Cet article de notre ami Nicolas Boileau, collaborateur de voxnr.com, est publié en Analyse, les rubriques Tribune et Débats étant réservées aux Invités. Vous pouvez poster votre avis au bas de cette page dans le fil des Commentaires. Le débat est ouvert !
Un ennemi surpris est à demi vaincu.
Sun Tse
La victoire aisée de François Fillon, gros sursaut de la France profonde, a surpris la maréchaussée médiatique, elle a donc aussi surpris le néo-FN et ses cadres « comme il faut », qui bien que « comme il faut », n’ont pas su se faire recevoir à sciences-po. Il faut croire que le fait d’avoir chassé JMLP et ses « déplorables » dans les conditions que l’on sait n’a pas suffi. Depuis longtemps le néo-FN a choisi le déshonneur, et l’on est content d’apprendre qu’il a récolté la guerre et le déshonneur avec l’UEJF et les sicaires du PS.
Fillon suppose pour le néo-FN une autre sérieuse épine dans le talon-aiguille. Voilà quelqu’un qui a su remettre le pétulant Copé à sa place (voyez la diatribe du gardon Askolovitch), qui a pris ses distances avec les humanistes islamistes, et qui a proposé un plan de bonne entente avec la Russie. Tout cela évidemment coupe l’herbe sous le pied au néo-FN d’autant qu’on n’y sent pas d’hostilité a priori contre la famille chrétienne ou cette France un peu routinière dont le néo-FN a prétendu se moquer avec son quarteron de gays en goguette, de rappeurs retraités ou de maniérés décrypteurs de Chevènement.
Il ne reste au néo-FN qu’à diaboliser Fillon en utilisant précisément les armes des adversaires. Juppé, en vieille rosière socialo, traite François Fillon de Röhm, de SS, de diable-vauvert et de tout ce qui passera par la tête de la LICRA et des islamistes ; le néo-FN nous fait le coup du désastre libéral et du plan antisocial.
Or ici aussi on commence à nous entourlouper. La famine du Venezuela, la reculade de Cuba, les coupures d’eau boliviennes et les 80% d’effondrement monétaire argentin montrent que le caudillisme et le souverainisme-étatisme des tiers-mondistes de droite ont de beaux jours « derrière » eux. Car s’il y a une vérité à démonter ces jours-ci, et elle est d’importance à mon sens, c’est que le mythe néolibéral a la vie dure et qu’il doit être déconstruit. Nous crevons d’avoir trop d’impôts, trop de règlements, trop de jours œuvrés pour l’Etat tentaculaire ; nous crevons de socialisme, et c’est ce socialisme humanitaire qui a fait venir tous ses immigrés. Les libertariens ont aussi raison sur ce point providentiel.
Et ce qu’Hillary Clinton a rêvé de faire avec ses minorités raciales, plurielles et assistées, Marine rêve de le faire avec son Français de souche, entité pourtant non reconnue au néo-FN, têtard mal aguerri, éternel promis aux délices de l’Etat-providence, mais ronchonnant ensuite du « trop d’intervention étatique ».
On rêve d’un deuxième tour comique entre Fillon et Mme Fn ou Fillon et Juppé candidat de la gauche primaire. La déculottée du néo-FN, ce sera aussi la énième déculottée de la série pour les élites hostiles.
Quant à Fillon, une fois au pouvoir, il pourra nous trahir. Mais il n’a rien promis. Comme dit Ambrose Bierce : l’optimisme est un désordre intellectuel.