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Européennes : la guerre des chefs et l'affaire Copé gâchent le meeting de l'UMP
Les ténors du parti étaient là. Mais la présence de François Fillon aux côtés de Jean-François Copé n'a pas convaincu les militants présents au meeting de l'UMP à Paris qui disent "sentir passer" les révélations sur Bygmalion.
Il est 18 heures. Dans un coin de la salle parisienne où se tiendra dans quelques minutes le meeting de l’UMP pour les européennes, mercredi 21 mai, Michèle Tabarot, une copéiste de longue date, est en difficulté. A peine a-t-elle fini de parler avec un journaliste qu’une militante l’assaille : "Ils sont là ce soir, les fillonistes ? Il va falloir que vous vous expliquiez avec eux, là !" La militante fait référence à l'affaire Bygmalion, qui empoisonne les partisans de Jean-François Copé depuis les révélations du Point et celles, plus récentes, de Libération.
Cela n'empêche pas le président de l'UMP, visé dans cette affaire, de faire une entrée triomphale. Les huit têtes de liste du parti aux européennes le suivent. C’est déjà l’apothéose du meeting : les discours, ensuite, n’enflammeront pas la foule. Même si chaque candidat aura droit à son quart d’heure de gloire. Michèle Alliot-Marie récolte plus d’applaudissements quand elle mime "François Hollande avec ses petits poings" que lorsqu'elle évoque son "Europe de la Défense". Seul Raffarin aura assez d’énergie pour secouer la foule : "On ne doit pas avoir peur du monde ! Ceux qui ont peur de l’Europe, c’est qu’ils n’ont pas confiance dans les capacités de la France !"
"On ne peut plus mentionner l'affaire Cahuzac"
En marge des discours, la présence conjointe de Jean-François Copé et François Fillon ne convainc pas. "Vous n’êtes pas dupes non plus", lance un filloniste. La guerre des chefs mine toujours le parti. Tout autant que l’affaire Bygmalion, que les militants "sentent passer". Ils ont reçu des cartes d’adhérent par la poste d’encartés outrés par l’affaire des fausses factures. "On ne peut plus mentionner l’affaire Cahuzac sans qu’on nous ramène à Bygmalion", soupire une partisane.
Alors, ils attendent. La fin du chapitre européennes, et surtout, la date butoir du 26 mai, à partir de laquelle des explications sur l’affaire ont été promises en interne. Selon Copé, un bureau politique se tiendra mardi 27 mai. "Il fallait en terminer avec les européennes, d’abord. Mais là, il est temps de s’expliquer. Il ne faut surtout pas laisser pourrir tout ça", renchérit le militant d’une voix fatiguée. "Après, ça dépend aussi du résultat des élections européennes. Si Copé sauve les meubles, il peut s’en tirer. Par contre, si le Front national passe, il y aura des règlements de compte dans le parti, c’est sûr", prévient-il.
"S'il est en tort, Copé devra démissionner"
Dans la salle, beaucoup sont venus assister ce soir au rassemblement des ténors de leur parti, et ils n’ont pas envie de gâcher la fête en parlant de Bygmalion. "C’était très beau, un beau rassemblement d’unité", estime Christian, imposant militant ému par le rassemblement. "Très uni, très bien", renchérit sa femme, petite souris cachée derrière son colosse de mari. Même son de cloche chez Arup, un sympathisant qui dit ne s’occuper que "de l’unité du parti, pas de tout le reste" en faisant de grands gestes pour mimer des bas-fonds pas très propres.
"Il faut des explications", concède tout de même Berthye, une Guyannaise en tailleur beige venue "pour entendre parler d’Europe". "Monsieur Copé fournira les explications nécessaires, et s’il est en tort, il devra démissionner", veut-elle croire. "Copé ? Ah non, pas lui, c‘est mon préféré", confie tout bas Christian Pironet, qui repart avec sa femme avant la Marseillaise parce qu’ils viennent de loin. "Vous savez, nous, entre militants, on n’en parle pas trop", ajoute-t-il. "Tous unis, tous unis", gazouille sa femme en le tirant par la manche pour rentrer. Sur la scène, François Fillon aussi s’est éclipsé plus tôt que prévu.
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