Le Royaume-Uni veut vendre sa participation de 40 % dans Eurostar avant les prochaines élections, en mai 2015. Cette transaction pourrait lui rapporter 300 millions de livres. Après les conditions contestées de la cession de Royal Mail, les syndicats et l’opposition travailliste ont critiqué cette nouvelle privatisation.

Londres poursuit la vente de ses bijoux de famille. Le 13 octobre, le chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances), George Osborne, a amorcé le processus de mise en vente de la participation gouvernementale, à hauteur de 40 %, dans la compagnie ferroviaire Eurostar, qui relie Londres, Paris et Bruxelles. Cet opérateur devrait bientôt perdre sa position de monopole, la compagnie allemande Deutsche Bahn ayant obtenu l’autorisation de faire circuler ses trains dans le tunnel à partir de 2016.
Ce projet de vente s’intègre dans le plan de privatisation de l’État britannique, annoncé en décembre dernier lors du discours d’automne et prévoyant la cession de quelque 20 milliards de livres (25,4 milliards d’euros) d’actifs financiers et industriels d’ici 2020. La vente d’Eurostar, détenue également à hauteur de 55 % par la SNCF et de 5 % par la compagnie ferroviaire belge SNCB, pourrait rapporter quelque 300 millions de livres (380 millions d’euros) à l’État britannique, désireux de réduire l’endettement public.
La privatisation contestée de Royal Mail
Les candidats potentiels à l’achat ont jusqu’à la fin du mois d’octobre pour se manifester, ce qui permettrait au gouvernement britannique de solder cette vente avant les élections générales, prévues en mai 2015. D’ores et déjà, ce projet de cession a fait grincer des dents et le Parti travailliste ainsi que le syndicat des transport RMT ont manifesté leur opposition : “Les Français et les Belges pensent que nous sommes fous de nous débarrasser d’un actif aussi stratégique et précieux”, a commenté par voie de communiqué Mick Cash, le secrétaire général du syndicat RMT.
Le parti d’opposition travailliste a, quant à lui, demandé une enquête immédiate auprès du National Audit Office (NAO), une organisation publique en charge d’auditer les comptes publics, afin d’éviter de reproduire le fiasco qui avait accompagné le début de privatisation de Royal Mail l’an dernier. Le gouvernement britannique avait en effet cédé 60 % de la poste britannique en octobre 2013, à 330 pence par action, une opération qui lui avait permis de lever 2 milliards de livres. Or le premier jour de cotation, l’action de Royal Mail avait grimpé de près de 38 %, ce qui n’avait pas manqué de provoquer un tollé dans le monde politique sous le prétexte que les contribuables britanniques avaient perdu 750 millions de livres ce jour-là.
Sous l’injonction du ministre du Commerce, Vince Cable, une enquête a été ordonnée en juillet pour connaître les conditions de mise sur le marché des différentes participations de l’État, et notamment celles de Royal Mail. Les conclusions de cette enquête, confiée à Lord Myners, l’ancien ministre de la City, devraient être publiées d’ici la fin de l’année. Dans l’intervalle, le gouvernement a perdu tout espoir de vendre le reste de sa participation, à hauteur de 30 %, dans Royal Mail d’ici mai 2015. D’autres privatisations, à l’image de la vente du Land Registry, qui contrôle les enregistrements de toutes les ventes immobilières en Angleterre et au Pays de Galles, ont également subi un coup d’arrêt.