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Pas de pitié pour les ennemis de l’État

Pour la grande majorité des Français, à quoi cela peut bien servir d’invoquer l’état de droit quand il s’agit justement de faire la guerre ?

Douze jours après l’horrible tragédie de Nice où 84 personnes ont perdu la vie, c’est un prêtre de 86 ans qui a été égorgé au moment même où il célébrait la messe. À la terreur s’est ajouté cette fois-ci l’indicible. À la monstruosité s’est ajoutée la volonté de s’attaquer à notre civilisation chrétienne. À l’effroi de tout le pays s’est ajoutée la répugnance des Français contre ces barbares qui s’en sont pris à un homme d’Église, symbole de paix et d’espérance. Jacques Hamel est mort en martyr comme des milliers de chrétiens d’Orient.

Mais cette fois-ci, c’était à Saint-Étienne-du-Rouvray, dans la proche banlieue de Rouen, à une heure de Paris. Son assassin avait tenté de rejoindre la Syrie en 2015. Même les autorités turques l’avaient refoulé. Et nos juges n’avaient rien trouvé de mieux que de le laisser sous surveillance électronique ; c’est-à-dire libre de vaquer à ses occupations depuis son domicile. Libre surtout d’établir un plan aussi macabre que celui qu’il a mis en oeuvre le 26 juillet, avec la complicité d’au moins deux autres djihadistes. Comme l’a dit le premier ministre : « Je comprends les interrogations que suscite la situation d’Adel Kermiche… C’est un échec, il faut le reconnaître. » C’est une juge rouge adepte de la politique de désarmement pénal de Christiane Taubira qui avait pris la décision de ne pas enfermer ce terroriste, en dépit de son sinistre pedigree et surtout en dépit de l’avis contraire du parquet.

Une fois passée l’émotion de ce crime abominable, un grand nombre d’hommes et femmes politiques de droite comme de gauche sont montés au créneau afin que l’on durcisse réellement notre arsenal juridique et répressif contre ces ennemis de la France, de notre mode de vie et de notre civilisation. Nicolas Sarkozy a notamment, une nouvelle fois, demandé que l’on mette rapidement en oeuvre « une rétention administrative pour les individus fichés les plus dangereux ». Une sorte de Guantánamo comme les Américains ont su le faire juste après le 11 septembre 2001. Si bien qu’il n’y a pas eu un seul attentat islamiste outre-Atlantique pendant les quinze années qui ont suivi, jusqu’à la récente fusillade d’Orlando.

Laurent Wauquiez, de la même manière, a plaidé une nouvelle fois pour la création de centres de rétention où seraient rassemblés tous les individus radicalisés et que les prisons ne peuvent et ne doivent accueillir. Le garde des Sceaux a naturellement opposé un refus immédiat à ces propositions de bon sens au motif que cela nécessiterait de changer la Constitution. Stupéfaction de l’ancien président de la République qui a immédiatement rétorqué : « Pour le statut pénal du chef de l’État ou pour inscrire le principe de précaution, on a le droit de modifier la Constitution, mais pour la sécurité des Français, on n’a pas le droit ? »

Les socialistes sont donc pris en tenaille entre leur moraline insupportable, d’un côté, et l’opinion publique qui ne leur fait plus confiance pour mener la guerre au terrorisme sous toutes ses formes, d’autre part. Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et la plupart des proches du chef de l’État répètent en choeur : « Il y a une ligne infranchissable, l’état de droit. » Mais pour le commun des mortels, à quoi cela peut-il bien servir d’invoquer l’état de droit quand il s’agit justement de lutter contre les ennemis de l’État ? Que l’organisation du pays, en période normale, soit conçue de manière à réaliser un équilibre entre les exigences du pouvoir et celles de la liberté, tout le monde en convient depuis Montesquieu. Mais qu’il faille mettre ces règles entre parenthèses lorsqu’il s’agit de faire face à un danger exceptionnel et que le besoin d’efficacité et de rapidité passe au premier plan, une très grande majorité des Français en convient aisément. Y compris à gauche. Ainsi Hussein Bourgi, le patron de la fédération du PS de l’Hérault, a demandé que l’on décrète la loi martiale, le rétablissement de la double peine et l’expulsion systématique des étrangers ayant commis un crime ou un délit. De même, la très médiatique sénatrice des Bouches-du-Rhône Samia Ghali a déclaré : « On va être obligés de toucher à l’état de droit. Arrêtons d’être dans l’angélisme et la naïveté. Nous devons prendre des décisions en marge de l’état de droit pour des gens qui ne sont pas dans l’état de droit. » Même discours chez un proche d’Emmanuel Macron, le député de l’Ardèche Pascal Terrasse : « L’état d’exception ne pose aucun problème. » François Hollande est donc désormais au pied du mur. Soit il affiche une résignation insupportable à voir se commettre de nouvelles tueries. Soit il renonce enfin à cette ineptie d’un état de droit pour des assassins qui nient le droit et combattent l’État.

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