|
 |
Rachat des licences de taxis : « Un engrenage dangereux » pour Thévenoud
Article mis en ligne par la Rédaction |
Intérieur
|
Le gouvernement veut en finir avec l'interminable bras de fer entre taxis et VTC. Alors que des centaines de taxis bloquaient, lundi, Toulouse (Haute-Garonne) pour faire pression sur les discussions en cours, le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a présenté sa feuille de route aux protagonistes engagés dans une négociation marathon.
Elle prévoit la création d'un fonds de garantie, financé par les professionnels du secteur, qui permettrait aux taxis volontaires de se faire racheter leur licence.
C'est une des principales revendications des chauffeurs qui, avec l'arrivée d'Uber, ont vu la valeur de leur licence s'effondrer alors même qu'ils sont nombreux à s'être endettés jusqu'au cou pour l'acquérir. Est-ce une bonne idée ? Pas si sûr, si l'on croit Thomas Thévenoud, auteur de la loi du 1er octobre 2014 encadrant la concurrence entre taxis et VTC.
Combien coûterait le rachat par l'Etat des licences de taxis ?
THOMAS THEVENOUD. Il est estimé à 5 Mds€ pour les licences des 20 000 taxis parisiens, et jusqu'à 8 Mds€ pour les 60 000 taxis en France. L'Etat a une bien cagnotte, mais elle n'y suffira pas. Faire payer les contribuables ou les consommateurs, par le biais d'une taxe sur les courses, serait très impopulaire. Et les professionnels, comme G 7 et Uber, vont sans doute refuser d'être mis à contribution. Il y a un vrai problème de financement de cette mesure.
L'idée avait été écartée de la « loi Thévenoud ». Pourquoi ?
T.T. - Pour des raisons budgétaires. Mais aussi politiques. Je rappelle que la valeur des licences avait explosé avant l'arrivée d'Uber. Jusqu'à 250 000 € à Paris, et 400 000 € sur la Côte d'Azur ! Leur valeur a chuté mais, sans visibilité sur l'origine des fonds, leur rachat s'apparenterait à du blanchiment. Et remplacer les licences actuelles par une simple autorisation administrative de stationnement poserait d'autres problèmes. Il faudrait notamment avoir les moyens de s'assurer qu'une forme de marché noir ne s'installe pas. Enfin, l'abandon des licences, cela reviendrait à faire une croix sur les tarifs réglementés fixés par les pouvoirs publics. Les consommateurs ne pourraient donc plus se référer au compteur. Alors, qui fixera les prix ? On met là le doigt dans un engrenage dangereux. Même à New York, au pays du libéralisme, où Uber est très présent, ils ne sont pas allés jusqu'à renoncer au système des licences. Le seul pays à avoir totalement libéralisé la profession et mis en place un fonds de garantie est l'Irlande, mais cela ne leur a coûté que 13 M€. On n'est pas dans le même ordre de grandeur.
Quelle serait la solution ?
T.T. 6 Depuis l'arrivée des VTC, il ne s'agit plus d'un problème d'offre. Le problème est, face aux nouvelles formes de concurrence, de relever et de garantir la valeur de l'activité de taxi. Comment ? Grâce à un système de licences gratuites non cessibles. En échange, les taxis bénéficient de droits exclusifs comme la maraude, l'utilisation des voies de bus et la desserte des aéroports.
A Toulouse, épicente de la grogne des taxis, le mouvement de blocage a été reconduit pour ce mardi.
|
 |
|
 |
|
|