|
 |
Mercredi, 10 Février 2016 |
|
|
Déchéance de nationalité : «Macron rejoint le rang des frondeurs», selon Filippetti
Emmanuel Macron surgit là où on ne l'attendait pas. Mardi soir, lors d'une conférence organisée par la Fondation France-Israël, le ministre de l’Économie a critiqué la déchéance de nationalité, alors que les députés adoptaient la mesure à l'Assemblée nationale.
« On a prêté trop d'importance à ce débat », a jugé l'un des ministres les plus populaires du gouvernement. « Je suis dans un inconfort philosophique avec la place que ce débat a pris. (...) On ne traite pas le mal en l'expulsant de la communauté nationale. Il faut (le) prévenir et punir implacablement dans la communauté nationale ».
Emmanuel Macron a sans doute réalisé que ce propos le rapprochait davantage de Christiane Taubira que de Manuel Valls et François Hollande, alors que le couple exécutif se montre de plus en plus agacé par ses prises de position à contre-pied. Car il a aussitôt ajouté : « On parle de terroristes et donc d'une situation extrême (...) Il faut prendre le problème comme tel ». Pour lui, il ne s'agit « pas d'un débat sur la nationalité française ».
Duflot : «C'est la deuxième fois que je suis d'accord avec lui»
Devant les 800 personnes qui s'étaient inscrites pour assister à la conférence, organisée par l'ancienne secrétaire d’État chiraquienne Nicole Guedj, Emmanuel Macron a une fois de plus marqué sa différence, sans tenir compte de l'avertissement formulé l'après-midi même par Manuel Valls sur la nécessité de respecter la parole présidentielle.
Déjà, Macron avait affronté la ligne du Premier ministre sur le terrorisme. Le 18 novembre dernier, cinq jours après les fusillades terroristes de Paris et Saint-Denis, il avait estimé que la société française, en « fermant la porte », avait « une part de responsabilité » dans le « terreau » de prospérité du djihadisme, et qu'il convenait de s'interroger là-dessus. La droite avait attaqué le locataire de Bercy, l'accusant de chercher des « excuses » aux terroristes. Et devant l'Assemblée nationale, Valls avait marché dans leur sens, estimant que, face au terrorisme, « aucune excuse ne (devait) être cherchée : sociale, sociologique ou culturelle ».
Les propos d'Emmanuel Macron ont fait réagir ce mercredi matin. Aurélie Filippetti, la député de Moselle, qui a voté contre le texte sur la déchéance, a souri en soulignant que Macron «rejoint le rang des frondeurs». «C'est très bien», a -t-elle insisté sur France Info, ajoutant qu'il «pourrait nous rejoindre sur la politique économique».
Alors que le remaniement est éminent, l'ancienne ministre de la Culture a souligné qu' «à chaque fois qu'il y avait eu des opinions divergentes, cela s'est soldé par une expulsion, non de la communauté nationale mais de la communauté gouvernementale». «Nous verrons ce qu'il adviendra cette fois», a-t-elle insisté, histoire de mettre un peu plus d'huile sur le feu.
Sur i>Télé, Cécile Duflot, qui elle aussi a voté contre le texte, a estimé qu'Emmanuel Macron «a tout à fait raison». L'ancienne ministre du Logement a souligné que c'était «la deuxième fois qu' (elle était) d'accord avec lui». L'écologiste a rappelé qu'il «avait dit qu'il fallait trouver les raisons et expliquer pourquoi des jeunes basculent» dans le terrorisme.
« C'est un peu le coup de pied de l'âne, au moment où l'on votait », remarque Benoît Hamon sur RMC et BFM TV. Pour l'ancien ministre de l’Éducation nationale, qui a voté contre l'article 2, Macron a vu juste, « parce que (la mesure) n'a aucun impact concret, la question est philosophique ». « Je suis heureux qu'il ait pris cette position », commente-t-il simplement, ajoutant que « la division » que ce débat a créée à gauche comme à droite « n'est pas une posture ni une démarche impulsive ».
Sur twitter, Yann Galut un autre député socialiste «salue» la position de Macron.
A l'Assemblée mardi soir, Manuel Valls interrogé sur les propos de son ministre de l'Economie a temporisé et recadré. «Tout le gouvernement est mobilisé, chaque ministre, Emmanuel Macron parmi les autres, soutiennent cette démarche, il ne peut en être autrement», a expliqué le Premier ministre.
|
 |
|
 |
|
|