
Comment le président du Medef va-t-il accueillir Manuel Valls à l'université d'été de l'organisation patronale ? La question fait l'objet de débats animés au sein du patronat, alors que le premier ministre doit ouvrir ce traditionnel grand raout des patrons, organisé les 27 et 28 août à Jouy-en-Josas (Yvelines). « Nous présenterons à notre université d'été une douzaine de mesures turbo pour générer de l'emploi rapidement », avait promis Pierre Gattaz dans un entretien au Figaro, le 21 juillet.
Selon un document de travail que s'est procuré Le Monde, et qui devait être publié à l'occasion de l'université d'été, le président du Medef liste ainsi « 10 leviers pour l'emploi, simples à prendre, pour stopper la dégradation ». Au menu, des doléances récurrentes du patronat, comme la libéralisation de l'ouverture des commerces le soir et le dimanche, le « lissage » des seuils sociaux, la suppression de la taxe sur les transactions financières, la création d'un contrat « zéro charges » apprentis ou la suppression de « toutes les fiscalités pesant sur les outils de production » industriels.
TEXTE REPOUSSÉ À SEPTEMBRE
Si M. Gattaz n'allait pas jusqu'à remettre sur la table le sujet d'un smic réduit pour les chômeurs de longue durée ou demander un allègement des 35 heures, sa liste de revendications aurait suffi à donner l'image d'un patronat jamais content de rien. Un message potentiellement inaudible pour l'opinion, alors que les entreprises vont progressivement obtenir 40 milliards de baisses de charges et d'impôts. De quoi également fâcher le gouvernement qui éprouve déjà des difficultés à convaincre sa base de l'utilité du pacte de responsabilité.
L'entourage de Pierre Gattaz fait ainsi savoir que ce document, qui avait déjà été repoussé à fin août pour ne pas gâcher la conférence sociale des 7 et 8 juillet, devrait être à nouveau ajourné. « Nous allons le retravailler pour présenter une autre version en septembre. L'idée est d'être plus positif lors de l'université d'été », assure ainsi un proche du président du Medef. « Il y a eu le chiffre de la croissance entretemps», justifie-t-il pour expliquer ce nouveau report.
Il faut dire que M. Gattaz avait déjà profondément irrité François Hollande en déclarant en juillet que la situation économique du pays était « catastrophique ». « Il y a un problème de langage, ce langage-là doit changer. A un moment, il faut que le patronat pense à ses propres intérêts et qu'il y ait la confiance [dans l'économie] », lui avait rétorqué le chef de l'Etat. M. Gattaz a visiblement retenu la leçon.