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Menacé d'une nouvelle sanction électorale, le PS limite ses ambitions
Elsa Freyssenet |
Intérieur
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Le Parti socialiste se donne pour objectif d'obtenir 14 élus, comme en 2009, année où il avait réalisé une contre-performance.
Les socialistes français seront-ils tenus pour responsables d'une éventuelle défaite du PSE au Parlement européen ? C'est en ces termes que la Rue de Solferino aimerait cadrer les interprétations du scrutin de dimanche. S'attendant à un nouveau vote sanction à dimension nationale, après celui des municipales de mars, le PS a strictement limité ses ambitions. « Il faut que la gauche gagne en Europe. Mon objectif n'est ni l'ordre d'arrivée en France ni notre score mais notre nombre de députés », souligne le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, qui dit n'avoir qu'un but : « Retrouver nos 14 élus de 2009. » Il y a cinq ans, le PS avait réalisé une contre-performance avec 16,5 % des voix. Les derniers sondages ne lui laissent guère espérer plus (17 % à 17,5 % selon BVA et Ipsos). Et lui font surtout entrevoir - depuis plusieurs mois maintenant - une troisième place derrière le FN et l'UMP.
Placer le débat sur le score de la gauche en Europe n'est bien sûr pas totalement artificiel quand on sait que les parlementaires européens entendent désormais choisir le président de la Commission. Que le social-démocrate allemand Martin Schulz soit vaincu à cause d'un piètre résultat français, et la crédibilité du PS auprès de ses partenaires sera durement atteinte. Présenter ainsi l'enjeu du vote, c'est aussi une manière de suggérer un vote utile à gauche. Et de banaliser par avance les conséquences, pour l'exécutif, d'une troisième position. « Ne vous trompez pas de colère, l'enjeu, c'est Bruxelles pas Paris », martèlent les candidats socialistes.
Montée du scepticisme
Cette stratégie a ses limites. Instruits par la déroute des municipales, les dirigeants socialistes ont jugé vain de vouloir limiter le vote sanction par la discrétion. Au rythme d'un par jour, il ont concentré tous les meetings nationaux sur les deux dernières semaines et « vendu » le retour de Jean-Marc Ayrault dans l'Ouest, la double affiche Manuel Valls-Martine Aubry à Lille... Le Premier ministre sera intervenu à quatre reprises dans la campagne et aura annoncé une baisse d'impôt plus ambitieuse que prévu pour les ménages modestes. Car au lendemain du scrutin, tout le monde scrutera aussi si la « méthode Valls » aura eu un effet électoral. François Hollande s'est également rappelé au souvenir des électeurs via une tribune au « Monde » intitulée « L'Europe que je veux ».
S'agissant de la ligne politique, les socialistes ont été contraints au grand écart entre leur foi en la construction européenne et la montée du scepticisme à l'égard de l'Europe chez les Français. Dans la foulée de la présidentielle de 2012, ils ont encore plaidé pour « réorienter l'Europe » grâce à l'instauration d'un SMIC européen et d'une politique plus favorable à la croissance. Le gouvernement s'est mis à critiquer le niveau trop élevé de l'euro. Mais ces plaidoyers et réquisitoires se sont heurtés à la politique hexagonale : pas facile de critiquer l'austérité juste après avoir fait voter au Parlement 50 milliards d'économies ; mal aisé de convaincre de son volontarisme pour la réorientation de l'Europe après avoir accepté le traité budgétaire européen. A gauche, les concurrents du PS se chargent de le rappeler. Le Front de gauche et les écologistes ont aussi lancé une offensive contre le traité de libre- échange transatlantique, négocié avec l'accord du président. Afin d'éviter un débat empoisonné, les députés PS s'apprêtent à voter jeudi une résolution - d'origine communiste mais amendée - sur le sujet.
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