Tariq Ramadan, le célèbre prédicateur et professeur musulman conservateur a refait parler de lui ces derniers temps, non pas dans la rubrique faits divers extra conjugaux, mais dans celle de la prise de position, ô combien originale, de l’anticolonialisme et de la critique du vilain Occident exploiteur du Tiers Monde. Et en musique s’il vous plaît ! Sans aller jusqu’à quitter cet Occident qui lui a permis d’être ce qu’il est ou du moins ce qu’il a été, il y a des limites qu’on ne dépasse pas. Soyons clairs, il s’agit des derniers soubresauts d’un cadavre, Tariq Ramadan étant lâché par tous, y compris par les Frères Musulmans. Mais il me semble toutefois intéressant de se pencher sur un fait : les slam de l’ancien Génie de l’Islam s’inscrit dans une certaine frange de l’islam.
Il est fort à parier que ce genre de vidéo slamée soit une tentative de retisser des liens avec ce que l’on nomme l’islamo-gauchisme, cette extrême gauche indigéniste, « racisée », anticolonialiste, celle qui organise des conférences interdites aux blancs et qui tisse des liens plus ou moins étroits avec l’Islam considéré comme un allié contre cette Occident et son impérialisme arrogant et exploiteur. Cette extrême gauche qui voit dans les immigrés leur survie électorale, la classe ouvrière leur préférant d’autres horizons politiques moins « tiers monde friendly » .
Ramadan a une réputation plus ou moins sulfureuse, ayant des positions à l’opposé des féministes, pourtant souvent gauchistes, interdit de territoire aux USA pendant un temps pour cause de sympathie avec une organisation humanitaire proche du Hamas… Ce n’est donc pas une surprise de le voir dans le registre de l’anticolonialisme et de la menace du Grand Remplacement.
Au-delà de la collusion avec cette extrême gauche indigéniste, Il y a deux autres faits à noter.
Tout d’abord, cette proximité entre l’Islam et la critique de l’Occident exploiteur n’est pas nouvelle. Tariq Ramadan s’inscrit dans la lignée des Frères Musulmans, dont il était proche. Frères Musulmans qui ont pour objectif de développer l’Islam partout dans le monde et d’affaiblir, voire de remplacer l’hégémonie matérialiste et impérialiste occidentale. En douceur…par la conversion. Et petit à petit, cette stratégie sur le long terme connaît un franc succès. La décadence de l’Eglise Catholique liée au vide spirituel des populations occidentales, le soutien d’une certaine gauche en mal d’électeurs, une jeunesse déboussolée, font que les conversions se multiplient, tranquillement mais sûrement. Il est important de noter que beaucoup de nouveaux convertis sont en fait des convertiEs. Beaucoup de femmes « blanches », jeunes, se convertissent, acceptent de porter le voile et apprennent l’arabe, car bien souvent elles sont mariées avec des musulmans. A noter que les enfants des convertis doivent aussi apprendre l’arabe et connaître petit à petit par cœur le Coran…en arabe. Or, la langue est un des marqueurs identitaires d’un peuple. (Le Grand remplacement passe par là aussi !) Et ces converties deviennent particulièrement actives dans la défense de leur Foi, notamment dans sa transmission à leurs enfants. L’Islam a aussi cette force : il développe un très fort sentiment de communauté, lien puissant. Aucun musulman pratiquant n’est abandonné dans son coin.
Un célèbre « terroriste » avait déjà décrit dans un ouvrage, l’espoir que l’Islam représentait pour tous les peuples opprimés mais aussi pour les occidentaux désireux de rompre avec ce matérialisme sans but : le célèbre Illich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de Carlos, converti à l’Islam et qui décrivait cette théorie dans son livre L’Islam Révolutionnaire… L’Islam est vu non pas seulement comme une religion, mais aussi et presqu’avant tout, comme un rempart contre la décadence occidentale et son hégémonie, comme un moyen de lutte. Il appelait d’ailleurs les jeunes européens en mal d’idéal, hostiles au capitalisme, à l’impérialisme et au matérialisme occidentaux à se convertir.
Mais un autre fait est à noter. Dans sa chansonnette, Ramadan oublie une chose importante en critiquant l’occident colonisateur et exploiteur. Comment en effet s’est répandu l’Islam depuis sa naissance ? N’est ce pas elle aussi une religion dominatrice, colonisatrice imposant son corpus religieux et politique? Cette religion née en Arabie, s’est répandue en Afrique et au Proche et Moyen Orient par la conquête, entre 647 et 709, puis jusqu’en Europe en 711 (Gibraltar puis l’Espagne). Profitant de l’affaiblissement des vieux Empires, Byzantin et autres, elle a conquis d’immenses territoires. Pillage, lourd tribut à payer, hégémonie politique et religieuse, quelle différence avec l’Occident colonisateur et exploiteur ?» Rappelons nous que le Maghreb n’est pas né arabe, ni musulman…
Ces conquêtes sont effectuées pour différents objectifs : la volonté de répandre l’Islam (verset 16, sourate 48 dite de la Victoire du Coran : «Dis à ceux des Bédouins qui restèrent en arrière: « Vous serez bientôt appelés contre des gens d’une force redoutable. Vous les combattrez à moins qu’ils n’embrassent l’Islam, si vous obéissez, Allah vous donnera une belle récompense, et si vous vous détournez comme vous vous êtes détournés auparavant, Il vous châtiera d’un châtiment douloureux. »), recherche de butins lors de razzias, contrôle des réseaux commerciaux. L’islam s’impose par la force en Perse dès 636, et les régions de l’Est puis vers la Palestine et l’Egypte qui sont les Provinces les plus riches de l’Empire Byzantin. Les musulmans passeront par l’Europe, et iront jusqu’en Inde…même en Chine d’où ils ramèneront la fabrication du papier. Car, par toutes ces conquêtes, les musulmans ont aussi accès aux savoirs des populations conquises. C’est ainsi que naît le mythe des « inventions » des savants musulmans éclairant le monde chrétien arriéré par leurs savoirs !
Les « Gens du Livre » doivent payer un tribut pour continuer à pratiquer leur religion. Et l’aristocratie musulmane impose leurs institutions politiques et religieuses. Nous pourrions aussi faire référence aux « corsaires » musulmans qui pillent les rivages chrétiens ramenant richesse et esclaves. Bref, rien de nouveau c’est l’Histoire du Monde.
Il est donc particulièrement savoureux de voir un musulman, conservateur qui plus est, se faire le chantre de l’anticolonialisme, le défenseur des peuples opprimés et exploités par l’Occident ! Mais il y a un avertissement à ne pas négliger dans la prose du chansonnier : « Vous serez remplacés ». Cela doit sonner joliment aux oreilles d’un islam radical.
Et si nous pouvons parier sur la prochaine disparition médiatique de Tariq Ramadan, ne quittons pas des yeux l’action plus discrète de son frère, Hani Ramadan (interdit de séjour en France), directeur du Centre islamique de Genève, qui lui bénéficie toujours d’appuis de poids. Il a réussi à avoir l’accord du canton de Genève pour agrandir sa mosquée. Un investissement de 5 millions de francs suisses (4,55 millions d’euros) (source journal Marianne). Hani Ramadan soutient la lapidation des femmes, la charia, l’expansion de l’Islam et voyait dans le sida une punition divine. Un grand progressiste, hébergé par cet Occident arrogant et exploiteur, qui réchauffe en son sein ceux qui rêvent de l’abattre… Pour quelle raison ? C’est un autre débat.