Voxnr – Les Lansquenets

Un Afghanistan sans guerre, enfin ? Chiche Mr. Trump !..

La Haine tenace que nourrissent les Faucons mouillés démocrates (& leurs proxies de par le monde) à l’endroit du président américain, Donald J. Teflon Trump – appelons un chat un chat – a un fondement simple à comprendre : les prébendes que cette mafia cosmopolite & prévaricatrice tire du chaos par elle installée. Si les projets de Teflon Trump prenaient corps, comme l’entente possible avec les Taliban, comme annoncé par Trump lors de son Discours de l’État de l’Union, ils pourraient perdre jusqu’à un de leurs hochets préférés : l’Afghanistan, de trop longtemps lieu d’une guerre pourtant perdue d’avance. Alors chiche Mr. Trump !

| Q. Trump nous parlant des Taliban comme partenaires désormais légitimes, vous trouvez vraiment les Taliban, les amis de Bin-Lāden, moins agressifs ou plus fréquentables que les autres ?

Jacques Borde. Sauf que dès 1998, les Taliban1 avaient bel et bien demandé au fondateur du Al-Jabhah al-Islamiyah al-Alamiyah li-Qital al-Yahud wal-Salibiyyin2, feu Oussāma Bin-Mohammed Bin-Awad Bin-Lāden, de « n’entreprendre aucun acte d’agression contre les États-Unis »3. l

Le fait qu’il n’en tînt absolument pas compte n’est pas de la responsabilité directe des Taliban.

Concernant Bin-Lāden, il serait inexact d’affirmer que l’administration talibane a refusé de traiter le dossier. Les Taliban offrent, dès le 21 février 200, aux États-Unis d’extrader Bin-Lāden en échange d’un accord sur les sanctions qui touchaient leur pays. Puis, peu convaincus par les maigres preuves concédées par Washington afin d’étayer judiciairement la culpabilité de Bin-Lāden, les Taliban ne vont pas fermer la porte. Comme la Haute cour de justice afghane (talibane) trouve les rares documents fournis peu convaincants, les Taliban demandent en urgence aux Américains de faire une « proposition constructive » afin de clore le dossier au bénéfice des deux parties.

Une dernière fois, le 16 octobre 2001, les Taliban proposent cette fois d’extrader Bin-Lāden, sans exiger la moindre preuve de quoi que ce soit, en échange de l’arrêt des bombardements US sur leur pays.

Au-delà, la seule cause extérieure jamais défendue par le régime taliban aura été celle du Jammu-Cachemire.

| Q. Les Taliban bons gestionnaires, là vous exagérez ?

Jacques Borde. Sauf que, de toute l’histoire de l’Afghanistan moderne, leur politique pour juguler la culture de l’opium fut la seule durablement efficace.

Comme l’a rappelé Jacques Baud : « En 2000, les surfaces cultivées tombent de 82.000 hectares à un minimum historique de 8.000 ha. en2001, et la production passe de 3.000 tonnes en 2000 à 74 tonnes en octobre 2001. On notera qu’en 2014, après treize ans de présence occidentale, les surfaces cultivées atteindront 224.000 ha., faisant passer l’Afghanistan du dernier au premier rang des pays producteurs en Asie du Sud »4.

| Q. En quoi cela serait-ce de la responsabilité des Occidentaux ?

Jacques Borde. En cela qu’une force armée occupant, de facto, un territoire donné, y est aussi responsable de ce qui s’y passe, en mal ou en bien.

C’est peu de dire que ni les Américains, ni l’International Security Assistance Force (ISAF)5, donc la… France, ont été capables de maîtriser et contrôler les flux de drogue sortant du pays. Au bénéfice de qui, au juste ?

| Q. À parler de responsabilités quid de l’ONU ?

Jacques Borde. Ah, le machin6 ! Personnellement, si l’instance internationale a l’intention d’expédier, faute de Casques bleus, ses personnels aller jouer les cow-boys en Kapisa ou ailleurs, qu’ils y aillent. Ça les changera des viols en réunion dont nombre d’entre eux se sont rendus coupables sous d’autres cieux.

| Q. Mais, vous croyez que nous devons abandonner l’Afghanistan aux Taliban ?

Jacques Borde. Mais nous allons abandonner l’Afghanistan aux Taliban ! Depuis les années 2000, ça n’est pas faute d’avoir tenté, après avoir aidé à virer les vilains Chouravi7, d’y imposer l’hêgêmon, les lois et le mode de vie occidentaux. Tout a été essayé et tout à échoué. Alors, oui, je le crois, il est temps de mettre fin à notre aventurisme guerrier en Afghanistan. Même les guerres longues doivent un jour prendre fin : Guerre de Cent ans, Guerre de Trente ans, etc. !

| Q. Mais, alors, il faudra faire avec les Taliban ?

Jacques Borde. Mais nous faisons déjà avec les Taliban ! Enfin, les Américains.

Notez bien qu’à la suite de l’attentat de Kaboul du 24 décembre 2018, les Taliban :

1- n’ont rien revendiqué du tout. Déniant même toute responsabilité.
2- ne se sont même pas réjoui de l’affaire.

| Q. Donc, ils n’auraient rien à voir dans cette attaque ?

Jacques Borde. Ne mélangeons pas les choses.

Primo. Conduire un frappe contre une structure du gouvernement afghan, le ministère des Infrastructures et celui du Travail, est une chose. En revendiquer la paternité en est une autre. Mais, là , je n’y crois guère. Les Taliban n’ont aucune raison pour prendre ainsi l’occupant (sic) américain à rebrousse-poil au moment où le président américain, Donald J. Trump, lance le processus de départ des Américains d’Afghanistan. Car, n’en doutons guère, c’est bien à ça, n’en déplaise au président français, Emmanuel Macron, et à ses Niais d’Orsay qu’il va falloir nous habituer.

Secundo. Négocier avec l’autre partie n’a jamais signifié automatiquement de mettre un terme à ses opérations militaires. Ainsi, le calendrier des opérations (asymétriques ou non) du Viêt-Cong n’a pas nécessairement coïncidé avec les pourparlers de paix.

| Q. La fin de la Guerre d’Afghanistan, alors ?

Jacques Borde. Pourquoi pas ? Toutes les guerres finissent un jour.

| Q. Grâce à Trump ?

Jacques Borde. Là encore, pourquoi pas ? Comme l’a noté René Cagnat8 de l’IRIS, Donald J. Trump, « a la carrure, a la stature » pour mettre la fin à cette guerre. Et, surtout, il en a eu l’idée et en a l’agenda.

Ce qui, dans un premier temps, ne signifiera pas tout abandonner. Les Américains devraient conserver, durablement probablement, leurs positions comme Kaboul, Bagram et Mazar-é-Charif.

| Q. Avec l’assentiment des Taliban ?

Jacques Borde. Très certainement. Si le dispositif militaire étasunien n’a plus comme but de guerre de casser les Taliban, pourquoi ceux-ci devraient-ils considérer les Américains comme des cibles légitimes.

| Q. Et les Français ?

Jacques Borde. Ah, ah ! Si Paris continue dans ses rodomontades et singeries diplomatiques, les Français, alors, resteront, eux, des cibles légitimes. Très légitimes, même. Comme je vous l’ai dit : toutes les guerres finissent un jour. De toute façon, la France n’a ni les moyens ni les hommes pour se projeter seule en Afghanistan.

En un mot comme en cent, en Afghanistan comme au Levant, il a falloir arrêter de péter plus haut que notre c…l !

| Q. Mais, revenons à lui : à quoi joue Trump, en, l’espèce ?

Jacques Borde. Se retirer d’Afghanistan sans pour autant laisser le chaos derrière lui. Ce qui nous changerait de ses prédécesseurs. Voire même des présidents français plus doués pour déclencher les guerres que pour les terminer : Sahel, Libye, etc. ! Où rien n’est réglé, c’est peu de le dire !…

| Q. Mais, admettons, sans laisser le chaos derrière eux, mais pour faire quoi ?

Jacques Borde. Comme l’a dit Cagnat « faire jouer leur complémentarité entre les Taliban et l’actuel gouvernement »9.

| Q. Une remise en cause totale, le monde à l’envers, en tout cas ?

Jacques Borde. Totale ? Hum ! Vous oubliez qu’au moment où l’administration Bush, avec sa stupidité géostratégique congénitale, va se jeter à la gorge des Afghans, dont aucun n’a participé au 11 Septembre contrairement à la petite vingtaine (19) de wahhabî séoudiens impliqués, l’Amérique nourrissait les meilleurs rapports qui fussent avec l’administration talibane. En effet,

1- le personnel diplomatique afghan (donc… ad usum Talibani par la force des choses) était composé, pour partie d’Américains, d’Américaines, néocons pur jus et d’Américain(e)s lié(e)s à la communauté du Renseignement US.
2- quelques semaines avant la décision calamiteuse des Bushleriens de lancer leur blitzkrieg sur l’Afghanistan, les pétroliers US (d’UNOCAL notamment) empilaient les visites (sic) à Kaboul. Pas pour y admirer le ciel bleu.

À propos de connaisseur des cieux afghans, l’on a vu réapparaître ces dernières semaines l’ex-envoyé spécial de George W. Bush pour l’Afghanistan, l’Américain d’origine afghane Zalmay Khalilzad. Un personnage intéressant. En effet,

1- Zalmay Khalilzad soulignait, à l’époque « L’importance de l’Afghanistan pourrait grandir dans les prochaines années, alors que le pétrole d’Asie centrale et les réserves de gaz, qui sont, selon les estimations, d’importance comparable à celles de la mer du Nord, commencent à jouer un rôle majeur sur le marché mondial de l’énergie. L’Afghanistan pourrait s’avérer un corridor de qualité pour cette énergie, de même que pour l’accès aux marchés d’Asie centrale ».
2- Khalilzad était consultant d’UNOCAL sur un projet d’oléoduc reliant le Turkménistan au Pakistan, via… l’Afghanistan.

Pour conclure, je dirai que l’aventure militaire US en Afghanistan, sa projection sur place surtout, si elle cessait enfin, aura été une erreur de l’Histoire. Pas la seule, mais une très grosse en tout cas.

Alors, prions que le président américain, Donald J. Trump, réussisse son coup.

Notes

1 Littéralement : Ceux qui exigent [le savoir], pluriel de Talib (taliban s’écrit donc sans ‘s’ final) terme pour désigner des étudiants en religion.
2 Front islamique mondial pour le combat contre les juifs & les croisés.
3 In Terrorisme, Mensonges politiques & Stratégies Fatales de l’Occident, Jacques Baud, p.111, Éd. du Rocher, 423 pages, ISBN 978-2-268-08403-9.
4 In Terrorisme, Mensonges politiques & Stratégies Fatales de l’Occident, Jacques Baud, p.127, Éd. du Rocher, 423 pages, ISBN 978-2-268-08403-9.
5 Ou Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), constitue la composante militaire de la coalition, sous l’égide de l’OTAN opérant dans ce pays depuis 2001, Elle mandatée (sic) par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-unies, depuis le 20 décembre 2001 (Résolution 1386), contrairement à Operation Enduring Freedom (7 octobre 2001) sous commandement militaire étasunien. Elle a été remplacée, au 1er janvier 2015, par la mission Resolute support.
6 Surnom peu amical donné par le général aux Nations-unies.
7 Les Russes pour les Afghans.
8 Colonel à la retraite, docteur en Sciences politiques, spécialiste des questions centre-asiatiques et chercheur associé à l’Institut de relations internationales & stratégiques (IRIS).
9 Sur France-24 (25 décembre 2018).

 

Exit mobile version