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Le prochain défilé du 14 juillet dans le viseur de l'extrême droite
Alexandre Sulzer |
Intérieur
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Alors que Louis Aliot et Gilbert Collard dénoncent la présence éventuelle de soldats algériens, des appels à perturber la parade et à cibler François Hollande se multiplient.
Tirs croisés sur le 14 juillet. Plusieurs organisations ou figures de l'extrême droite ont le défilé militaire de la prochaine fête nationale dans le collimateur. Vice-président du FN, Louis Aliot a ainsi lancé le 13 juin dernier, avec le député Gilbert Collard et Mohamed Bellebou, président de l'association France-Harkis, une pétition contre "le défilé des troupes algériennes à Paris". Ils revendiquent près de 15.000 signatures.
Le bureau du gouverneur militaire de Paris précise que 80 nations ayant participé à la Première guerre mondiale ont été invitées par le président de la République à prendre part au 14 juillet. En fait de défilé, chaque pays participant n'enverra en réalité que trois soldats pour une garde au drapeau sur la place de la Concorde. Parmi les nations invitées, l'Algérie n'a toujours pas confirmé sa présence. "C'est compliqué, c'en est au stade des discussions diplomatiques." Car, côté algérien, la participation fait elle aussi polémique chez les anciens combattants de la guerre d'indépendance.
"Coordonner les actions à venir" pour Louis Aliot
Même si le dispositif prévu est donc loin de constituer un "défilé des troupes algériennes à Paris", Louis Aliot campe sur ses positions. "Le symbole du drapeau du FLN à Paris, c'est non", dit-il en référence au drapeau algérien. "Plus de deux millions de harkis attendent des excuses de l'Algérie. Tant qu'il n'y aura pas de volonté commune entre l'Algérie et la France de reconnaissance réciproque de ce qui s'est passé, c'est non." Pourtant, l'objet de l'invitation est de célébrer les anciens combattants algériens de la guerre 14-18, sans rapport avec la guerre d'Algérie. "En 14-18, ils étaient français, répond Louis Aliot. Et l'armée d'Afrique était composée à égalité d'européens et de musulmans..." Le vice-président du FN se réunira la semaine prochaine avec des associations de harkis et Gilbert Collard "pour coordonner les actions à venir". Il enverra également un courrier à l'ensemble des parlementaires français.
Dieudonné à l'affût
Alors que le 14 juillet 2013 avait déjà été émaillé d'incidents - des militants anti-mariage pour tous ayant hué copieusement François Hollande - c'est Dieudonné qui s'invite à la fête cette année. Dans une vidéo mise en ligne, l'ancien humoriste appelle ses fans à s'organiser "par petits groupes de 4, 5, 6, 7" pour "glisser des quenelles sur le trajet". Et adresser donc aux autorités ce geste qui se veut "antisystème". Le militant, condamné de nombreuses fois pour propos antisémites, enjoint également ses partisans à entonner un "hymne à la quenelle", chant grossier de ralliement, sur l'air du chant des partisans, de la sphère dieudonesque, lors du passage du convoi du président de la République.
"Hollande sera sifflé"
C'est aussi le chef de l'Etat que vise David van Hemelryck, animateur du mouvement "Hollande démission" qui avait déjà distribué 150 sifflets l'année dernière avant d'être placé en garde à vue le 11 novembre pour avoir encore perturbé les commémorations de l'Armistice de 1918. Sur son site internet, il appelle à une "journée de la démocratie" lors d'une manifestation l'après-midi du 14 juillet au Trocadéro. "On invite tous les citoyens à participer également au défilé [sur les Champs-Elysées]. On sait d'avance que s'il ose se présenter aux Français, Hollande sera sifflé." Mais "pas besoin d'être aussi explicite" sur son site internet, confie-t-il, en référence à la crainte d'être l'objet de "répression". "On est un peu réticent à publier l'ensemble de nos actions", glisse-t-il, laissant entendre que d'autres actes militants sont envisagés.
S'il ne se dit pas lié à la pétition de Louis Aliot, il assure avoir "peur que Hollande ait choisi ce genre de provocations [l'invitation de soldats algériens] pour détourner l'attention de sa propre impopularité". Quant à l'invitation de Dieudonné, il en a aussi connaissance. "L'ensemble de ces initiatives, pas coordonnées, montrent que le système est à bout", se réjouit-il.
Contactée par L'Express, la préfecture de police de Paris n'a pas souhaité parler du dispositif de sécurité envisagé. |
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