Primaire à droite : les projets économiques des candidats passés au crible
A la veille du deuxième débat télévisé de la primaire, l’Institut Montaigne a chiffré les principales propositions.
Selon le think tank libéral, 50 % à 65 % en moyenne des économies promises par les candidats sont documentées.
Ce jeudi soir, les sept candidats à la primaire ouverte de la droite et du centre vont de nouveau s’affronter sur leur projet, dans ce scrutin inédit jusqu’ici pour cette famille politique et qui a poussé tous les candidats à travailler et dévoiler dès à présent leurs propositions. Rarement dans une campagne en vue d’une élection présidentielle, les mesures préconisées, les cadrages budgétaires – plus ou moins documentés, plus ou moins précis et sans doute appelés à encore bouger – auront été si tôt sur la table. Compétition oblige. Nécessité, aussi, pour la droite, sans cesse interrogée sur sa capacité à mener à bien des réformes profondes au vu de ses dernières années au pouvoir. Il s’agit de donner des gages de crédibilité à ses propres électeurs, tout à la fois fortement désireux de tourner la page du quinquennat de François Hollande mais aussi empreints d’un doute, résumé par l’un des candidats, Jean-François Copé (qui a été ministre de Jacques Chirac mais pas de Nicolas Sarkozy) : « Pourquoi feraient-ils demain ce qu’ils n’ont pas fait hier ? »
« Convergence des projets »
A la veille du deuxième débat télévisé de cette primaire, l’Institut Montaigne, think tank libéral, a passé au crible pour « Les Echos » les projets des concurrents, de leurs propositions sur la baisse des dépenses publiques à la fiscalité en passant par le temps de travail, la fonction publique, l’assurance-chômage ou encore les institutions. L’exercice montre « qu’il y a une certaine forme de convergence des projets », explique Laurent Bigorgne, directeur général de l’Institut Montaigne – il s’agit tout de même, malgré les divisions, de la même famille politique. Il note dans cette convergence « un fait notable : la baisse très forte des dépenses publiques, dans une proportion jamais réalisée ni même envisagée jusqu’ici en France. »
Si le think tank, dans son chiffrage sur la baisse des dépenses publiques, souligne que « le plan de réduction de la dépense de François Hollande n’a été que partiellement réalisé » mais que « la croissance de la dépense publique a été plus faible au cours du quinquennat de François Hollande qu’au cours de n’importe quel mandat présidentiel précédent », il relève aussi que les efforts promis en la matière par tous les candidats de la droite seraient sans commune mesure : de 80 à 100 milliards d’euros sur cinq ans, selon les candidats. François Fillon avait même envisagé 110 milliards d’euros, avant de revenir à 100. Une marche dont la hauteur même pose une question de crédibilité. « En moyenne, de 50 % à 65 % des économies sont documentées, ce qui serait déjà un très grand pas », juge Laurent Bigorgne.
Tous, relève-t-il, prévoient de faire peser ces efforts, grosso modo, à 50 %-60 % sur le socle social, à 20 % sur l’Etat et à 20 % sur les collectivités locales. « Les plus grosses poches d’économie sont évidemment les retraites, la masse salariale des trois fonctions publiques et l’assurance-maladie. Ce sont des sujets qui mériteraient qu’on y entre parfois avec plus d’ambition dans les propositions », souligne-t-il, prenant, parmi d’autres exemples, celui des suppressions de postes de fonctionnaires, comprises entre 250.000 et 500.000 sur le quinquennat, selon les candidats. Il regrette qu’elles soient envisagées « uniquement par le non-remplacement des départs en retraite, ce qui implique qu’il n’y ait quasiment aucun recrutement dans la fonction publique sur cinq ans, en compensant par une augmentation du temps de travail. Jamais il n’est question, par exemple, d’une loi de dégagement des cadres. » Et de prendre la mesure de François Fillon, la plus radicale avec la suppression de 500.000 postes et le passage aux 39 heures. « Mais avec le même logiciel que les autres candidats », estime Laurent Bigorgne.
« Il y a des nuances entre les candidats, mais elles sont de l’ordre du paramètre, pas du système, conclut-il, ajoutant : « La droite française manque d’un grand souffle qui a accompagné par exemple la venue de David Cameron au pouvoir en Grande-Bretagne. »
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