|
 |
Vendredi, 29 Janvier 2016 |
|
|
Démission de Christiane Taubira : le pesant silence de Hollande
Philippe Martinat |
Intérieur
|
A l'Elysée, la brusque démission de Christiane Taubira a surpris. En le coupant de la gauche, elle oblige le président à changer ses plans pour le prochain remaniement.
Lendemain de tempête Taubira. « C'est un morceau de gauche qui s'est détaché », soupire un proche de François Hollande. Rien ne s'est passé comme prévu. Après avoir hésité pendant un mois, la ministre de la Justice a claqué la porte du gouvernement au pire moment pour l'Elysée.
« Hollande voulait la garder, Valls devait se charger de faire passer la révision constitutionnelle le temps que l'orage passe et de préparer un vrai remaniement. Son départ rend la suite très compliquée. » Le silence du chef de l'Etat donne un signe de la « sidération » qui règne encore à l'Elysée, pour reprendre le mot d'un familier du palais.
Manuel Valls, en revanche, a profité hier de ses vœux à la presse pour assumer crânement le départ de sa garde des Sceaux. « Elle va manquer au gouvernement mais la cohérence impliquait qu'à partir du moment où il y avait des désaccords, chacun en tire les conclusions », a-t-il expliqué.
Un nouveau gouvernement mi-février
« Résister c'est partir », avait lancé Taubira avant de claquer la porte du gouvernement. Le locataire de Matignon lui a répondu sans détour : « Résister aujourd'hui, ce n'est pas proclamer, ce n'est pas faire des discours, c'est se confronter à la réalité du pays. » Pour faire bonne mesure, et montrer que c'est lui le patron, le Premier ministre a aussi donné une petite claque à son ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, sans le nommer : « Il faut mettre de côté un certain narcissisme ou égocentrisme pour travailler à l'intérêt général. »
Droit dans ses bottes, Valls n'entend pas dévier de sa ligne libérale sur l'économie — qu'il veut continuer à « déverrouiller » — et le sécuritaire : « L'année écoulée a marqué un profond basculement [...], nous sommes en paix et en même temps nous sommes en guerre. » Et d'ajouter : « Dans un tel contexte, c'est l'avenir de la France qui me préoccupe, pas l'avenir de la gauche. » La formule est on ne peut plus claire.
A l'Elysée, François Hollande sait qu'il ne pourra pas rester longtemps l'arme au pied. Le calendrier du renouvellement des membres du Conseil constitutionnel, et la nomination attendue de Laurent Fabius à sa présidence, lui impose de remanier à nouveau autour de la mi-février. « Il va devoir abattre son jeu, juge un de ses amis : s'il se contente d'un changement a minima, il s'affaiblit pour 2017. » Après le départ de l'« icône » Taubira, Hollande est dans l'impossibilité d'élargir son équipe ministérielle vers la gauche et les écologistes. Il cherche donc un autre moyen de frapper l'opinion, tout en tenant en respect son Premier ministre. Par exemple en installant Macron à la tête d'un grand ministère de l'Economie à Bercy.
|
 |
|
 |
|
|