Marine Le Pen place de nombreuses espérances dans le 15e congrès du Front national qui se tiendra ce week-end à Lyon.

C'est le "dernier arrêt aux stands avant l'arrivée au pouvoir", pour Marine Le Pen rêve grand. Avec 30 % d'intentions de vote et une première place si la présidentielle avait lieu immédiatement (selon les derniers sondages), la présidente du FN peut sourire. 2014 a déja été un bon cru pour son parti aux municipales, aux sénatoriales et surtout aux européennes. Désormais, objectif 2017 ! La plupart des dirigeants FN disent croire en une victoire - ils l'affirmaient déjà en 2012 - bien qu'en privé, certains jugent que c'est "trop tôt" pour atteindre les 50 % plus une voix nécessaires au second tour et que le parti n'est pas encore prêt à gouverner. Sur le chemin de la présidentielle se dressent encore les départementales et les régionales de 2015.
Démontrer qu'il est un parti de gouvernement
Le parti, dont l'implantation locale était autrefois l'un des talons d'Achille, entend pour les départementales être présent dans tous les cantons (contre 75 % des cantons renouvelables en 2011), ce qui représente environ 8 000 candidats à trouver. Les services du parti ont déjà commencé à vérifier le profil des candidats potentiels sur les réseaux sociaux, pour éviter la mauvaise publicité des cantonales 2011 ou des municipales 2014, et à valider des noms en commission d'investiture. Pour les régionales, "deux régions sont gagnables" d'après Marine Le Pen : la Picardie-Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Le FN va tenter de mettre en avant au cours de ce Congrès "de nouvelles têtes" et de "nouveaux thèmes". Si Jean-Marie Le Pen doit intervenir le premier samedi face à la presse, le parti d'extrême droite compte démontrer qu'il est un parti de gouvernement avec des tables rondes d'une vingtaine de minutes chacune sur l'écologie, la fraude sociale ou les libertés numériques. La présidente du FN s'exprimera elle principalement lors d'un discours prévu dimanche à 15 heures, alors que des opposants devraient manifester ce week-end dans la capitale des Gaules. Le jour même où Nicolas Sarkozy pourrait redevenir chef de l'UMP, le FN entend présenter un visage idyllique : un parti uni derrière sa chef, loin donc des affrontements déchirant l'UMP ou des débats tiraillant le PS.
Réélue avec un score de maréchal
Uni, le FN ? La réalité est évidemment plus complexe. Certes, extrêmement rares sont les adhérents FN qui préféreraient voir quelqu'un d'autre que Marine Le Pen à la tête du parti : sans adversaire, l'eurodéputée sera réélue avec un score de maréchal par les plus de 83 000 adhérents revendiqués par le parti. Mais les querelles d'ego "mécaniquement se reportent sur le deuxième niveau", comme le note un des conseillers de l'eurodéputée. "Le congrès a pour but d'abord de satisfaire des exigences statutaires. Il n'y a pas de motion, l'enjeu est moins doctrinal qu'humain", reconnaît aussi la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen. Au centre de l'attention : l'ordre d'élection au Comité central, sorte de parlement interne du parti et baromètre de popularité, dont les résultats seront annoncés dimanche matin.
Bien qu'elle dise n'y accorder "aucune importance", ils seront un indicateur pour Marine Le Pen, qui doit renouveler l'organigramme et les instances du parti : le bureau exécutif, saint des saints actuellement composé de huit membres, et le bureau politique. Au jeu des pronostics, les frontistes valident celui réalisé par la présidente du FN : la dernière des Le Pen "peut arriver en tête" au comité central, devant son principal concurrent, Florian Philippot. "C'est une jeune femme, elle est députée, elle est courageuse, elle est compétente, et elle a une qualité supplémentaire, elle s'appelle Le Pen", avait résumé Marine Le Pen. Entre le discours plus traditionnel et identitaire de la députée du Vaucluse, qui se dit "de droite", et le "national-républicanisme" des partisans de Florian Philippot, les divergences d'ego reflètent des différences de fond, deux conceptions en concurrence pour prévaloir auprès de Marine Le Pen, avec en ligne de mire le programme pour 2017. Mais à Lyon, le programme du parti ne sera pas à l'ordre du jour, comme l'a "regretté" le concurrent de Marine Le Pen en 2011 Bruno Gollnisch.