Quel poste occupera le shérif Clarke dans l’administration Trump ? Pressenti pour être le n°2 (ou 3) du Homeland Security, le choix de cet ardent patriote fait grincer bien des dents. Il n’est donc pas sûr qu’il soit confirmé à ce poste. Mais si, in fine, le shérif Clarke n’était pas le meilleur candidat possible pour succéder au poste, désormais vacant, de directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), précédemment occupé par le controversé James B. Comey ?
Le très charismatique David Alexander Clarke Jr., emblématique Sheriff du Milwaukee County (Wisconsin), serait actuellement pressenti pour être l’Assistant Secretary of Homeland Security for Partnership & Engagement du US Secretary of Homeland Security (secrétaire à la Sécurité intérieur), le général (Ret) John Francis Kelly1. Serait, car c’est David A. Clarke lui même qui a fait état de sa disposition à accepter ledit poste. À ce stade, une offre non confirmée officiellement par le Departement of Homeland Security (DHS) ou la Maison-Blanche. Ou qui que ce soit d’autre.
Décrié par la presse caniveau étasunienne – du cacochyme et washingtonien Post aux torchons libéraux californiens – le Shérif David A. Clarke Jr., depuis qu’il a pris la suite du shérif Leverett F. Lev Baldwin, le 19 mars 2002, est reconduit à ce poste tous les 4 ans. Quinze années constituant une preuve assez évidente de sa popularité et de son efficacité à assurer le job.
Tout ce que nos usines à gaz médiatiques des deux côtés de l’Atlantique ont pu trouver à lui reprocher, c’est le décès accidentel d’un détenu de 38 ans dans une prison de Milwaukee, administrativement sous sa tutelle, mais dans laquelle le Shérif Clarke n’exerçait aucune responsabilité directe.
David A. Clarke est aussi connu pour ses interventions sur Fox News ou à la tribune de la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes. Également, David A. Clarke critique régulièrement le lobby démocrate de dénonciation des abus policiers (sic) Black Lives Matter. Entité gauchiste et anti-patriotique rebaptisée, non sans raison, par Clarke « Black Lies Matter »…
Quid des Black Lies Matter
Quant à la réalité du Mouvement Black Lies Matter, comme l’a démontré Heather Mac Donald2, « … le mouvement Black Lives Matter est basé sur un mensonge, et pas seulement le mensonge selon lequel le pacifique Michael Brown a été abattu à sang froid par l’officier de police Darren Wilson en août 2014 (…). Les faits sont ceux-ci : l’année dernière, la police a tiré sur 990 personnes, la grande majorité armé ou résistant violemment à l’arrestation »3.
La réalité n’est pas toujours conforme aux fantasmes de nos intelligentsia. Ainsi, étudiant l’usage de la force par la police de Houston, le Pr. Roland Gerhard Fryer Jr.4, cité par Heather Mac Donald, « a constaté que les agents de police à Houston étaient près de 24% moins susceptibles de tirer sur des Noirs que des Blancs »5.
Plus précisément, partant d’un « ensemble de données comprenant des fusillades de Dallas, Austin, Houston, Los Angeles et six comtés de la Floride, il a constaté que les officiers étaient 47% moins susceptibles de décharger leur arme sans avoir d’abord été attaqué si le suspect était noir que si le suspect était blanc, Et que les victimes noires et blanches de tirs dus à la police étaient également susceptibles d’avoir été armées. Dans l’ensemble, Fryer n’a trouvé aucune preuve de discrimination raciale dans les fusillades »6.
Par ailleurs, poursuit Heather Mac Donald, selon une analyse conduite par le Centre for Policing Equity à propos de l’utilisation de la force par la police, les Blancs seraient, en fait « désavantagés par rapport aux Noirs en matière de force létale. L’utilisation par les agents d’une force létale suite à une arrestation pour un crime violent était supérieur à deux fois pour les personnes blanches arrêtées que pour les personnes noires »7.
D’où nous vient cette perception généralisée d’une application de la loi plus létale contre les Noirs que contre les Blancs ? Pour Heather Mac Donald,il n’y a aucun doute : « parce que les media traditionnels se concentrent sans cesse sur une poignée de fusillades » dans laquelle des Afro-Américains sont impliqués d’une manière ou d’une autre et ignorent délibérément « les fusillades impliquant des Blancs »8.
Quant à la violence armée, Heather Mac Donald, rappelle qu’« En fait, les fusillades mortelles sont rares, quelle que soit la race de la victime. La police compte environ 385 millions de contacts avec des citoyens par an; En 2014, ils ont fait plus de 11 millions d’arrestations. Selon les données recueillies par le FBI auprès des deux tiers seulement des services de police, les agents de ces services ont été agressés plus de 48.000 fois »9.
Effet pervers du récit fantasmatique Black Lives Matter, « ...les assassinats d’officiers ont augmenté de 52% cette année au 30 août par rapport à l’année dernière ». Or, « Au cours de la dernière décennie, les hommes noirs représentaient 40% de tous les policiers, même s’ils représentent 6% de la population. Cela signifie qu’un officier est 18,5 fois plus susceptible d’être tué par un homme noir qu’un homme noir non armé doit être tué par un policier »10.
Clarke à la tête du FBI ?
Familier des déclarations à l’emporte-pièce, Clarke a également estimé que les confiscations d’armes par les Nazis avaient laissé les juifs « sans défense face aux attaques ». Et dans un tweet dénonçant la corruption généralisée sous l’administration Obama, Clarke d’estimer que le temps était venu de prendre « les fourches et les torches » face au camp démocrate.
Prises par le petit bout de la lorgnette, ces déclarations méritent, cependant, qu’on y revienne.
Primo, dans les luttes âpres qui opposèrent droites et gauches dans l’Allemagne de Weimar, les acteurs furent aussi des paramilitaires sans statut légal, Freikorps côté nationaliste et Spartakistes, de l’autre. La conquête du pouvoir par les Hitlériens, elle, se fera autant pas les bulletins déposés par les urnes, qu’à coups de pistolets entre SA, SS et militants communistes. Vu des USA, il n’est donc pas idiot de rappeler aux Américains, que le droit de porter les armes pour s’opposer à la tyrannie leur est accordé par la Constitution et que les premiers combattant de la Jeune république furent des Insurgents, des Résistants, que les troupes britanniques passaient par les armes sans autre forme de procès.
Secundo, quant aux « …fourches et les torches », rappelées par David A. Clarke, elles évoquent l’histoire mouvementée de l’Amérique qui va de la Tea Party de Boston, début historique ce qui va être la Guerre d’indépendance, à la lutte des activistes abolitionnistes. Sans parler du fait que lorsque John Dickinson appelait au boycott de la British East India Company (BEIC11), les marins qui tentèrent de débarquer le thé furent passés au Tarring & feathering12. Une pratique couramment associée à la frange patriote.
Stricto sensu, un partisan du 2nd Amendment comme David A. Clarke, aurait pu aller plus loin et évoquer le recours aux armes contre un pouvoir absolutiste. Il est donc faux et historiquement infondé de voir dans ses dires des propos outranciers. Tout au contraire ; ils sont étonnamment modérés.
Rappelons aussi à notre intelligentsia de gauche germanopratine que dans le Deep South, l’Amérique ségrégationniste a longtemps été celle d’élus démocrates et non celle de Républicains perçus à l’origine comme des nordistes.
Mais David A. Clarke est aussi un manœuvrier tenace face au Deep State. Ainsi, dans un tonitruant témoignage devant le Senate Judiciary Committee, il a officiellement accusé l’ancien Attorney General démocrate Eric Holder d’« outright hostility » envers les forces de police.
Last but not least, quitte à promouvoir David A. Clarke à un porte-clé de l’administration Trump, demandons-nous si celui-ci ne serait pas davantage à sa place à la tête du… FBI.
En effet, les noms qui circulent actuellement ne sont guère annonciateurs de l’America is back ou de l’America First de la campagne qui ont porté Trump au pouvoir. À tout prendre David A. Clarke est l’homme qui cadrerait le mieux avec :
1- les engagements de Trump sur les questions de sécurité tant intérieures qu’extérieures dont David A. Clarke est assurément le héraut ;
2- la nécessité de rupture avec la tradition de nominations de personnalités issus du Deep State washingtonien ;
3- le cœur du métier de David A. Clarke qui – a contrario des impétrants classiques au poste de directeur du FBI, généralement hommes politiques, hommes de loi ou magistrats – est un homme de l’art, un policier, un vrai ;
4- l’ouverture des organes de force comme le FBI vers la communauté afro-américaine.
En effet, on rappellera aux ignorants (ou à ceux qui s’en foutent carrément : l’intelligentsia gauchiste endogamique WASP13 washingtonienne, pour que les choses soient claires) que le FBI reste de toutes les administrations étasuniennes l’un des plus discriminante, ou ostracisante, à l’endroit des Afro-Américains14. Ce fait est dénoncé depuis des lustres par de nombreux groupes, notamment le Black Caucus.
Oublions, vu de notre vieux continent, la vision multiculturelle et multiraciale faussement véhiculée par Hollywood. Celle de ces héros campés par des acteurs comme Jamie Foxx15 ou Denzel Washington16, le FBI reste, dans ces choix de directeurs, chefs d’enquête ou de mission, une maison très blanche, voire très WASP. Comme toujours, les choses sont plus complexes que veulent bien nous le dire nos petits marquis du politiquement correct. Qu’ils commencent à lire quelques ouvrages histoire de se dés-embrumer les méninges. Allez-y les gars : quelques petites pages de (entre autre) Magic Time de Doug Marlette17, histoire de se plonger dans un Deep South qui ne soit pas celui de leurs fantasmes.
David A. Clarke à la tête du FBI serait, assurément, le meilleur choix possible pour mettre la vieille maison en face de ses responsabilités. Aujourd’hui, a question est plus de savoir si Donald J. Trump a encore suffisamment de tonus et d’audace pour imposer sa candidature au Deep State.
Notes
1 Ancien patron du US Southern Command (USSOUTHCOM).
2 Chercheur au Manhattan Institute et auteur de The War on Cops.
3 Washington Examiner (2 mai 2017).
4 En janvier 2008, à l’âge de 30 ans, Fryer est devenu le plus jeune afro-américain à jamais obtenir un poste à Harvard.
5 Washington Examiner (2 mai 2017).
6 Washington Examiner (2 mai 2017).
7 Washington Examiner (2 mai 2017).
8 Washington Examiner (2 mai 2017).
9 Washington Examiner (2 mai 2017).
10 Washington Examiner (2 mai 2017).
11 Compagnie britannique des Indes orientales.
12 Supplice du goudron et des plumes.
13 White Anglo-Saxon Protestant. L’ex-National Security Adviser, le lieutenant-général (Ret) Michael T. Mike Flynn, a aussi été évincé parce que catholique…
14 Rappelons à nos Bobos parisiens qu’Obama n’a jamais été le premier président noir des USA, mais son premier président métis, produit de l‘establishment de la Côte-Est du pays.
15 The Kingdom (Le Royaume), film de Peter Berg (2007).
16 The Siege (Couvre-feu), film américain de Edward Zwick (1998).
17 Le Cherche midi, ISBN 9786267496219964 ? 2016.