin de créer chez l’adversaire le cry-wolf syndrome ». Encyclopédie du Renseignement & des Services secrets, page 200.
2 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
3 « Ensemble, nous avons obtenu des résultats historiques, avec le plus grand nombre de voix jamais obtenues dans l’histoire du Parti républicain », a déclaré Trump.
4 Journal nord-coréen.
5 Apparemment la ribambelle de liseurs de prompteurs vétéro-munichois qui squattent nos salles de rédaction ne savent pas lire…
6 Tiens ! Une administration qui, elle non plus, reste très sceptique sur ce dossier.
7 Cette défiance vis-à-vis du modèle iranien est donc un point commun aux administrations Trump et Kim…
8 Au siècle denier, le terme usité était… journaliste.
9 Ou Puk Chosŏn.
10 Les effectifs US stationnés en Corée du Sud.
11 Convention mettant fin à des hostilités entre armées en temps de guerre. Mais l’armistice ne met pas fin officiellement à la guerre. C’est le jour qui marque la fin d’un conflit et des opérations militaires entre les partie. En fait une suspension des hostilités après un accord entre les belligérants. Il est différent du cessez-le-feu, qui peut être temporaire, du traité de paix qui est un traité proclamant la fin d’une guerre et contenant souvent des contreparties réciproques pour les anciens belligérants, et de la capitulation qui est généralement inconditionnelle pour l’État vaincu. Source Wikipédia.
12 Armistice de Panmunjeom signé entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, le 27 juillet 1953, mettant fin aux hostilités.
13 Assez semblable à ce qui fut notre nostalgie pour l’Alsace-Lorraine.
14 Vue sur le monde ou Vue du monde.