Accueil FOCUS Pólemos De la Guerre & du Droit (et de la manière) de la faire…

De la Guerre & du Droit (et de la manière) de la faire…

En ce jour de (courte) mémoire & pour incongrus qu’ils soient, les propos du primus inter pares de LREM, l’ex-PS Castaner, à propos du sort (& des égards) à réserver à nos revenants1 des fronts extérieurs du djihâd, auront eu le mérite de relancer le débat sur les modi operandi de notre lutte contre la terreur takfirî sur les terres d’impiété de l’Andalousie du Nord-Est (la France comme nommée par ISIS/DA’ECH). Comme dirait l’autre : on n’est pas sorti des ronces !

« Ainsi les ministres d’État doivent-ils souvent se remettre devant les yeux et représenter à leur maître qu’il est plus important de considérer l’avenir que le présent, et qu’il est des maux comme des ennemis d’un État, au-devant desquels il vaut mieux s’avancer, que de se réserver à les chasser après leur arrivée ».
Armand Jean du Plessis de Richelieu, in Testament politique.

| Q. Pourquoi accusez vous les media généralistes de ne pas faire leur travail correctement ?

Jacques Borde. Le terme le plus approprié serait de dire qu’ils ne font pas du tout leur travail. Si l’on se place dans le champ déontologique de la fonction journalistique, bien évidemment…

Un exemple simple et parlant : le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est mort par égorgement. Acte sciemment passé sous silence le vendredi soir où on ne parlait que de blessures par balles. Et, lorsqu’il a fallu que nos inestimés et si peu confrères affrontent à reculons la vérité : toujours cette novlangue obscène dans la bouche de nos liseurs de prompteurs2 où le terme « égorgé » est remplacé par celui de « poignardé au cou ».

| Q. Vous en déduisez quoi ?

Jacques Borde. Une volonté délibérée de minorer les faits. L’égorgement étant un modus operandi propre aux terroristes takfirî. Qu’ils soient d’Al-Qaïda, d’Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (ISIS/DA’ECH)3, de Jabhat an-Nusrah li-Ahl ach-Chām4, de Jamā’at Anṣār al-Furqān in Bilād ach-Chām (JAFBS)5, etc. !

Et, bien sûr, je ne vous parle pas d’événements purement et simplement effacés de la vulgate de nos media munichois…

| Q. Vous pensez à un événement particulier ?

Jacques Borde. Oui. La disparition dans l’indifférence quasi-générale d’une de nos compatriotes juives, Mireille Knoll.

Mireille Knoll était une miraculée, elle avait échappé à la Rafle du Vél d’Hiv, elle a été retrouvée lacérée de coups de couteau et brûlée chez elle à Paris vendredi dernier. Morte assassinée parce que juive, une de plus…

Paix à son âme.

Comme l’a souligné Eber Haddad, « Échapper à la Shoah pour finir à 85 ans poignardée et brûlée dans son appartement en plein Paris en 2018, voilà le destin tragique et ironique de Mireille Knoll, assassinée parce que juive, vendredi dernier. Toute une famille est dévastée »

Et, là encore, « la discrétion des media est inversement proportionnelle à l’horreur de ce crime. Triste à dire mais la France de 2018 est en train de devenir un pays dangereux pour les Juifs, quel que soit le président ou le Premier ministre. Quant aux media, elles sont égales à elles-mêmes, désinformation, manipulation, transformation et mensonges par omission ».

À se demander si nos Je Suis Partout et Gringoire du cloaca mediatica en auraient parlé sans la forte mobilisation sur les réseaux sociaux.

| Q. Quid de Castaner qui parler accueillir les djihâdistes français pour mieux identifier le risque ?

Jacques Borde. Si la situation n’était pas aussi tragique, on pourrait sourire aux propos hors-sol du primus inter pares de La République en marche (LREM). Rappelons en effet, que le délégué général de LREM, Christophe Castaner, veut accueillir les djihâdistes français (sic) pour mieux identifier le risque ? C’est, typiquement, l’excuse de la faiblesse et et du laxisme ! À cette aune, aurait-on dû aussi mieux accueillir les Allemands en 1940 pour mieux les identifier ?

| Q. Et vous ne craignez pas qu’on sorte des cadres du Jus bellum ?

Jacques Borde. (Soupir). Je vous rappelle le mot d’Héraclite : « Polémos est le père de tous ». Une guerre, on est toujours sûr d’y entrer. Quant à en sortir et dans quel état ? Ce qui est sûr, c’est qu’en ne faisant rien (ou presque) nous sommes certains de la perdre.

Comme l’avait écrit sur son mur6 Michel Goya, « Je vais donc essayer d’expliquer la guerre au Moyen-Orient à des enfants de dix ans pour France info junior. Je pense envoyer le lien de l’émission à Laurent Fabius ».

Apparemment, un copier-coller immédiat me semble s’imposer à destination de ce cher Christophe Castaner.

Mais, en fait, il y a plus grave…

| Q. Que voulez-vous dire ?

Jacques Borde. Que, comme l’a déclaré, le Dr. Olivier Damien, qui est Commissaire divisionnaire honoraire et ancien secrétaire général du Syndicat des commissaires de police, « La vérité veut que nous reconnaissions qu’avec la meilleure volonté du monde, nos services de sécurité sont dans l’incapacité de suivre tous les Fichés S. Aussi est-il irresponsable, voire criminel, de prétendre accueillir pour mieux les suivre les ‘revenants’ qui ont combattu la France les armes à la main et ont déjà, pour la plus grande partie d’entre eux, du sang sur les mains. Incapables de contrôler nos cités, au sein desquelles nos policiers ne peuvent d’ailleurs plus rentrer, nos politiques sont désemparés et réduits à de beaux discours pour que les Français ne désespèrent pas ».

Qu’ajouter de plus ?

| Q. Quid du cadre de la guerre contre le terrorisme ?

Jacques Borde. Soyons clairs, il y a plusieurs écoles.

La notre est minimaliste à l’excès. A contrario des États-Unis où :

Primo, des éliminations physiques sont effectuées à titre préventif. Comme celle du charismatique prédicateur… américain, Anwar al-Aulaki7, éliminé au Yémen par une frappe de drone de la CIA. Ce alors qu’il n’avait fait l’objet d’aucune poursuite de la part du Department of Justice (DoJ) dans son propre pays. Al-Aulaki étant un ressortissant étasunien de plein droit né à Las Cruces (Arizona). C’est que que les media ont aussi appelé la Guerre des drones d’Obama. Vérité en-deçà du Potomac, erreur au-delà, pourrait-on dire !

Secundo, malgré les amendements apportés par B. Hussein Obama8, la règle générale reste largement celle du Unlawful combatant9 définie dans le PATRIOT Act, ou plus précisément le Uniting & Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept & Obstruct Terrorism Act of 200110, pris sous la présidence de George W. Bush, qui permet de soustraire au droit commun les combattants armés capturés dans le cadre de la guerre contre le terrorisme.

| Q. Où en est-on aujourd’hui ?

Jacques Borde. Dans le flou.

L’administration Trump prépare toujours un décret qui réaménagerait le statut des Unlawful combatants, les règles de détention les concernant et qui réitérerait l’interdiction du recours à la torture, tout en envisageant une modification un peu plus musclée du manuel d’interrogatoire utilisé par l‘US Army et la CIA, le fameux FM 2-22.3 (FM 34-52) Human Intelligence Collector Operations.

L’interdiction formelle de la torture, elle, a été inscrite dans le marbre par une loi votée en 2015 par le Congrès et portée par le ô combien controversé sénateur John McCain, connu sous son faux-nez de héros de guerre pour son tropisme pour les terroristes takfirî. De jure, les États-Unis ne peuvent avoir recours qu’aux techniques stipulées dans le manuel sus-cité.

En février 2016, cependant, le candidat Donald Trump avait déclaré : « la torture marche », en promettant qu’il réinstaurerait la technique de simulation de noyade (waterboarding), bannie par Obama.

| Q. Donc pas des différences si énormes entre la France et les États-Unis ?

Jacques Borde. Juridiquement parlant ? Oui et non.

Oui, dans la mesure où le statut de combattant illégal a bel et bien été étendu à des citoyens américains tels que José Padilla ou Yasser Hamdi, brouillant quelque peu la distinction. A contrario, nos djihâdistes français, cela a été confirmé par de nombreuses sources gouvernementales, relèveront bien du droit classique. Et du coup, ne risqueront pratiquement rien.

Non, tous les détenus n’ont pas eu droit au même traitement. John Walker Lindh, le Taliban américain, a été déféré devant le système judiciaire classique (et condamné en 2002), tandis que Yasser Hamdi a été détenu en détention sans être inculpé, avant d’être finalement déféré devant la justice fédérale en 2005 (et condamné en 2008).

Pour les autres, on parle de détenus fantômes. Je parle là de ceux d’entre eux qui sont détenus sans que leur nom (et leur sort) soit connu.

| Q. Ça ressemble quand même à une régression majeure. Y compris à des amendements historiques ?

Jacques Borde. Pas tant que ça en fait.

Le terme même d‘Unlawful combattants n’est pas nouveau. Il a été utilisé par l’US Supreme Court dans son arrêt Ex Parte Quirin (1942), qui statuait que les espions allemands opérant sur le territoire américain pour effectuer des actes de sabotage n’étaient ni des civils, ni des soldats.

La Civil War (Guerre de Sécession) n’a pas non plus été un modèle des droits de l’Homme. Y compris pour les anciens irréguliers de la Confédération qui finirent dans de véritables camps de concentration, une fois les hostilités terminées.

| Q. Il existe d’autres pays où le droit a été, disons, adapté à la problématique du terrorisme ?

Jacques Borde. Oui. Israël notamment. La notion a fait son apparition dans le droit israélien, avec le vote, en 2002, de l’Unlawful Combatants Law, permettant la détention administrative, pendant des périodes renouvelables de six mois, des personnes considérées comme telles.

Plus un droit militaire particulièrement plus fouillé que dans l’ensemble des pays occidentaux.

Notes

1 En fait, la simple traduction du terme anglo-saxon de returnee.
2 Au siècle dernier : journalistes…
3 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
4 Ou Front pour la victoire du peuple du Levant, ou de manière abrégée Front al-Nosra.
5 Ou Groupe des Partisans du discernement au pays du Levant, la branche d’Al-Qaïda en Syrie. Très théoriquement placée sous l’autorité de Hamza Bin-Lāden, le fils cadet du fondateur du Al-Jabhah al-Islamiyah al-Alamiyah li-Qital al-Yahud wal-Salibiyyin, feu Oussāma Bin-Mohammed Bin-Awad Bin-Lāden.
6 Sur Facebook, évidemment.
7 De son nom complet Anwar Bin-Nasser Bin-Abdullâh al-Awlaqi.
8 Le Military Commissions Act de 2009, notamment.
9 Traduite par combattant illégal, combattant ennemi ou encore combattant ennemi illégal.
10 Ou en français : Loi pour unir & renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler & contrer le terrorisme.

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