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Départementales: jusqu'où progressera le FN dans l'Aisne?
L'entrée du FN au conseil départemental de l'Aisne paraît assurée avec l'élection quasi certaine du maire de Villers-Cotterêts: pour le reste, le scrutin recèle trop d'inconnues pour pronostiquer l'ampleur de la progression attendue des frontistes les 22 et 29 mars.
Aux européennes, les électeurs de l'Aisne ont donné 40% de leurs suffrages au FN. Pour ces départementales, certains croient possible une victoire du FN alors que d'autres le voient à un niveau élevé mais ne gagnant au bout du compte que quelques-uns des 21 cantons en jeu.
"S'il y a un département où le FN peut obtenir la majorité relative, c'est l'Aisne", estime ainsi Patrick Lehingue, professeur de Sciences politiques à l'université d'Amiens. L'actuel conseil (à 42 cantons) comprend 16 PS, cinq communistes, huit UMP, 12 divers droite et un sans étiquette.
Même si Matignon se défend de toute arrière-pensée électorale, la visite exceptionnelle vendredi à Laon du Premier ministre Manuel Valls pour présider un comité interministériel sur la ruralité, tombe à pic pour un PS menacé dans la domination qu'il exerce sur l'Aisne depuis 1998.
Ce département rural, qui s'estime négligé par Paris et même Amiens, au chômage record -14%- et à la démographie stagnante -autour de 500.000 habitants depuis un siècle-, est un cas d'école.
"Le taux de RSA est l'un des plus importants, le niveau d'éducation l'un des plus faibles", note M. Lehingue.
Le département souffre d'un manque d'homogénéité, des franges périurbaines du grand Paris, autour de Château-Thierry, au sud, à La Thiérache, terre d'élevage particulièrement pauvre, à la frontière belge au nord, en passant par la grande agriculture du Laonnois et du Soissonnais.
Sa plus grosse agglomération, Saint-Quentin, --65.000 habitants-- est frappée de plein fouet par la désindustrialisation, comme le reste du département.
Outre ce caractère très hétérogène des cantons, leur redécoupage qui empêche toute comparaison suffirait à rendre les pronostics plus qu'hasardeux.
- Peu de triangulaires attendues -
Le chef de file du FN local, Franck Briffaut, élu maire de Villers-Cotterêts en mars 2014, et candidat aux départementales donné favori dans son canton, le plus peuplé, se garde de tout triomphalisme. Une attitude qui n'est pas seulement de pure tactique.
"Je me garde de faire des pronostics. J'ai appris à être prudent", assure-t-il, ajoutant: "J'envisage une victoire mais je n'écarte aucun scénario".
La raison en est simple: "Pour moi, il n'y aura pas tant de triangulaires que ça, à cause de l'abstention". Il faudra franchir la barre des 12,5% du corps électoral pour se maintenir au second tour, rappelle l'ancien sous-officier de parachutistes, membre du comité central du FN.
Il est rejoint sur ce point par le vice-président communiste du conseil départemental, Jean-Luc Lanouilh, qui dénonce "le cinéma médiatique" consistant à "décalquer les européennes" pour finir par "surestimer les chances de victoire du FN".
Comme son adversaire frontiste, il "ne pense pas" non plus "qu'il y aura beaucoup de triangulaires". Il s'attend au second tour à "des face-à-face, où le FN sera présent dans les trois quarts des cantons".
Il ne dit cependant pas si cela devrait profiter à la droite ou à la gauche.
Le sénateur Yves Daudigny, président du conseil général depuis 14 ans, est plus affirmatif. S'il reconnaît la forte probabilité de l'élection de M. Briffaut, il ne voit pas le FN gagner un seul autre canton.
Le président sortant du groupe UMP, Hervé Muzart, est un peu plus généreux: il concède que le FN pourrait aussi l'emporter dans deux autres cantons, dont l'un devait être visité ce vendredi par M. Valls après l'étape de Laon.
Le sénateur Daudigny, qui mène une campagne de terrain intensive, résume: "Je n'ai aucune certitude du résultat. Je ne me place pas dans la position de quelqu'un qui va être défait. Sur la base de mon nouveau canton, il y avait 45% de voix FN. Je ne pars pas battu pour autant. De même à l'échelle du département".
Afp via nouvel obs :: lien |
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