Le parti est divisé depuis la décision de ne pas participer au gouvernement Valls et cherche sa place.

"Qu'attend-on des écologistes ?" Au deuxième jour de leur université d'été, les membres d'EELV s'interrogent sur leur place au sein de la majorité, alors que le parti reste divisé sur son départ du gouvernement depuis l'arrivée de Manuel Valls. Le parti est divisé depuis la décision de ne pas participer au gouvernement Valls et cherche sa place au sein de la majorité. "Il ne faut pas être rétréci sur soi-même, avoir un mouvement de repli", assure Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts (EELV). Pour la patronne des écologistes, il faut que ceux-ci "agissent, soient présents, aient des choses à proposer très concrètes, pas seulement des théories ou des alertes". Une allusion à peine voilée aux bisbilles qui animent son parti depuis la sortie du gouvernement.
EELV, qui fête aussi les quarante ans de l'écologie politique, doit aujourd'hui se trouver une place sur l'échiquier politique. Membres "critiques" de la majorité, ils comptent deux groupes parlementaires qui devront se positionner vis-à-vis d'un gouvernement auquel ils ne participent plus lors du vote du budget. Alors que l'ancienne ministre Cécile Duflot sort un livre sur son expérience en tant que ministre pendant deux ans très critique envers l'exécutif, plusieurs cadres - dont les présidents de groupes parlementaires Jean-Vincent Placé (Sénat) et François de Rugy (Assemblée nationale) - signent une diatribe contre la non-participation gouvernementale. En troisième voie, l'ancienne candidate EELV à la présidentielle Eva Joly propose, dans une tribune publiée vendredi dans Libération, une primaire pour 2017 regroupant "Nouvelle donne, EELV, Front de gauche, socialistes non orthodoxes [comprendre non-hollandais]".
"Phase post-adolescence"
Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste français (PCF) également présent à Bordeaux, "espère que ceux qui ne se reconnaissent pas dans la politique de [Manuel] Valls, qui s'y opposent clairement comme Cécile Duflot, passeront du constat à l'action". Quant à ceux qui, comme Jean-Vincent Placé, prônent une ouverture, y compris vers le centre, le seul conseiller municipal d'opposition communiste palois [Olivier Dartigolles, NDLR] les "invite à passer quinze jours à Pau pour voir ce qu'est une majorité MoDem". "Les partis politiques ne parlent plus à la société, il est grand temps de reparler à la société", déplore l'eurodéputée EELV Karima Delli.
"La vie de notre mouvement ne se résume pas à un tandem Duflot-Placé", ajoute-t-elle. "La primaire de 2017 n'est pas la préoccupation des citoyens, ça n'intéresse que quarante péquenots des partis politiques." Marie-Christine Blandin, sénatrice et figure écologiste, a quitté EELV cet été, un parti dans lequel elle "ne [se] retrouve plus". "Je ne me retrouve plus dans un parti écolo qui oublie souvent faune, flore et écosystèmes, et qui a remplacé les souvenirs des sit-in par les applaudissements aux opérations militaires, et la convivialité par un antiparlementarisme montant", assurait alors celle qui reprochait aussi "les postures" et les "invectives".
Pour l'ancien député Yves Cochet, les écologistes sont "encore à la phase post-adolescence". "Il y a chez les citoyens un petit changement culturel. Ils se disent que l'écologie, c'est important. Mais il y a une immense contradiction dans leur tête. Ils se disent : l'écologie oui, les écologistes non." "On ne nous fait pas confiance pour gérer de grandes villes ou un gouvernement", constate-t-il. Quant aux deux anciens ministres, Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement), ils ont pris le contrepied des discussions internes en lançant vendredi un club politique ouvert sur la politique au niveau européen entre Paris, Bruxelles et Berlin, baptisé Imagine.