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Mythomanie convulsionnaire
Mis en ligne par la rédaction (merci à Romain) |
Intérieur
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« "Dans ce temps de mythomanie convulsionnaire où, par truchement du cinéma, chacun peut jouir quand il veut des corps désintégrés de Brigitte Bardot, de Faye Dunnaway et même des deux ensemble, infernale caricature de la multiplication des pains et des poissons, il devient aussi inconcevable de baiser sa jeune femme que d'imaginer pour ces mythes un lit avec des draps. Paris-Match, France, Elle, Encyclopédies, autant de goulots d'étranglement qui exploitent le cauchemar de la publicité et retiennent la mythomanie universelle, l'aliénation des masses, toutes droguées, débilitées par cette double participation à l'univers - en général rendu idéogrammatiquement abstrait par le déferlement de l'information -, et à leur propre vie, ainsi vidée de tout poids, de toute consistance. A force de s'intégrer mentalement au destin d'autrui, elles en viennent à ne plus vivre le leur, à sacrifier leur irrémédiable inanité à l'indolence d'un rêve éveillé sans espoir, zombis pantelants et de plus en plus imbéciles d'une société de consommation et dédoublement, qui glisse sans retour vers ces eaux réputées si petites mais où, vague sur vague, le néant l'emporte, en attendant, ultime délire, la lame de fond de la Cloacca Maxima revenant sur elle-même."
Dominique de Roux - Maison jaune. »
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