Le nouveau commissaire européen, qui prendra ses fonctions samedi, va devoir démissionner de son mandat de député. Et provoquer probablement une élection partielle, à l'issue de laquelle le PS risque de perdre sa majorité absolue à l'Assemblée.
Tout aura été fait pour passer outre, mais la législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs risque bel et bien d'avoir lieu. En confiant une mission parlementaire de six mois à Pierre Moscovici, le gouvernement pensait pouvoir éviter au député de démissionner de son mandat lors de son entrée en fonction à la Commission européenne. L'ancien ministre aurait simplement transmis son siège à son suppléant, Frédéric Barbier. Mais la manoeuvre semble vouée à l'échec, Pierre Moscovici devant entrer en fonction dès samedi, quatre jours avant l'expiration de ladite mission, prévue mercredi prochain.
Interrogé ce mercredi par l'Association de la presse parlementaire, le futur commissaire aux Affaires économiques a lui-même laissé entrevoir l'hypothèse d'une élection partielle dans sa circonscription. «Si il doit y avoir une partielle, il y en aura une», a-t-il assuré. «Il y a des questions juridiques qui doivent être éclaircies dans les heures qui viennent mais une chose est certaine, je serai à la Commission lundi matin». Selon lui, la décision ne se jouera pas au niveau de la Commission, à qui l'on prêtait l'intention d'accorder une dérogation à l'intéressé pour entrer en fonction plus tard, mais bien au niveau du gouvernement.
L'exécutif a cherché à tout prix à s'éviter un nouveau test électoral qui s'annonce compliquée pour le PS, car si le groupe socialiste, après huit échecs consécutifs aux élections partielles, perd encore un député, il perdra par la même occasion sa majorité absolue à l'Assemblée, fixée à 289 sièges. Pire, la circonscription pourrait être emportée par le FN, qui ne cesse de progresser au fil des élections depuis 2012 dans cette région frappée de plein fouet par la désindustrialisation. «Il faut cesser de considérer que c'est gagné d'avance pour je ne sais qui. Il y a possibilité pour le PS. Il ne faut jamais penser qu'une bataille est perdue d'avance», tempère Pierre Moscovici qui «souhaite que (s)on successeur soit (s)on suppléant d'une façon ou d'une autre».
Ce qui n'empêche pas le nouveau commissaire de livrer un constat sombre sur la progression du parti de Marine Le Pen au niveau européen: «Le FN est le parti d'extrême droite le plus puissant électoralement d'Europe. Il représente une inquiétude pour les européens», assure-t-il. «Je vois sa montée et ça suffit à ma préoccupation». Pour l'ancien ministre, la seule manière de lutter contre la montée des forces eurosceptiques, «c'est la capacité de l'Europe à recréer des résultats et de l'espoir». «Il faut rendre à la jeunesse un espoir européen», juge-t-il.
«Je continuerai à faire entendre ma voix»
Malgré son devoir d'impartialité lié à ses nouvelles fonctions de commissaire européen, Pierre Moscovici souhaite encore peser ses les débats au sein du PS. «Je reste socialiste je continuerai à participer aux instances du PS. Je continuerai à parler», assure l'ancien ministre, qui appartient au conseil national du PS, sorte de parlement du parti. «Je considérerais comme une erreur ou comme une faute de la part du PS de s'écarter de l'Europe, de se mettre en marge. Je souhaite que le PS soit un parti clairement européen et social-démocrate. C'est une bataille de tous les jours», assure-t-il, en réponse à la montée en puissance des frondeurs au sein du parti.
