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Variation sur les origines russes de l’Etat profond US

Et 84 milliards de supplément pour le pentagone, soit deux fois le budget militaire étriqué de la Russie ! N’est-ce pas pour la Russie l’année du grand coup de pied au derrière (kick in the ass), selon l’accorte sénateur Graham ?

La Russie est toujours l’homme à abattre ! La doctrine Truman à outrance, ad vitam aeternam. C’est le retour de la ligne Curzon si l’on veut, l’opération Crimée et châtiment. La Russie contribue à donner un tour totalitaire à l’occident et militariste à l’Europe des valets. La Suède couverte de réfugiés n’a-t-elle pas rétabli le service militaire pour combattre la Russie ? On ne prête qu’aux russes. Orwell :

« Goldstein et ses hérésies vivront à jamais. Tous les jours, à tous les instants, il sera défait, discrédité, ridiculisé, couvert de crachats. Il survivra cependant toujours. »

Le Goldstein russe est ancien. Dostoïevski dans son Journal :

« …les Russes sont là, à la portée des investigations occidentales, et pourtant le caractère d’un Russe est peut-être plus mal compris en Europe que le caractère d’un Chinois ou d’un Japonais. La Russie est, pour le Vieux Monde, l’une des énigmes du Sphinx. »

Et il rajoutait l’auteur de Crime et châtiment, assez pince-sans-rire :

« On n’ignore pas que la Russie encaserne une armée très nombreuse, mais on se figure que le soldat russe, simple mécanisme perfectionné, bois et ressort, ne pense pas, ne sent pas, ce qui explique son involontaire bravoure dans le combat ; que cet automate sans indépendance est à tous les points de vues à cent piques au-dessous du troupier français. »

Revenons en 2017.

Un Etat moderne et ambitieux, endetté et contrôleur a besoin d’un bon, d’un éternel ennemi, même s’il doit (Anthony Sutton) le financer lui-même.

Certes la Russie est moins financée que quand elle était communiste. Elle est moins populaire aussi depuis qu’elle n’affame plus les koulaks ou qu’elle ne déporte pas dix millions d’hommes en Sibérie. Il faut donc lui faire la guerre.

Mais quelle guerre ?

Mais la grosse (et non plus grande) guerre ne saurait être dangereuse, ne servant qu’à renforcer ici ou là le local Etat profond en quête de budget. George Orwell (best-seller sur Amazon.com) nous éclaire encore :

« La guerre, cependant, n’est plus la lutte désespérée jusqu’à l’anéantissement qu’elle était dans les premières décennies du vingtième siècle. C’est une lutte dont les buts sont limités, entre combattants incapables de se détruire l’un l’autre, qui n’ont pas de raison matérielle de se battre et ne sont divisés par aucune différence idéologique véritable. »

C’est Miles Mathis qui dans son blog explique que Facebook était un projet DARPA ; Elon Musk aussi est selon lui un paravent DARPA (je veux bien le croire) – et peut-être Google, et peut-être finalement tout le reste ! On sait qu’Android et les Apple sont de fidèles rapporteurs pour la CIA.

Il faut donc un ennemi contrôlable.

L’idée que toute opposition doit être contrôlée et organisée par un pouvoir désirant se renforcer est vieille comme le monde. Plutarque la développe dans son ensorceleuse biographie de Périclès. Comment ce dernier ménage et contrôle Cimon puis Thucydide (pas l’historien), avant de les ostraciser et de contrôler la Grèce et le monde – par la guerre qu’il déclenche contre Sparte l’abominée…

Or la guerre sert depuis toujours à augmenter la puissance du pouvoir politique et à créer ce que Bertrand de Jouvenel a appelé dans son grand livre la démocratie totalitaire. Depuis Abraham Lincoln l’Etat US n’a plus su s’en passer. Lisez et relisez Ralph Raico, son extraordinaire Libertarian rebuttal, d’où j’ai extrait la note de Truman contre la CIA.

Pas trop au fait des méfaits ou des hauts faits de DARPA, je suis allé voir sur Wikipédia, qui dit beaucoup de bêtises (y compris sur moi !), mais parfois aussi le minimum requis.

Et cela donne dans un anglais orwellien :

“The Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) is an agency of the U.S. Department of Defense responsible for the development of emerging technologies for use by the military.”

Intelligence artificielle, communications, androïdes, tout passe par DARPA, qui est cul et chemise avec les entreprises comme Google ou Facebook donc. DARPA, c’est le magicien d’Oz des GAFA !

Et qui a créé DARPA ? C’est le même humoriste qui nous a mis en garde sur ordre contre les développements du complexe militaro-industriel. Ike en personne !

“DARPA was created in February 1958 as the Advanced Research Projects Agency (ARPA) by President Dwight D. Eisenhower. Its purpose was to formulate and execute research and development projects to expand the frontiers of technology and science, with the aim to reach beyond immediate military requirements.”

Mais je vais basculer. Les vrais pères de l’Etat profond US ce sont les russes. Les russes ont engendré les américains. Nabokov dans Ada a raison. L’Amérique est une petite Russie. Ce ne sont pas les Indiens qui sont passés par le détroit de Behring, ce sont les russes ! Regardez avec Crocker comment ils ont contrôlé Roosevelt, son New Deal et sa diplomatie.

D’ailleurs relisez la doctrine de Monroe et voyez comment la jeune république s’incline devant la Russie.

« Sur la proposition du Gouvernement impérial de Russie, transmise par le ministre de l’Empereur ici accrédité, les pleins pouvoirs et des instructions ont été envoyés au ministre des États-Unis à Saint-Pétersbourg, pour régler à l’amiable les droits respectifs et les intérêts respectifs des deux nations sur la côte nord-ouest de notre continent. »

Les distraits seront surpris, et le texte insiste sur cette amitié russo-américaine :

« Une proposition analogue a été faite par Sa Majesté impériale au Gouvernement de Grande-Bretagne qui y a accédé. Le Gouvernement des États-Unis a voulu montrer, par ce procédé amical, combien il attache de prix à l’amitié de l’empereur de Russie, et combien il désire de rester en bonne intelligence avec son gouvernement. »

Les russes comme pères de l’État profond US :

“DARPA was created in response to the Soviet launching of Sputnik 1 in 1957, and its mission is to ensure U.S. military technology would be more advanced than that of the nation’s potential enemies.”

Ce sont donc les Sputnik qui ont créé, sans le vouloir, DARPA. Une question donc : combien doit l’Etat profond américain à la Russie depuis que le président Truman créa la CIA et puis l’OTAN ?

La réponse est simple : tout. L’Etat profond US doit tout à la feinte Russie.

Et la deuxième question est : qui a créé exactement qui ? Est-ce la Russie qui a créé l’Etat profond US, l’Otan, la CIA pour son usage interne, par maladresse, ou simplement par gout du défi, du jeu et du grand jeu ?

Guy Debord :

« Le mépris général que suscite le spectacle redonne ainsi, pour de nouvelles raisons, une attirance à ce qui a pu être appelé, au temps de Kipling, « le grand jeu ».

Et Debord dit à propos du stalinisme dans ses Commentaires :

« Staline avait poussé plus loin la réalisation d’un tel projet dans notre siècle mais, malgré les complicités de toutes sortes qu’il a pu trouver hors des frontières de son empire, il restait une vaste zone du monde inaccessible à sa police, où l’on riait de ses impostures. »

Il a rappelé deux choses Debord : l’occident était plus stalinien que les russes, et il l’est resté ; le dictateur n’a survécu que par la complicité de ce même occident.

Sutton avait raison aussi. Mais j’irai plus loin !

Evoquons le candidat mandchourien. Le creux éditorialiste et Nobel d’économie Krugman accuse le président Trump (la carte à jouer, comme dans le film de Frankenheimer) s’être un candidat sibérien. Et cela est absurde pour deux raisons. Le pestiféré Donald Trump serait plutôt le prochain automobiliste de Dallas. Le vrai candidat soviétique, explique le sénateur Jordan à la douce Angela… Lansbury (la mère de Lawrence Harvey – mort peu après ce tournage et acteur principal de l’autre film à programmation mentale Les Quatre plumes), le vrai candidat soviétique est celui qui est le plus débilement, le plus irrémissiblement, le plus fanatiquement hostile à la Russie. Ce qui ne la tue pas la rend plus forte.

Ceux qui croyaient jouer aux échecs avec les russes feront bien de revoir l’épisode éponyme du Prisonnier. On n’y juge pas une pièce à sa couleur, mais à ses mouvements.

Ils reverront aussi l’épisode de Destination Danger intitulé colony three. Les russes ont créé une Angleterre miniature pour entraîner leurs agents. John Drake l’infiltre et s’interroge. Et s’ils avaient créé une CIA miniature les russes ?

On se retrouve également dans le monde de Lord Byron, dans Manfred. Les agences sont les multinationales, le parlement contrôlé par Soros, la commission de Bruxelles, l’Otan (de plus en plus une organisation de lansquenets), des démons, comme la CIA que vient de décrire Vault7.

Lisons Lord Byron, lorsqu’il invoque ses démons éparpillés.

Now to my task.–
Mysterious Agency!
Ye spirits of the unbounded Universe,
Whom I have sought in darkness and in light!

Le sixième démon répond par une angoissante question qui allude à l’électricité naissante :

My dwelling is the shadow of the night,
Why doth thy magic torture me with light?

Sources

  • George Orwell – 1984, II, 9
  • Nicolas Bonnal – Internet et les secrets de la mondialisation ; Dostoïevski et le crocodile (Kindle_Amazon)
  • Lord Byron – Manfred. Découvrez la version de Schumann par Hermann Scherchen-David Carlyle Hermges sur Youtube.
  • Guy Debord – Commentaires sur la Société du Spectacle
  • Dostoïevski – Journal, p.6-7
  • George Crocker – Roosevelt’s road to Russia
  • Jouvenel (Bertrand) – Du pouvoir
  • Mileswmathis.com
  • Plutarque – Vie de Périclès
  • Anthony Sutton – The best enemy money can buy

Films et séries

  • The prisoner – Checkmate
  • Danger man – Colony three (la ville fantôme, en français)
  • The Manchurian candidate (John Frankenheimer – avec Frank Sinatra et Laurence Harvey. Les livres de chevet de Sinatra sont le Procès de Kafka et l’Ulysse de Joyce, sur lequel je reviendrai)
  • Storm over the Nile (Terence Young)

 

 

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