Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron et le secrétaire d'État à la simplification Thierry Mandon réclament une réforme de ce dispositif accusé par les patrons d'être une «usine à gaz» dangereuse. Marisol Touraine le défend bec et ongles.

L'unité du gouvernement se fissure sur le compte pénibilité. La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine est montée au créneau pour défendre le dispositif, partie intégrante de sa réforme des retraites. C'est «une avancée majeure, une avancée sociale de grande importance et il n'est pas question d'y renoncer», a-t-elle déclaré ce mercredi matin sur iTélé. Ce dispositif, poussé par la CFDT, «va permettre à des centaines de milliers de personnes de partir à la retraite plus tôt parce qu'ils ont exercé des métiers pénibles», a-t-elle insisté. Et puis, «la loi est votée», a-t-elle conclu.
Si elle a dû défendre encore une fois son dispositif, ce n'est pas contre une nouvelle attaque du patronat, dont le retrait ou la réforme de cette «usine à gaz» est une des revendications principales de leur mobilisation antigouvernementale cette semaine. C'est parce que certains de ses collègues au gouvernement poussent à la simplification du dispositif. Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a rappelé mardi qu'un «groupe de travail» planchera sur la simplification du compte pour «rendre la pénibilité supportable pour les entreprises». «Les conditions d'application apparaissent compliquées et incompréhensibles pour certains patrons», a-t-il critiqué. Une sortie suivie par celle de Thierry Mandon, secrétaire d'État à la simplification, qui a suggéré de supprimer un ou deux critères de pénibilité. «Il y a 10 critères, est-ce que 8 ou 9 ne suffisent pas pour sortir de la situation de blocage?», s'est-il interrogé sur le site L'internaute.com.
Mise en place décalée
Le gouvernement avait déjà cédé en partie en milieu d'année face aux protestations du patronat en décalant partiellement l'entrée en vigueur du compte. Quatre facteurs seulement entreront ainsi en vigueur au 1er janvier prochain (travail de nuit, hyperbare, répétitif et alternant). Les six autres (postures pénibles, températures extrêmes, manutention de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, bruit), autrement plus complexes à mettre en œuvre, attendront le 1er janvier 2016 pour être mesurés sur le terrain. D'autre part, les cotisations patronales devant financer le compte, à partir de 2016, ont fortement été réduites.