Impôts en baisse, dépenses publiques en hausse, inflation en pleine accélération… Donald Trump pourrait bousculer l’économie américaine. Son accession à la présidence des Etats-Unis devrait en particulier pousser à la hausse un prix essentiel : celui de l’argent. Depuis des mois, les investisseurs se demandaient déjà si la baisse des taux d’intérêt amorcée du temps de Ronald Reagan, dans les années 1980, ne touchait pas à sa fin. La victoire inattendue du casinotier renforce l’hypothèse d’une remontée des taux d’intérêt à long terme. Parce que son programme budgétaire implique une forte montée du déficit public. Parce que son programme commercial suppose une forte hausse des droits de douane et donc des prix à l’importation, ce qui poussera l’inflation. A la fin de la semaine dernière, les investisseurs ont refusé d’envisager un tel scénario. Ils se sont plutôt demandé à qui profiterait à court terme l’avènement de Trump. Leurs choix en Bourse sont éloquents. Pariant sur des grands travaux, ils ont acquis des engins de chantier (Caterpillar) et du ciment (LafargeHolcim). Misant sur le relâchement des pressions réglementaires, ils ont acheté des médicaments (Pfizer) et des banques (Wells Fargo). A New York, l’indice Dow Jones en a profité pour battre un nouveau record, peut-être encore plus inattendu que la victoire de Trump.
Il est tentant d’attribuer ces choix à la myopie attribuée aux acteurs des marchés financiers. Mais il est en réalité difficile de voir plus loin. Car la présidence Trump commence par une équation à deux inconnues, sans précédent dans l’histoire économique des Etats-Unis.
La première inconnue porte sur son projet. Depuis des mois, le candidat laissait entendre en privé que sa politique serait très différente de son programme. Ses premières nominations donneront des indices précieux… mais partiels. Car le nouveau locataire de la Maison-Blanche devra ensuite composer avec les élus républicains du Congrès, dans une joyeuse atmosphère de mépris réciproque. Il suffit de se rappeler l’opposition virulente des parlementaires républicains au relèvement du plafond de la dette publique en 2011 puis 2013 pour comprendre que l’ouverture en grand du robinet budgétaire n’a rien d’évident.
La seconde inconnue porte sur l’impact de la future politique menée par Donald Trump. Car l’économie ne réagit plus comme avant. Jusqu’à présent, le retour de l’économie au voisinage du plein-emploi n’a pas accéléré les salaires, contrairement à ce qui se passait auparavant. La remontée des taux d’intérêt profiterait aux banques et aux retraités mais risque d’avoir des effets dévastateurs sur une économie endettée comme jamais, avec une dette totale (publique et privée) approchant 46.000 milliards de dollars – deux fois plus qu’il y a quinze ans. L’économie selon Trump, c’est l’incertitude au carré.
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