Voxnr – Les Lansquenets

Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

epa07508942 General view of the flames burning the roof of the Notre-Dame Cathedral in Paris, France, 15 April 2019. A fire started in the late afternoon in one of the most visited monuments of the French capital. EPA/IAN LANGSDON (MaxPPP TagID: epalivefour002262.jpg) [Photo via MaxPPP]

 

par Nicolas Bonnal

 

Certains s’énervent après Macron, il n’y a pas de quoi. De tout manière si le système le remplace, on aura pire après (c’est le syndrome de Denys de Syracuse étudié ici). Personne ne veut de révolution parce que tout le monde a de quoi bouffer, cliquer et regarder la télé. Le système c’est nous, c’est tout.

Désolé, mais Macron ce n’est que la continuation de la génération Mitterrand. C’est du présent perpétuel sur trente ans, pas celui sur 200 que j’ai l’habitude de commenter ici, à coups de Nietzsche et de Dostoïevski, de Poe ou de Baudelaire. Autoritarisme (coup d’Etat permanent), haine du peuple et des pauvres, américanisme, inféodation à l’Allemagne, aux richissimes, monarchie culturelle, tout est déjà chez Mitterrand deuxième mouture chez qui Macron aura puisé son inspiration, y compris en recyclant les cathos zombies et les larves bureaucratiques de la droite folle ou molle. Alors un rappel…

Thierry Pfister fut mon éditeur chez Albin Michel et me publia la deuxième version du Mitterrand grand initié. Ce grand professionnel était un gentilhomme et un homme de gauche convaincu qui avait rompu avec le mitterrandisme deuxième mouture des années 84-85 qui dégénérait alors en « tonton mania ». En 1989 il publia sa splendide lettre à la génération Mitterrand qui vendit 300 000 exemplaires. Les années 90 marquèrent l’agonie du mitterrandisme revenu depuis à la mode dans ce pays sans mémoire et sans histoire.

Florilège (je n’ai pas le PDF et ma secrétaire est en vacances !) :

On parle de Macron et des riches. On oublie Mitterrand et l’Oréal, Mitterrand et Bettencourt, Mitterrand qui fabriqua avec le crédit lyonnais les ultra-riches actuels comme Arnault et Pinault. Pfister écrit déjà « qu’on a une fiscalité qui touche les cadres possesseurs de leur appartement mais épargne les dynasties qui se transmettent des collections d’objets d’art comme ceux qui se dissimulent derrière la notion floue d’outil de travail… (p.94). » Et comme on n’aime pas le peuple qui vous porta au pouvoir en 1981, « les socialistes se déchargent sur d’anciens ministres de droite du soin de négocier avec les syndicats (p.96). »

Abrutissement et aggiornamento ?  La télévision se limite à « la promotion des disques, des magazines et des myopathes », et les brillants oligarques de la gauche sociétale demandent à la gauche de « rompre avec le corpus poussiéreux qui la tenait prisonnière du siècle précédent (Kouchner, Karmitz, Lévy, Minc, p.111). » Pfister ajoute que « les élites vont au peuple comme les dames patronnesses vont au peuple. » Il remarque au cours d’un voyage en Bourgogne qu’un « haut fonctionnaire de la culture parle d’indigène et typique en regardant le retraité qui arrose son jardin en bordure de voie »… Pfister souligne inutilement la monstruosité du propos (p.119) qui ne rassurera pas les gilets jaunes qui se font flinguer ou mutiler tous les dimanches.

On termine : notre auteur dénonce les jeunes bobos d’alors, « les baskets si sensibles à la pollution et à la protection de la nature… ». Il rappelle que bien avant le navrant Hollande, Mitterrand et ses socialos se montrèrent de « parfaits porte-paroles de l’OTAN », d’ailleurs régulièrement à « pris à contre-pied » (p.155) par le revirement américain et soviétique d’alors.

Conclusion : « la gauche pue » ; certes, mais elle reste au pouvoir car elle pue comme ce pays, ni plus ni moins.

 

J’oubliais Notre-Dame. On va la relooker et en faire un musée-shopping centre-salle de spectacle, ce qu’elle est déjà. Il y a longtemps que ce n’est plus une Eglise et il y a longtemps que l’église catho a crevé. Voyez mon texte sur Swift-Hazard-Michelet-Feuerbach. Le catholicisme est un conglomérat raréfié de zombis, de bourgeois, de Tartufes, d’octogénaires (Bergoglio fait fuir les jeunes) qui subissent tout. A propos de la profanation des grands travaux mitterrandiens, Pfister parle déjà de  « monarchie culturelle » et de cet  « habillage administratif des foucades royales (façades, Louvre, Beaubourg, Orsay, Bastille, bibliothèque). » Il ajoute que « le président s’est offert tous les symboles antiques de la gloire et de l’immortalité » (p.167), ce qui est un « aveu d’inquiétude pour un jeune chrétien » qui épatait notre couillon Mauriac ! Bloy ou Bernanos savaient mieux que le catho avait muté en rentier humanitaire dégueulasse bon à voter progressiste-humanitariste-impérialiste-je-m’en-foutiste !

Et pour ceux qui se gonflent avec l’affaire Benalla, on recommandera cette perle : « la France socialiste supporte sans broncher les extravagances des vigiles de luxe de l’Elysée… »

Le pamphlet est un genre qui vieillit bien.

 

Sources

Thierry Pfister – Lettre ouverte à la génération Mitterrand qui marche à côté de ses pompes (Albin, Michel, 1989)

 

 

 

 

 

 

 

 

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