Accueil DÉBATS Invités Aquarius & LifeLine, ou l’Éternelle doxa des idiots utiles immigrationnistes [2]

Aquarius & LifeLine, ou l’Éternelle doxa des idiots utiles immigrationnistes [2]

Derrière les vice-passeurs (sic) de l’Aquarius & du LifeLine, dénoncés par Rome & quelques autres, le vieux chant des sirènes de la gauche immigrationniste la plus rance. Éternelle & doucereuse doxa destinée, volens nolens, à faire des vieux Européens que nous sommes les idiots utiles d’ennemis bien décidés, eux, à nous faire la peau. Épisode 2.

« From the Halls of Montezuma
To the shores of Tripoli;
We fight our country’s battles
In the air, on land, and sea;
First to fight for right and freedom
And to keep our honor clean;
We are proud to claim the title
Of United States Marine ».
Hymne officiel1 de l’US Marine Corps (USMC)2.

« Des murs de Montezuma
Aux rives de Tripoli
Nous nous battons pour notre pays
Dans les airs, sur terre ou sur mer
Les premiers à se battre pour le Droit et la Liberté
Et pour garder intact notre Honneur
Nous sommes fiers de prétendre au titre de
Marines des États-Unis ».

Lifeline, fait « le jeu des passeurs ». L’ONG « a coupé le signal et est intervenue en contravention de toutes les règles et des Garde-côte libyens ». « On ne peut pas accepter durablement cette situation car au nom de l’humanitaire cela veut dire qu’il n’y plus aucun contrôle. À la fin on fait le jeu des passeurs en réduisant le coût du passage pour les passeurs. C’est d’un cynisme terrible ».
Matteo Salvini, vice-président du Conseil & ministre italien de l’Intérieur.

| Q. Vous êtes sûr des propos de Daniel Cohn-Bendit à propos des ONG & des passeurs ?

Jacques Borde. Tout à fait sûr. Daniel Cohn-Bendit, a même précisé que « Les ONG travaillent ‘avec’ les passeurs, mais pour des valeurs morales, c’est pour ça que je ne les condamnerai pas ».

Un peu surpris d’apprendre que la traite négrière.2 a des « valeurs morales ». Mais, bon : chacun son truc…

| Q. Question peu abordée,mais d’une extrême importance : quid du jeu américain dans notre jeu de quilles euro-méditerranéen ? Et ne me dites pas qu’il n’y en a pas…

Jacques Borde. Évidemment qu’il y a un jeu américain. Je vous rappelle que les rives de la Méditerranée sont, hors Amérique, le premier lieu où s’exerça l’appétit de l’hêgêmon US naissant.

Parlons d’abord des Marines, qui sont la principale force de projection de cet hêgêmon.

Officiellement, le Corps a été mis en place le 11 juillet 1798 par un acte du Congrès. Toutefois, il est à rappeler que deux bataillons de Marines, en tant que troupes d’infanterie embarquée, ont été constitués dès le 10 novembre 1775 sous le nom de Continental Marines au cours de la Révolution américaine.

Quant à la Guerre de Tripoli (1801-1805, en anglais Tripolitan War), aussi appelée First Barbary War3 ou Barbary Coast War4, elle est la toute première guerre déclarée et engagée par les États-Unis d’Amérique après leur indépendance, et la première de leurs deux guerres contre les États du Maghreb, alors connus sous le nom d’États barbaresques. En l’espèce le Sultanat (indépendant) du Maroc et les trois régences d’Alger, de Tunis et de Tripoli, provinces, dans les faits quasiment indépendantes, de l’Empire ottoman sur le déclin.

Les raisons de cette guerre étaient que les pirates barbaresques saisissaient les navires marchands américains et tenaient les équipages en captivité, demandant ensuite aux États-Unis de payer rançon. Le président des États-Unis d’alors, Thomas Jefferson II, refusa de se plier à ce chantage et de payer. À noter que la Suède, qui était en guerre avec les Tripolites depuis 1800, et le Royaume de Sicile participèrent à ce conflit aux côtés des États-Unis.

| Q. Il y a donc une filiation ?

Jacques Borde. Pour les Américains ? Plus que directe, charnelle.

Il faut avoir l’ignorance chevillée au corps de notre intelligentsia germanopratine (épaulée par une poignée d’intellectuels mondains démocrates), pour n’en rien comprendre. Les Américains sont en Méditerranée, parce qu’il y sont depuis toujours.

Je ne vous dis pas que c’est naturel ou même normal. Je vous dis que c’est historique. Et Trump ne peut pas échapper au poids de cette histoire. Qui plus est, compte tenu de l’attachement et de l’affectation pratiquement irraisonnée que tout Américain porte à ses Leathernecks5, cet aspect pèse aussi de tout son poids dans les affaires méditerranéennes.

| Q. Et l’Italie, quelque part, ce sont les Suédois en guerre avec les Tripolites ?

Jacques Borde. Oui, exactement. L’administration Conte, surtout avec des personnalités aussi visibles que Luigi Di Maio et Matteo Salvini6, parle énormément aux Américains.

C’est, en effet, Thomas Jefferson qui va tenter de maintenir ouvertes les voies maritimes face aux dangers extérieur. À cette époque, Londres impose un blocus à la France et de nombreux navires marchands américains sont saisis par les Britanniques. C’est en réponse à ces pratiques que Jefferson fait voter l’Embargo Act7 de 1807.

Barbaresques, Britanniques, s’il est une nation qui peut comprendre la volonté italienne de ne pas s’en laisser compter sur ses côtes, c’est bien l’Amérique.

Aujourd’hui, l’intérêt que porte l’administration Trump à ce qui se passe en Méditerranée n’est que la suite logique de ces engagements extérieurs originaux. Et donc, mécaniquement, quoi de plus naturel que Washington s’intéresse aussi à la mouvance populiste qui s’étend jusqu’en Italie et en Autriche. Et, qui est, du point de vue de l’hêgêmon étasunien, une innovation qu’il ne peut ignorer. Et qui, en outre, suit une voie similaire à celle que Teflon Trump propose avec son America First.

| Q. Pour quelles raisons ?

Jacques Borde. Le calcul est assez simple à comprendre : le président américain, Donald J. Trump, n’aime pas les grand ensembles avec qui l’hêgêmon étasunien aurait pour obligation, et surtout habitude, de s’entendre. Même l’OTAN ne lui inspire pas une confiance démesurée. Alors, l’Union européenne ! Ce que Trump préfère, et de loin, ce sont les deals bilatéraux.

Face au multilatéralisme, tarte-à-la-crème d’une diplomatie française relativement hors-sol, existe la tentation de lui substituer des accords d’État à État bien mieux profitables, et surtout applicables, que les usines à gaz montées de bric et de broc avec le machin Bruxellois, en lequel l’administration Trump n’a pas une once de confiance.

| Q. Comment l’administration Trump procède-t-elle pour avancer ces pions ?

Jacques Borde. Comme elle l’a toujours fait. Aux enjeux d’importance, il a toujours fallu des hommes de confiance pour les conduire.

Le nouvel ambassadeur US Ambassador to Germany, Richard A. Grenell, est le plus actifs des missi dominici que Washington a mandaté pour mettre en application cette stratégie trumpienne. « Je voudrais définitivement renforcer d’autres conservateurs en Europe », a donc lancé Grenell dans un récent entretien au site Breitbar. Grenell y faisant (entre autres) l’éloge du nouveau Bundeskanzler der Republik Österreich, Sebastian Kurz, qui partage le pouvoir avec le FPÖ. Grenell, en outre, fréquente assez assidûment les initiatives de la mouvance droitière outre-Rhin. Ainsi, Il cultive un lien étroit avec Jens Spahn, à la fois ministre de la Santé et dirigeant de premier rang de la Christlich Demokratische Union Deutschlands (CDU)8.

| Q. Et il a quelque-chose de particulier votre Spahn ?

Jacques Borde. Oh, que oui ! Le bonhomme est la tête pensante d’une alternative nationale-libérale, « sans tabou », comme il le dit lui-même. Entendre celle d’une alliance gouvernementale avec… l’Alternative für Deutschland (AfD). Cette droite populiste allemande qui donne des boutons aux Européistes de Bruxelles et d’ailleurs.

Dans ce maelstrom, le naufrage, symbolique, des projets migratoires des gauches européennes, dans lesquels l’administration Trump voit un danger majeur, serait alors bien réel.

Fluctuat et mergitur !…

Notes

1 Ou The Halls of Montezuma.
2 Les paroles ont été écrites en 1879. Elles font référence à la Guerre mexico-américaine où les Marines occupèrent Mexico et le château de Chapultepec ainsi qu’à la Bataille deTripoli lors de la Guerre de Tripoli (1801-1805). L’air a été emprunté aux couplets des Hommes d’Armes écrits en 1867 pour la seconde version de l’opéra-bouffe Geneviève de Brabant d’Offenbach.
3 Ou 1ère Guerre barbaresque.
4 Ou Guerre de la côte barbaresque.
5 Nuques de cuir. Surnom des Marines, dû à une pièce particulière de leur uniforme et la posture qui allait avec.
6 Par ailleurs, vice-président du groupe Europe des nations & des libertés.
7 Pas une très grande réussite cependant.
8 Ou Union chrétienne-démocrate d’Allemagne, le parti de la chancelière Merkel.

 

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