Ceux soutenant la fin de DA’ECH &, corollairement, celle de la Guerre de Syrie, ont, passablement anticipé. Non seulement les combats se poursuivent, mais ils sont toujours aussi acharnés & coûteux en hommes & moyens. Ce que vient encore de démontrer la mort d’un officier supérieur iranien, le brigadier-généram Shahrakh Dayi Bor, du corps des Pâsdâran.
Les media iraniens ont, en effet, rapporté que le brigadier-général Shahrakh Dayi Bor, officier supérieur du Sêpah-é Pâsdâran-é Enqelâb-é Eslâmi1, a été tué dans les combats contre Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (ISIS/DA’ECH)2, dans la région de Boukamal.
Selon, plusieurs sources convergentes, Shahrakh Dayi Bor y aurait, notamment, entraîné les forces du Hezbollah, je cite, « à utiliser des missiles antichars à Boukamal ».
Ce qui en soit ne veut pas dire grand-chose.
1- le Hezbollah a, depuis déjà un certain temps, la maîtrise de tels équipements. Généralement, des BGM-71 TOW3, 9K111 Fagot (code OTAN, AT-4 Spigot) ou 9M113 Konkurs (code OTAN, AT-5 Spandrel).
2- seule la présence de nouvelles versions d’antichars iraniens de type Martyr Famideh et/ou Toofan 1 & 2, qui sont les extrapolations made in Iran du BGM-71 TOW, impliquerait qu’il était nécessaire d’assurer une formation ad hoc de personnels aussi aguerris que ceux du Nīrūhāy-é Ghods4, du Hizb as-Sūrī al-Qawmī al-Ijtimā`ī (PSNS)5, et du Hezbollah lui-même, qui forment le gros des troupes pro-iraniennes se battant aux côtés d‘Al-Jayš al-’Arabī as-Sūrī (AAS)6.
3- il semble assez surprenant que ce seul job ait été confié à un brigadier-général de l’importance de Shahrakh Dayi Bor.
Deux explications restent pour justifier la présence d’un gradé du rang de Shahrakh Dayi Bor, aussi près de la ligne de feu :
Primo. Le brigadier-général Shahrakh Dayi Bor assumait le commandement des opérations sur ce point précis du front du djihâd syrien. Ou y était étroitement associé.
Secundo. Il y assurait une visite, de contrôle ou autre, dans la cadre de la supervision7 de des troupes et milices pro-iraniennes. Ce qui semble logique vu la relance des opérations conjointes de Damas et de ses alliés dans la région.
Comme le précise le Centre Meir Amit d’Information sur les Renseignements & le Terrorisme au Centre d’Etudes Spéciales (CES), « Il s’agit du quatrième officier iranien récemment tué dans les combats avec l’État islamique dans la région d’Abou Kamal. Dans les attaques de l’organisation dans la région d’Abou Kamal début Juin 2018, deux membres des Gardiens de la révolution iranienne ont été tués, dont un officier. Les nombreuses pertes parmi les officiers iraniens les milices chî’îtes servant dans la région d’Abu Kamal et témoignent des difficultés auxquelles l’Iran et ses alliés sont confrontés dans leur activité pour assurer leur contrôle de cet important domaine »8.
Une manière de nous dire que si la progression des troupes (régnicoles ou alliées) de Damas est indéniable, le coût humain est toujours aussi élevé face à un ennemi aussi résilient que Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (ISIS/DA’ECH)…
Notes
1 Corps des Gardiens de la révolution islamique.
2 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
3 Pour Tube-launched, Optically-tracked, Wire-guided.
4 Force de Jérusalem, une branche à part entière des Pâsdâran. Force spéciale en charge des opérations extérieures dévolues aux Pâsdâran, commandée par le major-général Qassem Soleimani. Elle dépend exclusivement du Rahbar-é Enqelâb (guide de la révolution), l’Ayatollah Sayyed Ali Hossaini Khâmeneî (et non du président), un peu comme le Kidon du Mossad reçoit ses ordres du seul Premier ministre israélien (la ressemblance s’arrêtant là)
5 Parti social national syrien, connu aussi sous le nom donné par la France de Parti populaire syrien, PPS, ou de Parti saadiste ou encore au Liban de Parti nationaliste.
6 Armée arabe syrienne.
7 Comprenant effectivement l’usage d’armements antichars.
8 CES .