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Présidentielle : Macron prend de vitesse Hollande et Valls

L’ancien ministre doit annoncer sa candidature à la présidentielle ce mercredi à Bobigny.

Emmanuel Macron se lance dans la course à l’Élysée. Le leader du mouvement En marche! doit annoncer ce mercredi matin à Bobigny sa candidature à la présidentielle de 2017. La déclaration est prévue au centre de formation de la chambre des métiers et de l’artisanat de la Seine-Saint-Denis, là où, fin août, il avait effectué son premier déplacement après sa démission du gouvernement. «Sa décision était prise depuis longtemps, assure-t-on dans son entourage. C’est l’aboutissement d’un processus assez normal dont il était dépositaire. Il a fait ce qu’il fallait pour que cela soit justifié.» Et il s’en est expliqué mardi soir devant les parlementaires qui le soutiennent, réunis dans son nouveau siège de campagne du XVe arrondissement. Consigne a été donné à tous de garder le silence jusqu’à sa prise de parole.

Le timing ne doit rien au hasard. Côté gauche, cette déclaration de candidature intervient à un mois de la date limite que s’était fixée François Hollande pour annoncer sa décision de se représenter ou non. Se déclarer avant lui, c’est éviter de revêtir pour de bon le costume de Brutus que les socialistes s’efforcent de lui faire enfiler depuis sa démission. Le 15 décembre, c’est aussi la date limite de dépôt des candidatures pour la primaire du PS à laquelle Macron refuse de participer.

Côté droite, l’entrée en lice de l’ex-ministre de l’Économie tombe à la veille du dernier débat de la primaire, à quatre jours du premier tour. En se déclarant maintenant, le leader de En marche! tente aussi de peser sur le résultat et d’affaiblir Alain Juppé. Le favori des sondages à droite parle à une partie des électeurs potentiels d’Emmanuel Macron. Que Juppé s’impose chez les Républicains et l’espace politique de l’ancien conseiller du président de la République se réduira d’autant.

«On est dans notre calendrier»

Et puis il y a les sondages. Depuis plusieurs semaines, une partie de ses proches le pressait de se déclarer au plus vite alors qu’il commençait à marquer le pas dans les enquêtes d’opinion. «C’est un moment de repli volontaire avant de repartir au combat, assurait-on dans son entourage. Dans les sondages, il n’y a pas de décrochage, les cartes ne sont pas rebattues. On va reprendre pied rapidement.» Après sa série de meetings en province, il n’était jamais apparu en position de se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle. «S’il n’est pas à 20 % avant la fin de l’année, c’est plié», s’alarmait récemment un de ses soutiens. D’où les pressions pour qu’il se lance au plus vite à l’assaut de l’Élysée.

«On est dans notre calendrier, il n’y a pas d’accélération», jure-t-on toutefois dans l’entourage de Macron en reconnaissant que le timing de l’opération «s’est cristallisé il y a quelques jours». Depuis le lancement de En marche! en avril dernier, Macron s’efforce de garder son propre rythme. Avant l’été, son entourage le pressait de démissionner de Bercy pour développer son mouvement et préparer sa candidature. Il a finalement attendu la fin du mois d’août, comme prévu. Dans la foulée, il a clôturé son diagnostic du pays en septembre, l’a rendu public en octobre avec trois meetings en province. Puis, début novembre, il a présenté la «structuration» de En marche!. D’ici à la mi-décembre, Emmanuel Macron avait prévu de lever le voile sur son programme en s’exprimant régulièrement dans la presse. Il a commencé la semaine dernière dans L’Obs avec des propositions sur le social et l’éducation. Signe de la tension que provoque la montée en puissance de l’ex-protégé de François Hollande, son idée de moduler le temps de travail selon les âges a provoqué une algarade entre Michel Sapin et Richard Ferrand.

«Quand on commence à rentrer dans le concret, cela permet à chacun de porter un jugement sur autre chose que la seule qualité du sourire», a ironisé le ministre des Finances. «On savait que Sapin ne comprenait pas tout. La nouveauté est qu’il nous le confirme sur le mode bête, méchant et parfaitement inutile», lui a répondu le secrétaire général de En marche!. Un échange révélateur des tensions entre les partisans de François Hollande et ceux d’Emmanuel Macron. Ces derniers ont rendez-vous le 10 décembre prochain à Paris pour un meeting en forme de démonstration de force.

Samedi dernier, ils ont reçu un mail de En marche! «Réservez bien cette date, vous voudrez être présents». La foule, l’enthousiasme, l’envie… le cadre idéal pour entériner sa candidature à l’élection présidentielle. Parmi les premiers de ses soutiens, le maire de Lyon Gérard Collomb l’assure: «La dynamique va repartir.» C’est désormais l’enjeu.

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