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Estrosi : "Le FN n'aura pas un seul président de conseil général"
Jérôme Cordelier |
Intérieur
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Président de la commission nationale d'investiture de l'UMP, le député et maire de Nice prédit "un profond décalage entre les sondages et les votes".
Le Point.fr. Avez-vous vous aussi, à l'instar de Manuel Valls, peur du Front national ?
Christian Estrosi. Je trouve extraordinaire qu'un chef de gouvernement affirme publiquement qu'il a la pétoche. Le plus magnifique dans la politique, c'est de convaincre, pas d'avoir peur. Une élection se joue sur ce terrain-là. Les électeurs n'appartiennent à personne. Nicolas Sarkozy a été élu par des citoyens qui, après, ont élu François Hollande.
Craignez-vous une montée du FN aux départementales ?
Je suis assez serein. Je fais le pari que je réaliserai le grand chelem sur Nice : nos candidats gagneront sur les neuf cantons que compte la ville. Car nous avons fait une campagne municipale. J'ai présenté 18 adjoints et conseillers municipaux, en poussant une nouvelle génération pour donner des visages neufs à la politique. Tous ont mené campagne en disant : "Votez pour nous, c'est voter Estrosi !"
Vous êtes aussi serein sur le score du FN à l'échelle nationale ?
Oui. J'ai fait beaucoup de réunions en dehors de Nice, à Carpentras, Strasbourg, Montpellier. Et je suis surpris par la mobilisation, je vous assure. L'élection approchant, les candidats locaux avançant en campagne un peu partout, les électeurs progressent dans leur réflexion. Et entre un candidat FN qui profère des injures et des insanités et leur adjoint au maire, leur vétérinaire, il n'y a pas photo. Je vous prédis un profond décalage entre les sondages et les votes. L'UMP va gagner de 23 à 30 exécutifs en plus de ceux que nous avons déjà. Le Front national n'aura pas un président de conseil général.
Comment pouvez-vous être aussi affirmatif ?
Parce que nos candidats sont bons. Dans le Doubs, ce n'est pas l'UMP qui a perdu, mais un mauvais candidat : il n'était pas à la hauteur, il n'était pas proche des électeurs, il n'avait aucune envergure. Aux départementales, l'avantage, c'est que les candidats sont sélectionnés par des comités départementaux. Lesquels choisissent des personnes très identifiées sur un territoire. Au moment de glisser son bulletin dans l'urne, l'électeur optera pour celui qui sera en mesure de sauver son hôpital rural, son école, sa trésorerie, pas pour celui qui n'a aucune influence parce qu'il n'appartient pas à une majorité d'intérêt local.
Manuel Valls n'a-t-il pas raison de dramatiser les enjeux pour mobiliser les abstentionnistes ?
Manuel Valls sait qu'il est détesté, et donc que ceux qui le détestent vont se reporter sur les candidats d'extrême droite. Toute la stratégie de la gauche est de faire monter le Front national. La gauche croit nous empêcher en désignant elle-même son adversaire. Mais le PS va se trouver exclu de plus de la moitié des seconds tours. Ceux-ci opposeront, donc, les candidats UMP à ceux du FN. Ce qui nous procurera des victoires considérables.
Comment parvenez-vous à cette analyse ?
Ce ne sont pas sur les thèmes régaliens - l'immigration, l'insécurité... - que progresse le FN, mais sur les carences des politiques sociales. Je suis certain qu'une grande partie de la montée du FN est liée à une perte de la cohésion sociale du pays, conséquence des choix du gouvernement. Les socialistes n'ont plus rien de sociaux.
Quels scores pronostiquez-vous pour le FN sur votre territoire ?
Cela dépend des cantons. En moyenne, je table sur des premiers tours entre 35 et 43 % pour nous ; et 28 à 35 % pour le FN. À l'échelle régionale, je suis plus inquiet. Je crains que quelques cantons dans le Var, les Bouches-du-Rhône, et plus encore dans le Vaucluse, tombent entre les mains frontistes. Dans l'ensemble du pays, sur le FN, une espèce d'auto-intoxication est à l'oeuvre. C'est un effet du drame des appareils politiques qui ne sont pas décentralisés et vivent en vase clos à Paris.
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