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En France, 1 enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté
Natacha Gorwitz |
Intérieur
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Dans un rapport publié ce mardi, l’Unicef France pousse « un cri d’alarme ». Aujourd’hui, plus de trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Cela représente près d’un enfant sur cinq. L’institution onusienne dresse un diagnostic sévère sur le respect des droits de l’enfant en France qui arrive en queue de classement des pays de l’OCDE.
Les enfants « paient le lourd tribut de la crise » insiste Nathalie Serruques. « C’est toute une génération qui risque d’être sacrifiée si l’action politique n’est pas réorientée » poursuit la responsable de la mission enfance. Entre 2008 et 2012, 440 000 enfants supplémentaires ont plongé avec leurs familles sous le seuil de pauvreté en France. Aujourd’hui, une personne pauvre sur trois est un enfant. Certains enfants vivent dans la pauvreté la plus extrême. Ainsi, plus de 30 000 enfants sont à la rue, et quelques 9 000 habitent des bidonvilles. Parmi eux, « beaucoup viennent de l’immigration ».
« Ces chiffres rappellent douloureusement une réalité que l’on ne veut pas voir » commente Michelle Meunier, auteur d’une proposition de loi sénatoriale en cours d’examen. Ils « tombent annuellement, ça fait mal et on court toujours derrière. »
« Le manque d’efficience des politiques publiques »
Pourtant, « quand on met bout à bout » les moyens mis en œuvre, « ce n’est pas rien ! » insiste la sénatrice socialiste. « Un argent colossal est mis au service d’actions qui ne sont pas suffisamment efficaces » renchérit Nathalie Serruques. Il faut que la France adopte « une approche de la pauvreté qui ne soit pas uniquement monétaire ». Actuellement, c’est le modèle qui domine les politiques publiques, avec pour réflexe celui d’augmenter les allocations familiales pour les familles monoparentales ou les familles nombreuses. Mais « entre ce qui est investi et les résultats, le compte n’y est pas ».
Les dispositifs mis en œuvre ne tiennent pas suffisamment compte des « privations » dont les enfants font l’objet, en termes d’accès aux soins, au logement, à l’éducation, etc. De ce fait, ils ne permettent de sortir [durablement] les enfants de la pauvreté ». Or, « ces enfants sont les adultes de demain » et si rien n’est fait, ça va devenir « un sacré boulet ». Chaque année, 140 000 jeunes décrochent du système scolaire, chaque année, sans qualification. On estime le coût de ce « décrochage pas pris en amont à 30 milliards d’euros annuels », poursuit la responsable de l’Unicef France.
Un constat que partage Michelle Meunier. « Tout ce qui est du domaine de l’enfance n’est pas traité en première instance comme une priorité. On y fait attention quand lorsqu’il y a un problème qui trouble la société – le placement des enfants, la situation des jeunes mineurs isolés » regrette-t-elle. Or, « la réparation coûte plus cher que la prévention ».
Principales recommandations
L’Unicef France établis 36 recommandations. Parmi les mesures plus « concrètes », Unicef France demande par exemple à ce que des efforts soient faits pour « stabiliser les familles vivant dans des bidonvilles en mettant un terme aux démantèlements erratiques et successifs des campements ». Aujourd’hui, les dispositions de la circulaire interministérielle d’août 2012 sont « très rarement » respectées et à chaque démantèlement, « il faut tour recommencer à zéro », surtout en ce qui concerne l’accès aux soins et à l’éducation et. Par ailleurs, Unicef France demande à ce que soit sanctionné « toute forme de stigmatisation des élus de la République à l’égard des populations en bidonvilles ».
Au-delà du rapport, Unicef France regrette que malgré un constat alarmant, la question de la protection des enfants soit reléguée à la périphérie. Le terme ‘enfant’ a même disparu de la feuille de route du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté. Dans les autres reculades du gouvernement, Unicef France s’inquiète du fait que la réforme relative à la justice des mineurs qui prévoyait la suppression des tribunaux corrections pour mineurs aient été mise au banc. Au sujet de la proposition de loi Meunier, actuellement en cours d’examen, Unicef France a lourdement condamné l’amendement introduit dans le texte par le gouvernement inscrivant dans la loi la pratique des tests d’âge osseux sur les mineurs isolés étrangers. Outre « la portée symbolique très lourde » de cette disposition, cela montre que l’« on n’est plus sur un système de protection » dénonce Nathalie Serruques. Le texte devrait être examiné prochainement en seconde lecture en commission des affaires sociales du Sénat.
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