Vincent Collen, Chef de service adjoint, est journaliste au service France aux "Echos"
+ VIDEO Le projet de décret encadrant les contrats des complémentaires santé prévoit un plafond de prise en charge des dépenses d’optique. Il serait de 350 euros pour des verres simples en 2015, et baisserait jusqu’à 200 euros en 2018.
Les projets du gouvernement vont-ils faire baisser les prix des lunettes ? Ou, au contraire, alourdir la somme qui reste à la charge des consommateurs après le remboursement de leur mutuelle ? C’est le débat qui fait rage, alors que l’exécutif met la dernière main à un décret qui instaurera un plafond de prise en charge pour les lunettes et les lentilles. A ce stade – « rien n’est encore décidé », insiste le ministère de la Santé – le texte prévoit un minimum de remboursement de 100 euros à partir de 2015, mais aussi un maximum, fixé à 350 euros pour des verres simples et 100 euros pour la monture.
Limiter l’envolée des prix
Ce plafond serait progressivement abaissé. Il tomberait, pour les verres simples, à 200 euros en 2018. Pour les verres complexes – multifocaux par exemple –, la prise en charge maximum passerait de 600 euros l’an prochain à 400 euros dans quatre ans. L’exécutif espère ainsi faire pression sur les prix. Autre restriction, le remboursement serait limité à une paire de lunettes tous les deux ans, « sauf chez les enfants ou en cas d’évolution de la vue », précise le document soumis aux acteurs du secteur.
Le gouvernement veut encadrer de façon plus stricte les contrats commercialisés par les complémentaires santé (mutuelles, assurances et institutions de prévoyance). Pour bénéficier d’une fiscalité plus favorable, les contrats dits « solidaires et responsables » devront respecter de nouvelles règles. Des prises en charge minimum seront prévues, par exemple pour les dépassements de tarifs des médecins ou le forfait dont s’acquittent les patients à l’hôpital. L’exécutif veut aussi instaurer des plafonds dans certains domaines, afin de limiter l’envolée des prix. C’est le cas dans le secteur de l’optique. Les complémentaires resteront libres de commercialiser d’autres contrats avec des remboursements plus généreux, mais ces contrats seront plus lourdement taxés, et donc plus chers pour les assurés.
Les complémentaires sont divisées
Les opticiens sont vent debout depuis qu’ils ont pris connaissance du projet de décret. « Comment ferez-vous si vos lunettes sont cassées, si le remboursement n’est possible qu’une fois tous les deux ans ? », s’insurge Christian Roméas, président du Syndicat des opticiens entrepreneurs. Quant aux complémentaires, elles sont divisées. « Les plafonds qui sont proposés sont trop élevés, il devrait être au maximum de 300 à 350 euros pour des verres complexes, estime Jean-Martin Cohen-Solal, délégué général de la Mutualité, qui fédère les mutuelles. Quant à la dégressivité, c’est une usine à gaz qui serait complexe à mettre en œuvre et illisible pour le consommateur. »
Pour Marianne Binst, qui dirige le réseau Santéclair, les plafonds sont au contraire trop bas. « Cent euros pour des montures, c’est très en dessous de la moyenne du prix de vente, qui est de 134 euros, souligne-t-elle. Il n’y aura pas de miracle, c’est le patient qui devra payer plus de sa poche. »