Un site internet spécialisé dans la mise en ligne des résultats d'examen vient de publier un classement des collèges en fonction du taux de mentions obtenues au diplôme national du brevet. Au risque d'exacerber la concurrence entre public et privé ?

C'est le genre de classement qui déplaît à beaucoup de monde -sauf aux parents d'élèves. La société France-Examen a mis en ligne jeudi 6 novembre un classement des 6000 collèges publics et privés en fonction, non pas de leur taux de réussite au brevet, mais en fonction du taux de mentions décrochées par les collégiens à l'examen national de fin de 3eme. Pour établir ce classement la société a travaillé sur les données du brevet 2013 mises en ligne par le ministère de l'Education nationale sur le site Data.gouv.fr.
La prime aux établissements privés
Dans le top 30 du classement des collèges de France-Examen ne figurent que deux établissements publics: le collège franco-allemand de Buc, dans les Yvelines (3e du classement), et le collège Antoine de Saint-Exupéry, à Lyon (4e). Les académies de Rennes, Paris et Nantes sont "les plus performantes", avec des taux de mention au diplôme national du brevet (DNB) qui dépassent 60%. Sur ce critère, c'est le département d'Ile-et-Vilaine qui occupe la pôle position: 7 collégiens sur 10, tous collèges confondus, y ont décroché une mention.
La sur-représentation des établissements privés dans ce classement peut surprendre, mais s'explique simplement. D'abord parce que les établissements privés, contrairement aux établissements publics, peuvent sélectionner leurs élèves sur des critères scolaires. Ensuite parce que la réussite au brevet est fortement corrélée à l'origine sociale du collégien. D'après les données de l'Eduation nationale, la quasi-totalité des enfants issus de milieux très favorisé obtient le brevet, quand le taux de réussite des jeunes issus de milieu défavorisé atteint 80%, soit 20 points de moins. Or ces jeunes sont plus nombreux dans le public.

Un palmarès utile ?
Dès sa mise en ligne, le palmarès de France Examens a fait l'objet de nombreuses critiques, notamment de la part de professeurs du public qui lui reprochent de favoriser le "tourisme scolaire" et l'élitisme. De son côté, France Examens explique que l'intérêt de ce palmarès est de permettre aux parents de mieux choisir le collège de leur rejeton -sous entendu, en fonction du taux de mention obtenu au brevet. Sauf que très peu de familles disposent d'une véritable liberté dans le choix du collège de leur enfant. En effet, l'inscription des futurs collégiens est conditionnée par leur adresse postale, en vertu de l'application de la carte scolaire. Les dérogations à cette carte restent rares, en fonction de critères bien précis: handicap, nécessité d'une prise en charge médicale, bourse, rapprochement de fratrie, etc. En revanche, les familles qui souhaitent inscrire leur enfant dans un collège privé, non soumis à la carte scolaire, feront certainement un usage intensif de ce palmarès.
Un critère parmi d'autres
Les parents des élèves du public qui seraient tentés d'aller jeter un oeil à ce classement y trouveront tout de même une information intéressante, que beaucoup de principaux rechignent à communiquer: le taux de réussite au brevet de "leur" collège de secteur, et son évolution d'une année sur l'autre. Mais ce taux de réussite au brevet n'est qu'un indicateur parmi tous ceux qui font un "bon" collège, comme par exemple la présence d'une équipe de professeurs soudée et habituée à travailler de concert, ou l'existence de projets pédagogiques innovants et motivants pour les élèves. Des critères qui ne figurent pas dans le classement de France Examens.