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Éducation nationale : le mammouth s’ébroue
La question du collège revient sur la place législative.
Depuis le départ de Geneviève Fioraso, Najat Vallaud-Belkacem a repris la charge de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein de l’Éducation nationale. Déjà à la proue du cargo d’État, le ministre prend encore plus de poids dans le gouvernement, autant par le budget – près de 90 milliards d’euros en 2015, soit 25 % du total – que par le nombre de fonctionnaires qui dépassent largement le million. Ce chiffre classe son ministère champion toutes catégories pour le nombre d’employés, très loin devant la première entreprise privée de grande distribution qui en compte moins de la moitié. Mais si le « chiffre d’affaires » est volumineux, le retour sur investissement est beaucoup plus compliqué à élaborer.
Désormais, les activités de ce néo-mammouth à tête gracieuse couvrent le cursus éducatif complet. En termes simples et raccourcis, elles fabriquent un produit post-ado fini à partir du petit brut sorti des couches-culottes. Le contrôle qualité, référence obligée pour la satisfaction pérenne des clients, reste interne à la gigantesque organisation, ce qui demeure un handicap sérieux face à la concurrence extérieure. La norme ISO 9000 – qui assure que le service proposé répond aux besoins des clients – n’a pas droit de cité dans cette entreprise. Et pour tout dire, seuls les syndicats ont vraiment qualité pour proposer ou valider des normes de production, après, bien entendu, celles régulant les conditions de travail et de mutations.
Dans ce gigantesque labyrinthe éducatif, la question du collège revient sur la place législative, avec des réformes façon Macron – légères et dispersées – dont la plus importante fait surgir un nouveau sigle : EPI , pour « enseignements pratiques interdisciplinaires ». Objectif de cette innovation : « dans le cadre d’un projet à thème, permettre aux élèves d’acquérir, de mobiliser et de développer des savoirs et des compétences issus de différentes disciplines. Dit autrement, de faire en même temps des maths et du français, de l’histoire et des sciences, ou bien encore de l’anglais et de la physique. » Exemple “What is the speed of the light?” Les lumières de nos collèges pourront répondre en anglais ou bien en verlan !
Ces nouvelles approches pédagogiques qui vont nécessiter des travaux transdisciplinaires aussi bien en préparation qu’en pratique devant les élèves doivent se faire à bilans horaires nuls. Pas sûr que la réponse syndicale qui doit mûrir quelques semaines soit positive. Surtout si l’on rajoute les heures d’accompagnement personnalisé prévues dans cette réforme, mais incluses dans les heures normales d’activité. Aux dépens des meilleurs de la classe ?
Le collège unique, cette grande avancée sociale qui date de 40 ans et voulait démocratiser l’accès à l’éducation, a rempli son rôle au-delà des espérances en ramenant le niveau général au plus petit dénominateur commun, le plus accessible à tous. Le fiasco, dénoncé ici et là avec plus ou moins de véhémence selon les intervenants, risque bien de se prolonger.
Le classement de la France dans le programme international PISA (acronyme pour Program for International Student Assessment que l’on devrait expliciter dans l’interdiscipline anglo-mathématique) risque bien de rester planté au-delà des 20 premières places, là où il se situe actuellement. Jusqu’à un prochain ministre ?
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