Voxnr – Emprise

La fabrication des zombies.

Nul avant elle ne s’était souciée de comprendre le curieux dénouement de la guerre froide, étape capitale du grand bouleversement. Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les États-Unis, bien entendu, et l’économie de marché. Mais aussi la religion de l’Humanité, une, uniforme et universelle. Une religion commune aux deux adversaires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affinité.

Que voulaient les communistes d’autrefois ? Ils voulaient la mise en commun des richesses de l‘humanité et une gestion rationnelle assurant à tous abondance et paix. Ils voulaient aussi la création d’un homme nouveau, capable de désirer ces bienfaits, un homme rationnel et universel, délivré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils voulaient enfin assouvir leur haine des hommes concrets, porteurs de différences, leur haine également de la vielle Europe, multiple et tragique.

Et l’Occident américain, que veut-il? Eh bien, la même chose. Récusant la planification par la contrainte, le système américain voit dans le marché le facteur principal de la rationalité économique et des changements. D’où le nom de communisme de marché que lui donne Flora Montcorbier.

Le communisme de marché, autre nom du mondialisme, ne partage pas seulement avec son ex-frère ennemi soviétique la vision radieuse du but final. Pour changer le monde, lui aussi doit changer l’homme, fabriquer l’homo oeconomicus de l’ avenir, le zombi, l’homme du nihilisme, vidé de contenu, possédé par l’esprit du marché et d’Humanité universelle. Le zombi se multiplie sous nos yeux. Il est heureux « puisque l’esprit du marché lui souffle que le bonheur consiste à satisfaire tous ses désirs ». Et ses désirs étant ceux de marché ne sont suscités que pour être satisfaits.

Mais il y a pourtant des résistances. Comme le dessein est grandiose, on ne le lésine pas sur les moyens pour les briser. Les obstinés qui ne reconnaissent pas les bienfaits du système peuvent s’attendre au sort de l’Irak à partir de 1991 ou la Serbie en 1999. Le monde est plein de pervers en puissance qu’il faut mater ou rééduquer.

Afin de zombifier les Européens, jadis si rebelles, on a découvert les avantages de l’immigration. Les résultants sont excellents. L’installation à demeure de communautés immigrées accélère la prolétarisation des immigrées eux-mêmes, mais aussi des travailleurs de souche, les « petits blancs ». Privés de la protection d’une nation cohérente, traité en suspects par la puissance publique, dénoncé par les autorités morales, les indigènes perdent leurs dernières immunités communautaires. Ils deviennent de « prolétaires nus », des zombis en puissances.

Pour faire passer ces désagréments, le trait de génie fut d’utiliser les anciens intellectuels communistes, leurs compagnons de route et leurs proches. Ils ont fourni l’important clergé inquisitorial de la religion de l’Humanité, ce nouvel opium du people, dont le foot charpente les grand-messes. Une religion qui bases tables de la loi avec les droits de ‘homme, autrement dit les droits du zombi, lesquels sont les devoirs de l’homme. Elle a ses dogmes et son bras séculier, l’armée américaine, ses auxiliaires européens et les tribunaux internationaux ou nationaux.

L’un de ses instruments privilégiés est l’exploitation simultanée du sentiment de culpabilité collective des Européens et de leur penchant compassionnel. La « victimologie » est devenue le système de légitimation d’une société peu légitime. Pour faire d’oublier ce qu’elle a de contestable, celle-ci s’instaure en tribunal permanent d’une passé criminalisé. Ainsi fait-elle coup double. Dénonçant les « crimes » du passé ou ceux des dictatures exotiques, elle s’attribue à bon compte un brevet de haute moralité. Par comparaison, elle suggère que, malgré sa corruption et ses tares, elle est quand même la plus morale, donc la meilleure. Mais les systèmes les mieux conçus sont soumis aux imprévus. On voit ainsi la »victimologie » se retourner parfois contre les utilisateurs.

La police de la pensée pourchasse le Mal, c’est-à-dire le fait d’être différent, individualisé, d’aimer la vie, la nature, la passé, de cultiver l’esprit critique et de ne pas sacrifier à la divinité universelle. Le Mal, c’est aussi ne pas être dupe et voir que le système, suivant le mot Flora Montcorbier, « fait appel au credo libéral, à un humanisme moralisateur, à un écologisme de compensation pour masquer le caractère inévitable et essentiel de sa destruction de l’homme, de la nature, de la vie sociale ».

Dominique Venner

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