
Une Histoire Hollandaise
Aux Pays-Bas, une convergence entre des analystes de centre-droit et de centre-gauche, à travers la voix de leurs principaux représentants (Monika Sie Dhian Ho, Luck van Middelaar, Frans-Paul van der Putten), a attiré l’attention sur les enjeux des élections du 17 mars.
Tout a commencé par un examen du rôle historique des Pays-Bas. Depuis les guerres napoléoniennes sous l’aile britannique, après Yalta et la décolonisation, les Pays-Bas se sont liés à l’arrière-pays économique allemand mais à une loyauté stratégique américaine et sont devenus l’un des principaux agents Wasp dans la UE.
Aujourd’hui, les analystes s’accordent à dire, le sentiment d’unité transatlantique vacille alors que les deux côtés de l’océan divergent dans leurs intérêts primaires. Le moment est donc venu de passer à une autre étape.
Que peut-il arriver et qu’est-ce qu’il y a de mieux pour la Hollande?
Si la relation entre les États-Unis et la Chine se transforme en guerre froide, le front atlantique pourra résister. Comme ce n’est ni certain ni souhaitable, les Néerlandais “devraient cesser de toujours impliquer le Royaume-Uni ou les Etats-Unis pour contrebalancer le duo France-Allemagne”.
Souveraineté dans une plus ample souveraineté
La réflexion est très complexe et il est vraiment dommage que personne ne l’ait abordée ici en Italie où nous sommes dans la même situation que les Néerlandais mais avec un plus grand potentiel.
La France et l’Allemagne représentent un G2 et non un G1 et il est donc possible même pour des sujets mineurs d’acquérir un poids et une voix avec eux dans la dialectique entre eux, une possibilité qu’avec Washington serait nulle. Entre autres, soulignent les analystes, dans la phase actuelle, il est devenu clair qu’une intervention de l’État est nécessaire pour garantir les conditions de certitude des conditions d’existence pour tous. Ainsi, dans la dialectique avec la France et l’Allemagne et avec la reprise, certes partielle, du rôle de l’Etat, les analystes voient une défense de la souveraineté néerlandaise au sein de la souveraineté européenne et absolument pas en dehors.
Nous ne savons pas quelle était la mesure exacte de l’influence de ces considérations sur la politique, mais l’électorat néerlandais semble avoir voté avec ce sentiment.
Entre temps à l’Elysée
Macron avait déclaré peu de temps auparavant: «Nous sommes désormais en proie à notre volonté obstinée et absolue de reprendre le contrôle de notre vie personnelle et de la France en tant que nation. Et cela aussi en luttant pour l’Europe qui est à la fois un idéal et un formidable outil pour reprendre le contrôle de notre destin économique, technologique, militaire et culturel. Non plus une Europe de marché, mais une Europe géopolitique, une Europe projetée. Fondamentalement, on redécouvre la force et le sens d’une souveraineté qui n’est pas un retrait. La capacité française à redécouvrir son propre destin passe par cette Europe, plus souveraine ».
Les observateurs notent que le concept de souveraineté européenne ne se traduit pas, chez Macron, par l’abandon de la défense de la souveraineté nationale, loin de là.
En tirer la leçon
Ces considérations hollandaises et françaises ne sont pas anodines, aussi parce qu’elles attestent d’une recherche de synthèse: le fractionniste hollandais veut se retrouver dans une mosaïque plus large, la France universaliste veut souder le regard international avec une fierté souveraine.
Évidemment, les bases sont fragiles car l’esprit, l’âme et la mentalité de toutes les sociétés occidentales, qui ont des répercussions sur les constructions institutionnelles, nationales et européennes, et, contrairement à ce que l’on croit, n’en dérivent pas, doivent être révolutionnées et il est impératif de se consacrer en premier lieu à ça.
Cela ne veut pas dire qu’entre-temps, nous devons perdre le sens de la réalité et les ambitions de puissance.
L’union entre ces deux besoins doit être l’objectif des avant-gardes.
Traduit de l’italien