Le périple aura surpris le marais des idiots utiles : pour son voyage destiné à affirmer son soutien à nos troupes combattant la terreur takfirî, Marine Le Pen a fait le choix du Tchad comme point d’arrivée. Ni le plus opulent ni le plus riche de nos amis en Afrique, mais bien un vieil ami : le pays qui fournira lors de la Bataille de Koufra, 1ère victoire de la France Libre, ses plus solides combattants. Choix qui a le mérite de rend hommage aux valeureux Tchadiens qui, de toujours, se battent aux côtés de la France… 2ème Partie.
Sinon, que pensez de ce qui se passe actuellement dans cette partie de l’Afrique ?
Jacques Borde : Une tragédie, bien évidemment. Mais une tragédie qui n’aurait pas été possible sans la Guerre de Libye ourdie, cessons de barguigner, à partir de Londres et de Paris. Donc par ceux qui présidaient aux destinées de la France et du Royaume-Uni. Supprimer Kadhafi fut l’erreur de la décennie.
Vous nous l’avez déjà dit à plusieurs reprises, mais pouvez-vous nous le répéter : en quoi éliminer Kadhafi a-t-il été une erreur pour l’Afrique ?
Jacques Borde. Parce que avec ses projets (bancaires notamment) feu le Guide libyen, Mouammar Kadhafi, était l’un des rares à vouloir faire bouger les choses et, plus encore, à avoir les moyens de telles ambitions. Le premier élément faisant souvent défaut aux seconds. Et Cameron, Sarkozy – et Fillon-le-bien-sapé son Premier ministre – marquant ainsi leurs mandats respectifs du sceau de l’infamie, ont décidé de se se mêler des affaires intérieures de la Libye qui ne les regardaient en rien et ont ainsi plongé cette partie du monde dans le choc et l’effroi ! Pour reprendre le titre de l’ouvrage Shock & Awe: Achieving Rapid Dominance de Harlan K. Ullman & James P. Wade1.
Et tout part de là ?
Jacques Borde. Comme tout Historien je ne crois pas à l’unicité de cause pour expliquer un événement. Mais cependant tout part bien de cet ubuesque via factis. Comme l’a dit un vieux Malien à notre consœur de TV5 Monde, Lise Laure Etia, à l’annonce de la mort de Kadhafi : « Vous savez, ils ont tué le Sahel ».
Comme l’a rappelé à l’époque à Jeune Afrique le secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur, Souleymane Jules Diop, « L’Europe a eu les capacités logistiques et militaires et a utilisé des milliards pour bombarder la Libye et, une fois le désordre installé dans le pays, a laissé les populations livrées à elles-mêmes. C’est tout à fait indigne et inacceptable »2.
Rappelons aussi que des hommes d’État comme Jean Ping (qui présidait l’Union africaine à l’époque des faits) et Idriss Déby Itno, ont été, du début jusqu’à la fin, contre cette éviction.
À ce point de notre discussion, je pense qu’il est important de rappeler ces propos de François Fillon, lui aussi prétendant à la magistrature suprême. L’homme se plaint que nous autres journalistes nous ne nous occupions que de ses aléas financiers et vestimentaires, mais je ne suis pas sûr que ses choix géostratégiques soient plus honorables…
À quoi faites-vous allusion ?
Jacques Borde. Très clairement, à ceci : lorsque Fillon prétendait que « Les Européens ne sont en rien à l’origine de la situation à laquelle ils doivent faire face. C’est la guerre en Syrie, c’est le totalitarisme islamique », et que ce sont « des gouvernements incapables sur une grande partie de l’Afrique qui sont à l’origine de cette situation ».
Donc, à l’entendre, le gouvernement qu’il a dirigé n’a aucune part de responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui au Levant et en Afrique ! Et en quoi les gouvernements africains sont-ils responsables de la guerre lancée par Londres et Paris contre la Libye ? Tous ceux qui sont les amis sincères de la France en Afrique apprécieront l’insulte venant d’un individu de si peu de jugeote mais si chèrement habillé…
Depuis, comme l’ont souligné de nombreux observateurs, Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)3 se sert du phénomène migratoire, généré par la via factis voulue et appliquée par Fillon et ses pairs, pour faire grossir ses 5ème colonnes en Europe, donc en France…
Ce phénomène touche l’ensemble du continent. Que faire, selon vous ?
Jacques Borde. Des choses simples, d’abord. Après, nous verrons si cela fonctionne et s’il est nécessaire de placer la barre plus haut. Donc, à peu près dans cet ordre là :
1- Instaurer un cordon sanitaire (sic) à la sortie même des ports libyens. Après tout, qu’avons-nous fait avec les foyers de fièvre Ebola ?
2- Instaurer une veille aéroportée préventive au-dessus des zones de départ. Assurée par des drones survolant la zone 24h/24h 7jours/7. Là encore, rien de bien nouveau pour nous : c’est ce que nous mettons en place (avec plus ou moins de succès) au-dessus de la Bande Sahélo-saharienne (BSS).
En nous y mettant à plusieurs avec, pourquoi pas, la La 6th Fleet US, basée au Naval Support Activity Naples (NSA Naples), sous les ordres du vice-amiral Christopher W. Grady. Là encore, nos alliés ne devraient pas être dépaysés : en mars 2011, elle a pleinement participé à la via factis contre la Libye. Je pense que cette participation entrerait tout à fait dans la nouvelle approche de l’administration Trump en matière de lutte contre la terreur takfirî..
Techniquement, vous pensez à des drones armés ?
Jacques Borde. Pourquoi pas ? Ça serait la solution la plus économique. Des MQ-9 Reaper se relayant sur zone seraient parfaitement à même de repérer des passeurs préparant leur coup et montant à bord de leurs embarcations. Et de les traiter dans l’urgence. Ah, oui, c’est vrai l’administration Hollande a fait le choix de commander ces drones. Mais dans une version non-armée. Comme c’est fâcheux !
Vous voulez dire tirer pour tuer ?
Jacques Borde. C’est tout à fait ça.
Et les risques de dommages collatéraux ?
Jacques Borde : Ils existent. Mais ni plus ni moins que lors des opérations de décapitation que conduisent les Israéliens ou les Américains (et semble-t-il nos forces spéciales au Levant, si l’on en croit certaines sources). Finalement cela rejoint ce que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, envisageait sous le vocable de « destruction préventive ». Directement au point de départ.
Il semble que Fabius songeait alors surtout à des destructions matérielles ?
Jacques Borde. Oui, c’est cela. À tort. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Je note que:
Primo. ces navires sont des bâtiments aux mains soit :
1- de pirates ;
2- de passeurs professionnels ;
3- de terroristes nazislamistes.
Autant d’éléments dont la disparition définitive n’aurait pas manqué concourir à l’apaisement de la situation en Libye et dans la région. Les morts, n’en déplaisent aux droits-de-l’hommiste de tous poils, récidivent assez peu…
Secundo. Quant à ceux qui s’y embarquent, la situation n’a pas changée : rappelons qu’ils sont eux-mêmes des délinquants violant une tripotée de lois (maritimes, migratoires, etc.) ? Sans compter toutes les fois où ils éliminent eux-mêmes un partie des migrants embarqués au motif que ceux-ci sont des Chrétiens. Il serait peut-être temps de placer tous ces gens devant leurs responsabilités.
C’est un peu radical, tout de même ?
Jacques Borde : Écoutez, il ne s’agit pas de tirer au canon de marine sur des navires bondés de civils. Mais de détruire des bâtiments lors de leur préparation et de leur prise de contrôle par ceux qui comptent les détourner de leur usage d’origine.
Une sorte de blocus sélectif et proactif, en quelque sorte. Voilà qui commence à ressembler à une solution à un problème qui dure depuis des années maintenant.
Mais un blocus anti-immigration est-il techniquement possible ? Beaucoup pensent qu’une telle opération est irréalisable…
Jacques Borde. Là, nous sommes dans le registre du fantasme. Un blocus des côtes tripolitaines irréalisable ? Ah, bon ! Et que fait d’autre la coalition sunnite au Yémen ? Au large d’Aden, de Sanaa ou de Taëz ?
Que fait l’Heyl Ha’Yam4 à quelques encablures de Gaza pour tenir à bonne distance le Hamas et endiguer les livraisons d’armes qui lui sont destinées ? Qu’ont fait, en leur temps, les États-Unis au large du Nicaragua5 ? Je parle, là, bien sûr de modalités techniques : le blocus maritime ça marche !
Est-ce moral ? Est-ce légal ?
Jacques Borde. En quoi cela serait-il moins moral et moins légal que le blocus que la marine séoudienne impose aux Houthis du Yémen qui sont, au bas mot, 35% de la population de ce pays ?
Au-delà, je rappelle que ça n’est pas nous mais les terroristes de DA’ECH qui ont annoncé leur intention de faire de l’immigration en Méditerranée une de leurs armes contre nous…
Et…
Jacques Borde. Et, nous sommes en guerre, pardi. Alors si nous sommes en guerre faisons-là !
Imagine-t-on qu’à partir de 1939, une encore plus drôle de guerre où nous aurions donné un visa d’entrée, un pécule, une AME6, à tous les soldats allemands postés à nos frontières et en ne combattant les armes à la main que leur encadrement. Or, c’est exactement ce que nous nous apprêtons à faire en Méditerranée !
Mais les migrants jetés sur nos côtes sont innocents ?
Jacques Borde : Tous ? Vous en êtes bien sûr ?
Primo. Je vous rappelle qu’à écouter ce que nous en disent les dirigeants et porte-paroles de DA’ECH, une partie d’entre eux sont bien des combattants armés infiltrés ! Iriez-vous qualifier les auteurs des tueries antijuives de Toulouse et de l’Hyper Casher d’innocents ?
Secundo. Innocents ? Pas tant que ça. Si vous y réfléchissez bien. La plupart d’entre eux sont bien venus de leur propre chef sur nos rives. Au point même de payer pour ça. Qui a forcé qui ? Personne, que je sache. Ensuite, en forçant ainsi nos côtes, ils se placent motu proprio hors du cadre de l’immigration légale. Ils sont donc ad minimo des délinquants. Et ceux qui ont jeté des chrétiens par-dessus bord, sont des pirates et des assassins. Arrêtons de nous voiler la face.
Ont-ils tant que cela prise sur les événements ?
Jacques Borde. Bien sûr que non. Mais Pensez-vous que tous les trouffions de la Wehrmacht ou de l’armée impériale japonaise étaient tous volontaires et avaient leur libre arbitre ? Évidemment que non. Ils étaient mobilisables et mobilisés…
Pour finir, il n’est pas question de mettre ces gens-là en danger, mais de les empêcher de prendre la mer sur des embarcation qui sont de véritables cercueils flottants.
Mais vous pensez vraiment que les Africains sont responsables… ?
Jacques Borde. Moins que les fauteurs de guerre en Libye et les nazislamistes, évidemment. Comme le rappelait Souleymane Jules Diop, « Quand la Libye était stable, elle était pourvoyeuse de trois millions d’emplois pour les Subsahariens. L’Europe ne peut pas faire payer aux Africains les conséquences du chaos libyen ! »7.
Mais, notez que Souleymane Jules Diop, parle aussi d’une « responsabilité partagée entre les pays d’origine, les familles des candidats à l’immigration et les pays européens, qui ont fait de la Libye une poudrière ». Et qu’il n’épargne pas ces familles « qui veulent coûte que coûte envoyer leurs enfants dans des conditions inhumaines », et qui y « ont également leur part »8.
Ce dont, en revanche, je suis quasiment certain que c’est lorsque les premières images de drones explosant à coup d’air/sol AGM-114 Hellfire des bâtiments sur le point d’être mis en l’eau avec (ou pas) leurs équipages, commenceront à circuler sur la Toile, cela en refroidira plus d’un. Et pour les autres, cela les privera d’autant de moyens de prendre la mer…
Mais, ça n’est qu’une approche militaire ?
Jacques Borde. Je vous dirai plusieurs choses :
1- la guerre ne se fait pas à fleurets mouchetés ;
2- elle se fait contre des ennemis parfaitement identifies. Ici des nazislamistes takfirî. Et non des Radicalisés et des Fichés S comme tentent de nous le faire croire des media corrompus et achetés ;
3- une guerre se fait avec des alliés sûrs. Comme les Tchadiens avec qui Marine Le Pen est allé prendre langue.
4- comme le rappellent un certain nombre de voix, nous n’aiderons l’Afrique qu’en traitant ce continent comme un allié de plein droit et non pas comme le partenaire de nos combines. Ce que l’on a appelé si longtemps la Françafrique.
Une vision toujours d’actualité pour nombre de nos politiciens si chèrement vêtus.
Notes
1 Doctrine basée sur l’écrasement de l’adversaire par l’emploi d’une très grande puissance de feu, la domination du champ de bataille, et des démonstrations de force spectaculaires destinées à paralyser la perception du champ de bataille par l’adversaire et annihiler sa volonté de combattre.
2 Jeune Afrique .
3 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
4 La marine israélienne, ou plus exactement Tzva Hagana L’Yisrael Heyl Ha’Yam, soit Corps de la mer de Tsahal.
5 À partir de 1981. Décidé sous la présidence Reagan.
6 Aide médicale d’État. Réservée aux non-nationaux résidant en France. De manière aberrante souvent plus élevé que celle accordée aux nationaux.
7 Jeune Afrique .
8 Jeune Afrique .